Bure, «une imposture»
Des questions demeurent sur le stockage des déchets radioactifs à Bure, en Meuse. L’autorité de sécurité nucléaire a rencontre une délégation luxembourgeoise et a, par ailleurs, confirmé les faiblesses de la centrale de Cattenom.
© PHOTO: Caricature: Florin Balaban
(ML – trad. DN) – A Paris, l’Assemblée nationale a approuvé jeudi 9 juillet le projet d'enfouissement des déchets radioactifs Cigeo (Centre industriel de stockage géologique) situé à Bure, à 200 kilomètres du Luxembourg, où l’inquiétude grandit. La construction du centre doit débuter en 2017 et, à une profondeur de 500 mètres, les premiers déchets nucléaires doivent y être stockés en 2025.
Le gouvernement français a accepté un amendement du sénateur mosellan Gérard Longuet (Les Républicains), entérinant ce laboratoire géré par l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), et le texte a été intégré dans la loi Macron qui a été adoptée sans vote jeudi 9 juillet par l'Assemblée.
La loi Macron est pourtant dédiée à soutenir la croissance économique et non aux politiques énergétiques ou environnementales. Les Jeunes Socialistes évoquent une imposture et se disent choqué par l’« approche perfide du gouvernement français ».
Au cours de leur dernière session parlementaire avant la pause estivale, les députés luxembourgeois ont adopté une mention qui invite le gouvernement luxembourgeois à s’associer aux partenaires de la Grande Région, de sorte que le centre de Bure soit géré en toute transparence avec les pays voisins.
Jeudi 16 juillet, une délégation luxembourgeoise, composée de quatre députés et de représentants des ministères de l’Environnement et de la Santé et de la Plateforme contre l’énergie nucléaire, a rencontré l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) à Paris.
Une décision importante à venir
L’ASN a confirmé qu’actuellement, deux systèmes pour le stockage nucléaire font l’objet de débats, selon l’eurodéputé Verts Henri Kox : soit les déchets radioactifs sont stockés de telle manière à ce qu’ils soient ensuite inaccessibles, soit on garde une option qui rend une amélioration possible. Le choix n’a pas encore été tranché, ajoute M. Kox. Dans une deuxième phase seulement, l’ASN décidera si le site est, ou non, approprié pour le stockage. Simultanément, une consultation publique sera lancée pour permettre aux citoyens d’exprimer leurs préoccupations.
Cattenom, suite mais pas fin
M. Kox se félicite des nouveaux efforts de transparence de l’ASN. Cette dernière a souligné qu’elle est toujours dans l’attente d’une décision politique quant à l’avenir nucléaire de la France. Plusieurs options sont sur la table : la prolongation de la durée d’exploitation, la construction de nouveaux réacteurs ou l’arrêt des centrales nucléaires. Mais M. Kox regrette que pour Cattenom, aucune réponse satisfaisante n’ait été apportée.
D’un point de vue technique, l’ASN assure qu’il n’y a pas de danger pour l’homme et l’environnement. Mais la centrale reste vulnérable à une attaque terroriste menée par des avions de grande capacité. De même, l’ASN ne fait pas figurer Cattenom dans la hiérarchie des systèmes les plus sûrs.
Suite aux tests de résistance, certaines modifications ont été apportées afin d’améliorer la sécurité des installations. Les piscines de refroidissement de deux réacteurs, où les combustibles en attente d’utilisation ou d’évacuation sont maintenus sous eau et refroidis en permanence, ont été mises en conformité. M. Kox se montre cependant satisfait qu’en cas de prolongation de l’exploitation de la centrale, de 40 à 60 ans, une consultation publique étendue aux trois frontières sera nécessaire.