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Ce que le Brexit changera pour les Anglais au Findel

Viendra, viendra pas? Pas ce 31 octobre c'est certain, mais plus tard? Les 37 garde-frontières en poste à l'aéroport eux sont prêts à tout si le Royaume-Uni venait à quitter l'Union européenne. Citoyens de sa Royale Majesté, préparez déjà vos papiers.

Une douzaine de vols arrivent chaque jour du Royaume-Uni. En cas de «Brexit dur», les passagers britanniques ne pourront emprunter les portiques de contrôle automatique.

Une douzaine de vols arrivent chaque jour du Royaume-Uni. En cas de «Brexit dur», les passagers britanniques ne pourront emprunter les portiques de contrôle automatique. © PHOTO: Anouk Antony

Patrick Jacquemot

Le Brexit? Quel Brexit? Dans les couloirs, les personnels du Findel s'amuseraient presque de la question. La sortie des Britanniques de l'UE étant devenue aussi insaisissable que le monstre du Loch Ness. Annoncé pour mars dernier, puis reporté, puis décalé au 31 octobre, il devrait bien survenir un jour après le nouveau délai accordé. En attendant, le directeur de l'Unité de la Police de l'Aéroport (UPA) se veut confiant. Et si Christian Steichen a le sourire, c'est que quelles que soient la date et la façon dont la séparation se fera, ses équipes sont prêtes.

En effet, un règlement européen a déjà édicté de longue date les modalités administratives du contrôle aux frontières. Pas à celles du pays même, mais bien à l'échelle de l'espace Schengen. Deux scénarios sont ainsi à disposition des fonctionnaires accueillant les passagers en provenance de London-Heathrow, City, Manchester, Edimbourg ou Dublin: en cas de Brexit dur ou avec un accord.

Tampon et questions

Dans la première situation, sorry ladies and gentlemen, mais en quittant l'Union, votre pays vous contraint à «adopter le même régime que les membres des pays tiers», note Christian Steichen. Autrement dit, si voyager au sein de l'Europe pourra se faire sans visa, un passeport sera demandé à chaque passage de frontière. «Dans les files, les Anglais devront donc aller dans la file soumise à contrôle de papiers. Alors que précédemment, ils pouvaient rapidement passer par les nouveaux portiques de contrôle automatique.»

Changement de rangée car, si Brexit dur il y a, les citoyens du Royaume-Uni arrivant au Luxembourg devront faire tamponner leur passeport et se soumettre aux questions des garde-frontières. «Comme les étrangers extra-européens, nous vérifierons leur motif de séjour, leur lieu de résidence, s'ils ont ou non des moyens de subsistance au Grand-Duché», liste Christian Steichen.

Christian Steichen, le directeur de l'Unité de la Police de l'Aéroport (UPA).

Christian Steichen, le directeur de l'Unité de la Police de l'Aéroport (UPA). © PHOTO: Anouk Antony

Imaginez quand 200 passagers britanniques viendront à débarquer, la queue qui les attend. «Et imaginez le travail supplémentaire pour les garde-frontières aussi. C'est d'ailleurs en partie pour faire face que nos effectifs ont augmenté de 10% cette année.» Mais clairement, et les textes le disent, priorité est donnée aux citoyens de l'Union européenne dont la libre circulation doit être facilitée. Pour les autres, wait and see.

Temps de séjour limité

Les touristes descendant des vols Luxair, British Airways, Ryanair et Easyjet devront également faire attention à la durée de leur séjour au sein de l'espace Schengen. Ils n'auront plus le droit de passer plus de 90 jours par semestre sur ce territoire. «Croyez-moi que pour certains expatriés ou des businessmen faisant la navette entre la City et la Place luxembourgeoise, ça va poser problème.»

Il leur faudra tenir à jour leur décompte sous peine de se voir refouler au guichet d'entrée au Grand-Duché. «Pour fin 2021, on n'aura plus besoin de calculer en fonction des estampilles de son passeport. Toute entrée ou sortie sera informatisée et le calcul accessible depuis son ordinateur.» En attendant, be careful.

Faux papiers en pagaille

Depuis le vote du Brexit, les garde-frontières luxembourgeois voient défiler sous leurs yeux de plus en plus de... faux papiers présentés par de supposés citoyens du Royaume-Uni principalement. De 40 cas l'an dernier, l'Unité de la Police de l'Aéroport en a déjà enregistré 94 cette année. «Certains profitent du flou qui règne autour du Brexit pour tenter de tromper notre vigilance», pointe le chef de l'Unité, Christian Steichen.

Pour les passagers britanniques quittant le Grand-Duché, toujours en cas de Brexit sans accord, le passage devant les garde-frontières s'imposera. «Mais cette fois, c'est pour vérifier si le citoyen n'est pas recherché dans le pays ou ailleurs. Notre rôle de policier ordinaire.»

Et si jamais les 26 Etats membres de l'Union européenne et le Royaume-Uni tombaient d'accord autour des modalités du Brexit? «Ce serait la situation la plus simple car nous resterions sur le même mode opératoire qu'aujourd'hui.» Christian Steichen et ses équipes croisent les doigts.

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