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Florian Philippot à Schengen

Asselborn dénonce un «acte provocateur et cynique» du FN

Le vice-président du Front national, Florian Philippot, s’est rendu samedi à Schengen pour y déposer une gerbe à la mémoire de la libre circulation et pour célébrer le «retour des frontières nationales» au sein de l'Union européenne. Jean Asselborn a dénoncé une opération de com' qui a compté quelques salves antiluxembourgeoises.

Floran Philippot à droite, Fabien Engelmann, maire FN de Hayange à gauche, à la frontière franco-luxembourgeoise

Floran Philippot à droite, Fabien Engelmann, maire FN de Hayange à gauche, à la frontière franco-luxembourgeoise © PHOTO: AFP

(DN) - Le vice-président du Front national, Florian Philippot, s’est rendu samedi à Schengen pour y déposer une gerbe à la mémoire de la libre circulation et pour célébrer le « retour des frontières nationales » au sein de l'Union européenne. Jean Asselborn a dénoncé une opération de com' qui a compté quelques salves antiluxembourgeoises.

Le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères a condamné l'« acte provocateur et cynique » du Front national, rappelant que les accords de Schengen « font aujourd’hui partie intégrante de notre vie quotidienne et il est impensable que les facilités dont bénéficient des centaines de milliers de voyageurs et frontaliers en Europe soient remises en question par des pensées et actes politiques nationalistes et réactionnaires ».

M. Asselborn, qui était vendredi à Ankara pour aborder la question de la crise migratoire actuelle, juge de même que les difficultés et défis qui en résultent « ne peuvent être résolus par la fermeture des frontières et un retour aux réflexes irréfléchis : aucun pays en Europe n’est capable d’affronter seul la crise et la solution doit être européenne ».

Robert Goebbels : « Je lui ai dit qu'il abusait de la libre circulation »

Le traité de Schengen est l'une des cibles privilégiées du Front national. L'eurodéputé luxembourgeois Robert Goebbels avait signé, en juin 1985, cet accord, dont les trente ans ont été célébrés cette année. Il avait ouvert la voie à la suppression, en 1995, des contrôles aux frontières entre la Belgique, l'Allemagne, l'Espagne, la France, le Luxembourg, les Pays-Bas et le Portugal. L'espace Schengen compte aujourd'hui 22 membres de l'UE, ainsi que quatre non-membres.

M. Goebbels a saisi la balle au bond : « Je n'avais rien préparé, c'était plutôt spontané mais j'en ai profité pour lui dire qu'il abusait de la liberté de circulation en posant le pied à Schengen », a-t-il indiqué, questionnant le vice-président du FN : « Vous allez rétablir des contrôles pour les frontaliers matin et soir ? Et les 85 millions de touristes qui viennent en France, vous voulez les bloquer aux frontières ? » Mais, de l'aveu même de M. Goebbels, « ce fut un dialogue de sourds ». Sur le compte Twitter de M. Philippot, pour toute réponse, des blagues nauséabondes liées au nom de M. Goebbels ont commencé à circuler.

Robert Goebbels a en revanche salué l'action du bourgmestre de Schengen, Ben Homan, venu accompagné d'une soixantaine de citoyens pro-Schengen et qui ont laissé à la petite troupe frontiste « trois minutes pour faire son cinéma », sous les huées, avant de « nettoyer la place », ce qui fut fait dès que M. Philippot, entouré de ses gardes du corps, déserta les lieux.

Salve antiluxembourgeoise

Mais le FN n'en est pas resté là : suite au communiqué de M. Asselborn en début d'après-midi, le directeur de cabinet de M. Philippot, Joffrey Bollée, a considéré que « le Luxembourg veut imposer les migrants à toute l'Europe ». Un tweet immédiatement repris par plusieurs sympathisants et membres du parti d'extrême droite, parmi lesquels Françoise Grolet, conseiller régional de Lorraine et présidente du groupe FN au conseil municipal de Metz. Cette dernière n'a pas hésité à associer le Qatar au Luxembourg dans leur volonté de « museler l'expression de l'élu du peuple français ».

À la fin d'une semaine où plusieurs pays européens, parmi lesquels Allemagne, Autriche, Hongrie, Slovaquie ou République tchèque ont provisoirement rétabli les contrôles à leurs frontières, Jean Asselborn considère que « la réintroduction de contrôles aux frontières communes entre certains pays ne peut être que ponctuelle et temporaire ».

Réclamé par l'Allemagne, un sommet extraordinaire de l'Union européenne sur les réfugiés sera organisé le 23 septembre à Bruxelles afin de faire face à la crise migratoire, au lendemain d'un conseil extraordinaire des ministres de l'Intérieur sur le même sujet.

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