Virgule
Éducation

ChatGPT arrive dans les écoles luxembourgeoises

Les élèves du baccalauréat international seront autorisés à utiliser le chatbot lors de la rédaction de leurs dissertations.

L'International School Luxembourg a testé le robot en le laissant répondre à des questions de rédaction et en lui demandant de générer une analyse poétique.

L'International School Luxembourg a testé le robot en le laissant répondre à des questions de rédaction et en lui demandant de générer une analyse poétique. © PHOTO: AFP

Heledd PRITCHARD

Des centaines d'élèves vont bientôt commencer à utiliser ChatGPT au Luxembourg, après que l'organisme responsable du baccalauréat international (IB) a reconnu le robot conversationnel comme une innovation de pointe, autorisant son utilisation pour la rédaction de dissertations.

Lire aussi :ChatGPT ne fait pas trembler l'Université du Luxembourg

Les élèves peuvent citer l'intelligence artificielle dans leurs textes, à condition d'attribuer clairement les informations, a déclaré cette semaine à un journal britannique Matt Glanville, un haut responsable de l'organisation de l'IB, qui gère plus de 4.000 établissements scolaires dans le monde.

«De notre point de vue, c'est passionnant», a déclaré Sherriden Masters, de l'International School Luxembourg (ISL), un établissement anglophone qui accueille ses élèves dans le cadre du baccalauréat international. «Cela donne aux élèves une éducation réaliste du monde dans lequel ils évolueront à l'avenir, et nous nous en félicitons.»

Lancé en novembre de l'année dernière, ChatGPT a émerveillé ses utilisateurs par sa capacité à interagir, à suivre des instructions et à donner des réponses précises. Il peut répondre à des questions, mettre l'utilisateur au défi, mais aussi admettre ses erreurs.

Des chercheurs méfiants

Pourtant, l'outil a divisé l'opinion publique en deux camps, ses détracteurs estimant que le logiciel pourrait nuire à la créativité et à l'esprit critique, et certains craignant qu'il ne fasse disparaître des emplois, en particulier ceux qui exigent des compétences rédactionnelles.

Lire aussi :«Dans l'art, l'utilisation de l'IA est un avantage»

Le monde universitaire - où publier des articles et les citer est ce qui fait ou défait les carrières - est particulièrement méfiant. La prestigieuse université française Sciences Po, qui compte parmi ses anciens étudiants le président Emmanuel Macron, a interdit l'utilisation du chatbot. Il est «pour l'instant strictement interdit pendant les travaux écrits ou oraux», a déclaré un responsable de l'université dans une note en ligne, et les étudiants pourraient être expulsés de l'établissement ou même de la formation continue s'ils enfreignent la règle.

L'adoption du logiciel par l'organisme responsable du baccalauréat international touchera près de deux millions d'élèves à travers le monde, et concernera six établissements du Luxembourg. «Les élèves devront critiquer et examiner ce que l'IA propose et apprendre que tout n'est pas correct», a déclaré dans une interview Joanne Goebbels, directrice adjointe de l'Athénée de Luxembourg, qui propose également ce diplôme.

Lire aussi :Prof, un job en pénurie sévère

«Je sais qu'il y a des risques. Il y a toujours la crainte de rester coincé dans un monde virtuel et le risque que les fake news se répandent encore plus, mais c'est notre rôle dans les écoles de nous assurer que les élèves sont préparés à penser de manière critique et à comparer les sources.»

Vérifier l'authenticité des travaux des élèves n'est pas un problème nouveau, a écrit Matt Glanville sur le site du baccalauréat international. Selon lui, les enseignants ont toujours dû faire face à des élèves achetant des dissertations sur internet ou demandant à quelqu'un d'autre de rédiger leurs travaux pour eux.

Notre cerveau ne se détériore pas, il s'habitue simplement à une autre façon de faire. C'est ainsi que va le monde. C'est une évolution naturelle.
Nasir Zubairi, PDG de LHoFT

«C'est progressiste de la part du baccalauréat international de permettre l'utilisation de ChatGPT pour la rédaction de dissertations», a déclaré Nasir Zubairi, PDG de la Luxembourg House of Financial Technology (LHoFT). «Les capacités des enfants à apprendre de nouvelles choses grâce à la technologie sont choquantes. Nos cerveaux ne se détériorent pas, ils s'habituent simplement à une manière différente, c'est la façon dont le monde évolue. C'est une évolution naturelle.»

Testé et approuvé

ChatGPT a obtenu la note C+ - une «note faible mais suffisante» - lorsque la faculté de droit de l'université du Minnesota a testé le robot conversationnel dans le cadre d'une étude le mois dernier, en utilisant l'IA pour passer quatre des examens de la faculté de droit. Les examens comprenaient plus de 95 questions à choix multiples et douze questions nécessitant une réponse développée.

Lire aussi :Aide aux devoirs dans toutes les maisons relais

À la Wharton School of Business, ChatGPT a reçu une note de B à B- pour son examen final de gestion des opérations, a écrit un professeur qui a corrigé le document. Les explications du chatbot étaient «excellentes», et les réponses correctes lorsqu'il s'agissait de répondre à des questions de base et à celles fondées sur des études de cas, bien qu'il ait commis des erreurs dans des calculs simples, a indiqué le professeur.

Les étudiants auront plus d'outils dans leur arsenal et ils comprendront mieux ce qui se passe dans le monde réel.
Sherriden Masters, ISL

L'International School Luxembourg a testé le robot en le laissant répondre à des questions de rédaction et en lui demandant de générer une analyse poétique. Bien qu'il se soit bien débrouillé sur le plan linguistique, les élèves l'auraient surpassé, selon Sherriden Masters.

Journalistes, attention...

Certains médias se sont également tournés vers l'intelligence artificielle, pour voir s'ils pouvaient demander à l'intelligence artificielle d'effectuer les mêmes tâches que les journalistes qu'ils emploient. BuzzFeed utilisera ainsi ChatGPT pour améliorer les quiz et personnaliser le contenu, selon les médias, qui citent des notes internes. Le site d'informations technologiques CNET a dû procéder à des corrections après avoir utilisé le robot conversationnel pour rédiger des articles, selon certains journaux.

Mais Nasir Zubairi est optimiste et pense que les emplois ne disparaîtront pas de sitôt: «Chaque secteur finit par compter de plus en plus de personnes, car les entreprises deviennent plus productives et ont besoin de plus de personnel», a-t-il déclaré. «Les gens pensaient que les distributeurs automatiques de billets étaient la fin du caissier de banque. Ces salariés font simplement quelque chose de différent maintenant.»

Cet article a été initialement publié sur Luxembourg Times.

(Traduction: Laura Bannier)

Sur le même sujet

Sur le même sujet