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Boudé par les consommateurs luxembourgeois: le concombre trinque

Cactus vend dix fois moins de concombres que d'ordinaire en cette saison. Chez Naturata, ils se vendent moins bien mais la confiance dans le bio reste entière. Enquête dans les supermarchés luxembourgeois sur les conséquences de la psychose autour de la bactérie EHEC.

Alors que Cactus vend entre 7 et 8000 concombres par jour, pas un seul n'est parti lundi!

Alors que Cactus vend entre 7 et 8000 concombres par jour, pas un seul n'est parti lundi! © PHOTO: AFP

La souche de la bactérie Escheria coli a été identifiée mais le vecteur de la contamination reste un mystère. Alors que les concombres espagnols ont été mis hors de cause mardi et que le gouvernement luxembourgeois a souligné mercredi qu'il n'y a aucune restriction de consommation pour les fruits et légumes au Luxembourg, les consommateurs boudent, à tort, les concombres.

Vendredi, Cactus en a vendu dix fois moins que d'ordinaire en cette saison! Chez Naturata, les concombres se sont aussi moins bien vendus cette semaine mais la confiance dans les légumes bio reste entière.

Les concombres espagnols incriminés il y a huit jours par l'Institut pour l'hygiène de Hambourg comme étant à l'origine de la vague d'épidémie déclenchée par la bactérie EHEC en Allemagne, n'y sont pour rien. Mais l'annonce faite par la sénatrice chargée de la Santé à Hambourg, Cornelia Prüfer-Stocks, avant le week-end passé, a pourtant fait des ravages dès le début de cette semaine sur les étals des supermarchés luxembourgeois.

Chez Cactus: «De 7.000 à 8.000 pièces vendues par jour, nous sommes passés à zéro lundi»

Le coupable désigné trop vite (les concombres ne transportaient pas la souche de bactérie EHEC identifiée comme étant à l'origine de l'épidémie) a clairement été banni du panier des ménagères dès lundi, comme le confirme Raymond Dahm, directeur de la centrale d'achat des fruits et légumes chez Cactus: «De 7.000 à 8.000 pièces vendues par jour, nous sommes passés à zéro lundi.»

Un boycott généralisé du concombre alors que Cactus se fournit principalement, pour ce qui est des fruits et légumes, aux Pays-Bas, en Belgique et en France.

Raymond Dahm explique le phénomène par le bouche-à-oreille durant le week-end sur les concombres incriminés et retient que «la population est devenue beaucoup plus sensible» suite au retrait préventif, qui s'en est suivi dans la foulée au Luxembourg, de trois sortes de tomates biologiques dans deux magasins à Luxembourg (Mullebutz) et à Junglinster (Alavita) en attendant que la source de transmission soit clairement identifiée en Allemagne.

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Chez Naturata: «Les produits bio ont été beaucoup plus soupçonnés au Luxembourg»

Si les consommateurs ont boudé les concombres, ils ont quand même «reporté leur acte d'achat sur les tomates, les salades et d'autres légumes», observe Raymond Dahm. Il connaît bien cette attitude de réticence du consommateur à l'apparition de chaque nouvelle crise alimentaire, mais note cette fois, que «les gens se sont rebiffés» y compris à l'égard de «la sécurité du biologique».

Du côté de la filière bio, la grande crainte d'Ander Schanck, responsable d'Oikopolis et de la chaîne de magasins bio Naturata puisque «les produits bio ont été beaucoup plus soupçonnés au Luxembourg. Ceci vient du fait que l'importateur allemand qui a livré les tomates retirées préventivement (dans les deux magasins) se fournit chez l'un des deux fournisseurs espagnols».

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Mais au final, les magasins bio Naturata s'en sortent bien, voire «presque mieux qu'avant».

Le concombre bio a aussi été quelque peu délaissé chez Naturata mais «nos clients ont très vite vu que nous menions une politique très transparente et que nous n'étions pas en contact avec les fournisseurs touchés», explique Ander Schanck.

Le grossiste de la filière bio luxembourgeoise y laissera toutefois quelques plumes puisque Cactus a préventivement retiré les fruits et légumes emballés par BioGros mais cultivés en Espagne. Chez Auchan il y avait certes «un petit ralentissement, ces derniers jours» dans la vente de concombres, mais les clients semblent avoir repris confiance puisqu'«ils ne posent plus trop de question», nous a-t-on simplement répondu vendredi. Chez Cactus, près de 700 concombres sont partis vendredi.

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