Claude Turmes met la pression sur l'Europe
Le ministre écologiste de l'Energie vient d'écrire un courrier aux commissaires européennes Vestager et Simson suite à la hausse significative du prix du gaz naturel et de l'électricité. Leur est notamment demandé de bien veiller à ce que le marché intérieur de l'Union soit suffisamment approvisionné.
A consommation égale, la facture gaz des particuliers luxembourgeois aurait déjà augmenté de 25% en un an.
Pourvu que l'hiver soit doux. Car à voir les hausses significatives des derniers jours sur le prix du gaz, de l'électricité ou du fioul, la note de chauffage pourrait vite atteindre des sommets. Et le scénario ne relève pas de la politique-fiction. Pour preuve, au micro de RTL mercredi, le ministre de l'Energie évoquait déjà la possibilité qu'il sollicite le gouvernement pour l'introduction d'une aide temporaire aux ménages les plus en difficulté si les coûts de l'énergie continuaient à flamber dans les mois à venir.
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Mais Claude Turmes (Déi Gréng) n'entend pas rester les bras croisés en attendant de voir (ou non) les tarifs régresser. Ainsi vient-il d'interpeller dans un courrier les commissaires européennes à la Concurrence et à l'Energie. Et de demander notamment à Margrethe Vestager et Kadri Simson que le marché intérieur de l'Union soit bien «pleinement fonctionnel». En effet, aux yeux du ministre luxembourgeois, une partie des augmentations pourraient résulter d'une attitude malsaine de certains fournisseurs privés.
Car outre l'impact de la reprise de l'activité mondiale ou d'événements climatiques qui ont pu justifier une partie de la hausse des tarifs du gaz ou de l'électricité, Claude Turmes craint que certaines sociétés aient volontairement sous-estimé la constitution de stocks et leurs commandes pour voir la note grimper. Elles n'auraient «pas augmenté leurs livraisons au-delà du minimum contractuel». Un avantage pour leur facturation, mais pas pour le consommateur au bout du tuyau.
Aussi, dans cette lettre, l'ancien parlementaire européen (de 1999 à 2018) insiste : «Aucune entreprise ne doit tirer parti de sa position dominante pour exercer une influence sur les prix du marché. (...) La Commission devrait donc sans délai identifier de tels agissements potentiels. S’ils étaient avérés, la Commission devrait y mettre fin par tous les moyens dont elle dispose».
100€/mois de facture de gaz
En 2020, selon l'Institut luxembourgeois de régulation, le client résidentiel moyen a payé 39,3 €/MWh pour la fourniture de gaz naturel. Pour une consommation moyenne calculée à 30.556 kWh, ceci revient à une charge annuelle de 1.201€.
Pour l'électricité, la facture annuelle moyenne en 2020 s'établissait à 794€.
Voilà pour la solution immédiate, mais à plus long terme, Claude Turmes entend que l'Europe tout entière s'engage à diminuer sa consommation énergétique. En bon écologiste qu'il est, il entend donc soutenir «la mise en place de mesures ambitieuses d’efficacité énergétique afin de rendre les logements et les processus industriels moins énergivores». Sans oublier le développement des énergies renouvelables. Celles-ci, non délocalisables, permettraient (en partie) d'alléger la dépendance vis-à-vis de sources extérieures à l'Union comme la Russie ou la Norvège pour le gaz.
Aussi, le ministre invite-t-il les deux commissaires à aussi pencher vers une «sortie des énergies fossiles». Sachant qu'à ses yeux, moins l'Europe se reposera sur celles-ci, «moins elle s’exposera à la volatilité des prix de ces sources d’énergie». Et ce qui est vrai à l'échelle de l'UE, le sera aussi au Grand-Duché et pour les consommateurs nationaux, particuliers comme entreprises.