Aucune brigade spéciale en vue pour le darknet
Si la cybercriminalité gagne aussi le pays, la ministre de la Justice ne peut créer une unité dédiée à la traque des auteurs d'infractions sur le web, faute d'effectifs.
Hacker in deep mind solutions to destroy web © PHOTO: Getty Images
«Un vrai fléau». L'opinion de la ministre de la Justice est sans appel quand il s'agit de qualifier la propagation de contenus pédopornographiques sur les réseaux. Mais pour autant difficile pour la seule police luxembourgeoise de mobiliser des moyens sur la recherche à travers le pays et le monde de ceux qui alimentent cette triste dérive 2.0. Sam Tanson (Déi Gréng) l'a reconnu sur ce domaine, comme sur l'investigation sur la face obscure du net (trafic d'armes, vente de stupéfiants, arnaques) : si une unité spéciale dédiée au darknet n'a pas encore été mise en oeuvre, c'est en raison «d'un manque de personnel».
Pourtant, l'idée de créer cette brigade au sein de la police judiciaire fait l'objet de discussions depuis un certain temps. Et de l'avis du député LSAP Dan Biancalana, l'initiative n'en serait que plus pertinente à l'heure où le Grand-Duché voit, notamment, se multiplier les affaires de pédopornographie. Des délits facilités par la protection et l'anonymat que peut offrir le darknet. La France a créé un service spécialisé, le bourgmestre de Dudelange aurait souhaité la même démarche au Grand-Duché. Il lui faudra visiblement patienter.
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Actuellement, la police luxembourgeoise compte environ 2.500 personnels. Cet effectif va aller crescendo dans les temps à venir. En effet, le plan de recrutement prévoit ainsi 200 nouvelles embauches par an, sur trois ans. Un souhait politique qui se heurte à une réalité de terrain : trouver les recrues est un exercice délicat.
Au micro de RTL, ce vendredi, le directeur des ressources humaines de la police le reconnaissait. Il faudra du temps pour assurer ce recrutement, et un temps de formation ensuite. De fait : d'ici la fin 2022, il n'y aura certainement pas 600 fonctionnaires de plus sur le terrain ou derrière les bureaux. L'objectif pouvant être plutôt tenu pour 2025.
Coup de filet en juillet
Reste qu'au niveau de la lutte contre la pédopornographie et les atteintes aux mineurs, ni la police, ni la justice ne restent les bras croisés. Et cela Sam Tanson le rappelle aussi dans sa réponse parlementaire. Des organismes comme au Luxembourg BeeSecure, ou à l'international Inhope, Europol ou Interpol ne manquent jamais d'envoyer directement les liens suspects au parquet général. «Lorsque ces liens contiennent du contenu CSAM (child sexual abuse material), le ministère public prend les mesures afin de supprimer les liens illicites à la source», note Sam Tanson. Et surtout des poursuites judiciaires sont lancées.
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Cela a été dernièrement le cas suite à une alerte lancée par une asbl américaine. Via Europol, les faits dénoncés par le National Center for missing and exploited children ont entraîné un vaste coup de filet dans le pays. Au total, 46 perquisitions liées à des affaires de pédopornographie ont ainsi été menées tout début juillet. Près d'un tiers des personnes visées étaient des mineurs, ont signalé les enquêteurs. Un phénomène constaté depuis quelques années, hélas.