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Bissen donne carte blanche à Google

Jeudi, le conseil communal a approuvé dans une large majorité le plan d'aménagement particulier modifié du futur datacenter. Un jalon de plus dans une saga qui dure depuis plus de trois ans déjà.

Le bourgmestre David Viaggi (Är Leit) a longuement insisté sur « l'intérêt des citoyens»

Le bourgmestre David Viaggi (Är Leit) a longuement insisté sur « l'intérêt des citoyens» © PHOTO: Gerry Huberty

(JFC, avec jt) - Initialement programmé en mars, mais reporté en raison de la crise sanitaire, le vote s'est finalement déroulé jeudi: dix des onze conseillers communaux de Bissen ont approuvé le plan d'aménagement particulier (PAP) modifié du futur datacenter de Google. Seul Christian Hoscheid (CSV) a voté contre, déplorant «un manque d’informations et de détails». «Il reste cependant encore un long chemin à parcourir avant que Google n'arrive effectivement à Bissen», a néanmoins souligné le bourgmestre David Viaggi (Är Leit). Cette décision favorable au PAP modifié ne représente en effet que la condition préalable à la procédure d'approbation proprement dite pour que le projet puisse démarrer.

Aux dires du bourgmestre, «Google et l'État nous ont tous deux accueillis, et c'est tout à fait dans l'intérêt des citoyens de Bissen». Après une digression sur le déroulement historique des procédures, David Viaggi a passé en revue la liste des objections et les solutions proposées point par point. «L'élément d'information le plus important est probablement que le centre de données sera globalement plus petit que ce qui était prévu au départ», a-t-il ainsi précisé. Une diminution de taille qui aura un effet positif sur la consommation en eau et en électricité.

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L'énorme besoin d'eau nécessaire pour refroidir l'installation numérique constitue l'un des griefs principaux. A l'origine, l'eau de refroidissement devait provenir de l'Attert, puis de l'Alzette ou d'une ligne séparée du Sebes. «Mais nous n'avons pas cautionné ces solutions», dit M. Viaggi. «Après que l'autorité de gestion de l'eau a déclaré qu'elle pouvait déterminer à tout moment la quantité d'eau que Google était autorisé à pomper, le géant de l'internet a changé d'avis. Toute l'eau nécessaire sera pompée depuis la station d'épuration de Sidero à Mersch», poursuit l'élu bissennois. D'après les contrôles, la qualité s'avère suffisante pour refroidir le centre de données.

Vu la diminution de la taille du projet, l'alimentation électrique locale se révèle également suffisante. Cela signifie qu'il n'est pas nécessaire de poser de nouvelles lignes. Selon David Viaggi, Google a également donné des garanties concernant la hauteur maximale des bâtiments, très critiquée elle aussi. Ici, la règle des 25 mètres au-dessus du point de référence de 266 mètres s'applique. Le bourgmestre a aussi précisé que Google avait commandé une étude approfondie sur les émissions sonores, assortie de conditions contraignantes.

Malgré le vote positif du conseil communal de Bissen, tout le monde n'est toujours pas convaincu par le projet de datacenter du géant américain dans la campagne grand-ducale

Malgré le vote positif du conseil communal de Bissen, tout le monde n'est toujours pas convaincu par le projet de datacenter du géant américain dans la campagne grand-ducale © PHOTO: Gerry Huberty

Enfin, cerise sur le gâteau, David Viaggi a annoncé que le gouvernement s'engage à mettre en œuvre des constructions de routes, qui permettront de fluidifier la circulation et de soulager les rues du centre du village. A l'issue de la présentation, les critiques sont venues des rangs du CSV. Le conseiller Christian Hoscheid, en particulier, n'a pas été convaincu par ces promesses. Selon lui, «des garanties écrites manqueraient» et «Google cacherait encore des détails derrière les douze maigres pages du PAP».

Pour rappel, le site de 33 hectares accolé à la zone industrielle «Klengbousbierg» avait été reclassé en «zone spéciale» en janvier de l'année dernière. Et l'évaluation environnementale stratégique réalisée lors de ce reclassement avait révélé de nombreux effets néfastes sur la faune et la flore: des biotopes détruits, des terres agricoles irrémédiablement condamnées, des sites de nidification d'oiseaux rares détruits, tout comme l'habitat des chauves-souris. C'est ainsi que deux initiatives citoyennes - Un der Atert et Pro Biissen - opposées au projet avaient vu le jour fin 2019, déposant pas moins de 150 objections en janvier dernier.

Les citoyens opposés au projet avaient affiché des calicots sur la façade de l'ancien hôtel de ville

Les citoyens opposés au projet avaient affiché des calicots sur la façade de l'ancien hôtel de ville © PHOTO: Gerry Huberty

Jeudi, elles se sont fait entendre via des calicots égrenant les principaux griefs affichés devant l'ancien hôtel de ville ainsi que dans la salle de délibération. Une protestation qui s'est cependant déroulée dans le calme et de manière bien ordonnée. Pour ces citoyens, les avantages pour Bissen ne sont pas évidents. «L'eau qui est maintenant pompée de la station d'épuration manquera au final à l'Alzette. Quelle est alors la différence?», s'interroge Denise Fischer-Thomas (Un der Atert). Daniel Hientgen (Pro Biissen) ne cachait pas non plus sa déception: «Nous nous attendions à ce résultat. Beaucoup de belles promesses ont été faites jusqu'ici, mais rien n'a été mis par écrit».

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