Ce que la décision de Google signifie pour Bissen
Google considère actuellement la construction du centre de données à Bissen comme non prioritaire. Le bourgmestre de Bissen, David Viaggi, réagit à la nouvelle.
Le terrain à bâtir de Bissen ne connaîtra pas de grands changements dans un avenir proche. © PHOTO: Gerry Huberty
«Le chemin est encore long jusqu'à ce que Google vienne à Bissen», soulignait le bourgmestre David Viaggi (Är Leit) en octobre 2020 lors d'une réunion du conseil communal. Ce chemin semble maintenant aboutir à une impasse, car comme l'a annoncé le Premier ministre Xavier Bettel (DP) jeudi lors de sa mission économique à Mountainview en Californie, le data center de Bissen n'est actuellement pas une priorité pour Google.
Lire aussi :Bettel: «Le data center de Bissen, pas une priorité pour Google»
Le projet sur le banc des accusés
Le bourgmestre de Bissen a fait part au Luxemburger Wort de sa déception quant à la communication autour du projet. «Je trouve étonnant de devoir lire cela dans la presse», a déclaré David Viaggi. «Je ne suis pas content, vraiment pas content du tout», s'emporte-t-il.
On avait promis à l'époque, entre autres, le réaménagement de la N7. Le bourgmestre a signé lui-même le permis de construire, mais rien n'a été fait par la suite. La situation sur la N7 est pourtant catastrophique. Des accidents de la circulation se produisent régulièrement sur cette route, car la zone industrielle, où circulent des poids lourds, débouche sur la N7.
Je trouve étonnant de devoir lire cela dans la presse.
«Nous devons maintenant nous occuper nous-mêmes de remettre la pelleteuse en route». C'est pourquoi une rencontre entre le bourgmestre de Bissen et le ministre des Transports François Bausch (Déi Gréng) est prévue prochainement, car la situation ne peut pas perdurer.
Que va-t-il advenir du terrain ?
Les plans de construction des quelque 34 hectares avaient été adaptés aux besoins du centre de données. Si un nouveau projet devait être envisagé sur le site à l'avenir, les plans devraient être revus. «Nous devrons alors, en tant que commune, tout remettre sur la table».
David Viaggi lors de la réunion du conseil municipal 2020 sur le projet. © PHOTO: Gerry Huberty
Comme exemple supplémentaire du manque d'infrastructures dans la zone industrielle, David Viaggi a évoqué la société luxembourgeoise Rotarex. En effet, ce géant prévoit lui aussi de déménager de son site actuel de Lintgen vers Bissen, alors que l'infrastructure n'est pas adéquate pour les 900 personnes qui y travailleront à l'avenir. «Il n'y a ni arrêt de bus ni trottoir dans cette rue», explique David Viaggi pour illustrer la situation actuelle. Indépendamment du centre de données, la commune de Bissen tentera néanmoins de faire avancer le réaménagement de la N7.
Si Google se retire complètement, l'État a le droit de racheter le terrain au prix d'achat. Mais d'ici là, l'agriculteur continuera à faire ses rondes sur ses terres agricoles.
Une histoire sans fin
Le projet Google à Bissen ronronne depuis des années. En 2017 déjà, le géant de l'Internet a acquis 33,7 hectares dans la zone d'activités «Um Roost» à Bissen. Il doit s'agir du sixième centre de données en Europe.
Le site a d'abord été très controversé en raison de la quantité d'eau nécessaire pour refroidir les systèmes de serveurs. Il a finalement été décidé que les serveurs seraient protégés contre la surchauffe par de l'eau provenant d'une station d'épuration des environs : «L'eau nécessaire sera pompée uniquement dans la station d'épuration Sidero de Mersch», avait expliqué David Viaggi en 2020 lors d'une réunion du conseil communal.
L'alimentation électrique du centre de données était également en jeu : en fonctionnement continu, la consommation correspondrait à 2,5 térawattheures par an, soit environ deux fois et demie la consommation de tous les ménages luxembourgeois. Cependant, comme le gestionnaire du réseau électrique Creos exploite un centre de distribution à un kilomètre de là, l'approvisionnement en électricité est assuré.
Cet article est paru initialement sur le site du Luxemburger Wort.
Traduction: Mélodie Mouzon