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Ce qui a pu provoquer l'explosion de Waldhof

De nombreuses questions restent en suspens après l'explosion accidentelle d'un obus jeudi, qui a provoqué la mort de deux hommes. Les vieux explosifs sont très instables, nous explique un expert. Et il y en a beaucoup dans la région.

Jeudi matin à Waldhof, l'explosion d'une vieille bombe de la guerre a tué deux démineurs et blessé deux autres militaires, dont un gravement.

Jeudi matin à Waldhof, l'explosion d'une vieille bombe de la guerre a tué deux démineurs et blessé deux autres militaires, dont un gravement. © PHOTO: Guy Jallay

Jeudi matin, deux démineurs qui déplaçaient un obus de la Seconde Guerre mondiale ont été tués par son explosion. Une opération de routine, pourtant. Deux autres militaires ont été blessés, dont un gravement. Comment l'engin a-t-il pu exploser alors qu'il s'agissait d'une opération de routine?

Le Luxemburger Wort a posé des questions d'ordre général à un expert allemand en explosifs, Gerhard Schmitt, établi en Rhénanie-Palatinat. Histoire de tenter de comprendre ce qui a pu se passer, près du dépôt de munitions de l'armée à Waldhof, jeudi matin. «Selon leur composition, les propriétés physiques et chimiques des explosifs évoluent et par conséquent, les grenades et autres munitions deviennent plus sensibles aux chocs», explique Gerhard Schmitt.

Une charge plus lourde peut suffire à provoquer une explosion mortelle, même si la bombe n'a plus de détonateur, comme ce fut apparemment le cas avec cet obus.

Lire aussi :La douleur et des questions après l'explosion du Waldhof

Ces paramètres rendent leur transport ou leur neutralisation beaucoup plus risqués pour les démineurs. «Il n'existe pas de manipulation de routine de ces explosifs», prévient l'expert. Les exigences sur la qualité de la formation dans ce domaine sont de plus en plus élevées.

Des vestiges de la guerre impossible à quantifier

Les milliers d'engins explosifs qui se trouvent encore dans le sol luxembourgeois représentent un danger mortel. Et les vestiges de la Seconde Guerre mondiale en matière d'explosifs sont hélas énormes: l'Allemagne récupère chaque année 65 à 150 tonnes d'obus, grenades ou mines, 73 ans après la fin des combats dans l'ouest du pays. Impossible d'évaluer ce qui reste encore à récolter. Au Luxembourg, le Sedal a lui aussi fort à faire puisqu'il intervient environ 250 fois par an pour désamorcer un explosif.

La manipulation de ces engins réclame une grande précision et de solides connaissances. On procède d'abord à l'identification de la bombe avant d'établir une analyse des risques. C'est généralement assez rapide, poursuit Gerhard Schmitt. Mais même le démineur le plus expérimenté ne peut pas deviner ce qui se cache à l'intérieur de l'engin. En 2007, à Ressaincourt, près de Metz, un accident similaire à celui de Waldhof avait causé la mort de deux démineurs. Une grenade pourtant désarmée avait explosé lors d'un déplacement. (jt/trad. AF)

Les explosifs vieillissent mal et peuvent sauter à tout moment

Après l'accident mortel de Waldhof, de nombreuses questions restent en suspens. On ignore encore de quel type d'obus il s'agit précisément. On sait toutefois que ce type d'engin contient du TNT (trinitrotoluène). Or le TNT n'est pas sensible aux chocs ou aux frottements. Une énergie de frappe de 15 Newton mètres (Nm) est nécessaire pour le faire exploser, une force qui ne correspond pas à la simple manipulation de la bombe.

Plusieurs réflexions sont possibles: l'explosif a été contaminé lors de sa production par un autre produit chimique, la corrosion ou l'humidité peuvent aussi avoir un influence bien qu'elle soit difficile à déterminer. Ces facteurs rendent l'explosif plus instable et sensible. Des expériences menées à l’Institut Fraunhofer de technologie chimique de Pfinztal, en Allemagne, ont montré que la sensibilité à l’impact peut chuter à environ 3 à 7 Nm par vieillissement. Pour avoir une idée, 5 Nm correspondent approximativement à l’énergie d’une masse d’un kilo lors d'une chute de 50 cm de haut. Lorsque le poids est élevé, la hauteur de chute est réduite en conséquence. La grenade ou l'obus peut exploser en cas de chute ou de choc pendant la manipulation. (mth/trad. AF)

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