Asselborn lutte pour garder un bout d'Europe
Le ministre des Affaires étrangères entend non seulement conserver la Chafea sur le sol luxembourgeois, mais aussi renforcer sa présence. Car les enjeux du départ annoncé de cette dernière vont au-delà du simple déménagement vers Bruxelles.
Jean Asselborn ne veut pas d'un départ et entend à l'inverse consolider la place de la Chafea sur le territoire. © PHOTO: Guy Jallay
Le départ de la Chafea (Agence exécutive pour les consommateurs, la santé, l’agriculture et l’alimentation) continue de soulever des interrogations. En effet, davantage que le simple déménagement de cette structure européenne, la décision de Bruxelles soulève la crainte d'une désaffection du Luxembourg au profit de la capitale belge. Si l'annonce de ce départ n'avait d'ailleurs pas manqué de faire réagir Jean Asselborn (LSAP) fin mai, trois semaines plus tard, le ministre des Affaires étrangères se veut désormais rassurant.
Un revirement de situation qui intervient à la suite d'échanges entre le ministre et la Commission européenne. Cette dernière aurait en effet «confirmé sa volonté de mettre pleinement en œuvre les engagements pris dans le cadre de l'accord Asselborn-Georgieva de 2015», affirme Jean Asselborn dans une réponse parlementaire. Autrement dit, l'Union européenne entend à la fois «pérenniser et renforcer» sa présence au Grand-Duché, et notamment pour ce qui est de ses «pôles juridique, financier et numérique».
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Si Luxembourg-ville devrait donc conserver son titre de «capitale de l'Union européenne», reste que l'inquiétude perdure quant au sort des employés de la Chafea. Car, parmi les quelque 80 salariés, «tous ne sont pas fonctionnaires européens», souligne le député Marc Baum (Déi Lénk). Autrement dit, tous ne bénéficient pas des mêmes protections. Mais face à cette problématique, le gouvernement apparaît bien impuissant.
Et pour cause : le Luxembourg n'a tout simplement pas son mot à dire. Le pays ne fait en effet «pas partie prenante du dialogue social entre la Commission européenne et les salariés de la Chafea», note Jean Asselborn. En d'autres termes, le gouvernement «ne saurait se prononcer concernant un éventuel plan de sauvegarde de l'emploi» pour les fonctionnaires et agents.
Verdict attendu fin 2020
S'il ne peut agir sur cette question, le ministre entend néanmoins toujours faire infléchir la décision de Bruxelles. Le gouvernement va donc poursuivre, au cours des prochains mois, «ses efforts en vue de convaincre la Commission européenne du bien-fondé de revoir son projet de refonte».
Et plutôt qu'un départ, Jean Asselborn entend à l'inverse consolider la place de la Chafea sur le territoire. Un renforcement de l'agence au Luxembourg «où elle fonctionne bien depuis sa création il y a 15 ans». Mais avant le verdict, il faudra prendre son mal en patience : la décision définitive ne sera prise que «fin 2020». Soit quelques semaines avant la date du déménagement initialement prévu pour le mois de janvier.