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Conseil citoyen pour le climat

Ce que la Chambre pense de la politique participative

Pendant trois heures, les députés ont discuté des recommandations du Conseil citoyen pour le climat. Un peu de pré-campagne électorale a pimenté les débats.

Les recommandations en matière de taxe carbone ont beaucoup divisé les députés lors du débat.

Les recommandations en matière de taxe carbone ont beaucoup divisé les députés lors du débat. © PHOTO: DR

«Le Conseil citoyen pour le climat est le reflet de la société», a souligné le Premier ministre Xavier Bettel (DP) la semaine dernière dans une interview accordée au Luxemburger Wort. «Si nous ne prenons pas ses idées au sérieux, c'est que nous n'avons rien compris en tant que politiciens et que nous sommes en retard sur les attentes de la population».

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Ce mardi, le gouvernement et les députés ont donc pu expliquer à quel point ils prenaient au sérieux les recommandations du Conseil citoyen pour le climat. Et les membres de l'organe qui ont suivi le débat consultatif à la Chambre ont pu se faire une idée des recommandations qui ont des chances de se retrouver dans la nouvelle version du plan national énergie-climat. Un plan qui devrait d'ailleurs contenir une «politique climatique ambitieuse et prévisible» à partir de juillet 2024, selon la ministre de l'Environnement Joëlle Welfring (Déi Gréng).

Et ils ont pu se rendre compte si, et dans quelle mesure, leur travail de persuasion au sein des commissions parlementaires - des auditions ont eu lieu pendant deux après-midis au début du mois - avait porté ses fruits.

Après presque neuf mois de délibérations, le Conseil citoyen pour le climat a pu se mettre d'accord sur 56 propositions, réparties dans les domaines de l'agriculture, des énergies renouvelables, de la construction durable, de la gestion des déchets et de la mobilité. Une attention particulière a été accordée à l'approche transversale, notamment pour briser la pensée en silo encore ancrée dans de nombreux esprits.

Des arguments pour et contre la taxe carbone

«Le résultat est bien visible», a résumé le Premier ministre Bettel au début du débat en présentant le «catalogue impressionnant» de propositions. Il a également souligné la «démarche indépendante» du Conseil citoyen pour le climat, «sous aucune influence». Et pour cause, au cours des travaux de l'organe, des voix critiques s'étaient élevées à plusieurs reprises contre une influence politique (de parti), ce qui avait notamment conduit à des questions parlementaires sur le fonctionnement du Conseil citoyen pour le climat.

Le résultat est visible.
Xavier Bettel, Premier ministre

L'idée du Conseil citoyen pour le climat d'augmenter substantiellement la taxe CO2 à 200 euros par tonne a donné lieu à des interprétations nuancées. Ainsi, du côté du CSV, Paul Galles a plaidé pour le maintien du modèle d'augmentation progressive introduit en 2021 - 25 euros en 2022 - car il ne faut pas surcharger les gens.

Déi Gréng se voient confortés par le Conseil citoyen pour le climat dans leur idée de donner un prix au CO2 nuisible au climat; la taxe doit donc être développée de manière conséquente, selon François Benoy, avec la compensation sociale qui va avec.

Myriam Cecchetti a fait remarquer que Déi Lénk était «très critique» à l'égard de cette taxe. L'effet d'incitation n'est pas visible, ni sur le plan écologique, ni sur le plan social, a déclaré l'oratrice en faisant référence à l'écart entre les riches et les pauvres.

Pour le CSV, l'agriculture fait partie de la solution pour lutter contre le changement climatique; tandis que pour les Verts, l'agriculture et l'élevage doivent être fondamentalement transformés.

Pour le CSV, l'agriculture fait partie de la solution pour lutter contre le changement climatique; tandis que pour les Verts, l'agriculture et l'élevage doivent être fondamentalement transformés. © PHOTO: Guy Jallay

Comme les transports publics ne fonctionnent pas encore de manière optimale, surtout dans les zones rurales, les chrétiens-sociaux s'opposent également à ce que les ménages et les citoyens qui dépendent de leur voiture soient pénalisés par des taxes.

Le porte-parole du DP, Max Hahn, s'est quant à lui rangé à l'avis du Conseil citoyen pour le climat selon lequel la voiture ne doit plus être la mesure de toute chose en matière de mobilité - il faut donc promouvoir les transports publics comme alternative fiable. En ce qui concerne l'utilisation de l'automobile, Cecile Hemmen (LSAP) estime que le covoiturage et l'autopartage ont encore une marge de progression.

La croissance fait défaut

Certains intervenants - Cecile Hemmen, Paul Galles, Fred Keup - ont regretté que le document du Conseil citoyen pour le climat n'ait pas abordé la question de la croissance. Or, la croissance affecte bel et bien la situation du pays en matière de CO2, qui dépend à son tour de l'évolution de la société, a constaté Paul Galles.

Les Pirates ont considéré le rapport du Conseil citoyen pour le climat à travers le prisme de la politique partisane: son contenu est une «claque» pour le gouvernement et en particulier pour Déi Gréng, car il montre que l'on n'a pas fait assez en matière de politique climatique et environnementale, a déclaré Marc Goergen. Son parti a toujours trouvé le contenu «très bon».

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Au cours du débat, il a également été question de la forme innovante d'élaboration des politiques, que François Benoy a considérée comme un enrichissement de la démocratie représentative et que Max Hahn a qualifiée de «processus historique». Selon Cecile Hemmen, la participation citoyenne doit être appliquée à toutes les «grandes questions de société». Pour le CSV, il s'agira d'examiner, à partir du Conseil citoyen pour le climat, comment faire vivre dorénavant l'idée participative; dans le domaine du climat, il ne faut pas négliger le «travail important» réalisé au niveau communal avec le Pacte pour le climat, a souligné Martine Hansen.

L'ADR, climato-sceptique, a remis en question la représentativité du comité; selon Fred Keup, les 30% de citoyens qui, dans les pays d'Europe occidentale, nient le changement climatique ou le considèrent comme non anthropique, n'étaient pas représentés.

La Chambre se penchera prochainement sur la thématique de la participation citoyenne lors d'un débat d'orientation demandé par le député vert François Benoy.

Cet article a été publié pour la première fois sur www.wort.lu/de

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