Claude Turmes pour une limitation de vitesse européenne et le télétravail
Comment l'Union européenne peut-elle devenir indépendante de l'énergie russe ? La Commission européenne planche actuellement sur différentes mesures.
Claude Turmes demande une limite de vitesse à l'échelle de l'UE ainsi que deux jours de télétravail par semaine. © PHOTO: Marc Wilwert/Luxemburger Wort
(DPA) - Le ministre de l'Énergie Claude Turmes (déi Gréng) a réclamé une limite de vitesse à l'échelle de l'Union européenne afin de s'affranchir des importations d'énergie en provenance de Russie. «Ce dont nous avons besoin au niveau de l'UE, c'est d'une limite de vitesse coordonnée dans toute l'UE et de deux jours de télétravail par semaine», a déclaré Claude Turmes à l'agence de presse allemande DPA.
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Selon lui, avec des week-ends sans voiture dans les grandes villes européennes, on pourrait ainsi économiser 2,5 millions de barils de pétrole. «Je demande instamment à la Commission de ne pas laisser passer l'occasion d'engager l'Europe sur cette voie», a déclaré Claude Turmes.
Ce mercredi, la Commission européenne présente un vaste plan visant à approvisionner l'UE en énergie à long terme sans recourir aux combustibles fossiles russes. Outre des objectifs plus élevés en matière d'économies d'énergie, l'autorité veut également être plus ambitieuse dans le développement des énergies renouvelables, comme le montrent les projets dont l'agence de presse allemande a eu connaissance.
Ainsi, 45% de l'énergie dans l'UE devrait provenir de sources renouvelables d'ici 2030, au lieu des 40% prévus jusqu'à présent. Parallèlement, il sera probablement proposé de réduire la consommation d'énergie d'au moins 13% d'ici la fin de la décennie, au lieu des 9% prévus jusqu'à présent.
Il n'est pas explicitement question d'une limitation de vitesse dans les projets - mais d'autres propositions devraient être présentées pour réduire la consommation d'énergie.
L'UE doit investir 195 milliards d'euros
Selon les projets sur la table, l'UE doit investir au total environ 195 milliards d'euros d'ici 2027 pour devenir indépendante de l'énergie russe - en plus des initiatives déjà prévues dans le cadre du paquet climatique «Fit for 55». Selon les projets de la Commission européenne, le nombre d'installations photovoltaïques devrait notamment plus que doubler d'ici 2028. La Commission souhaite par exemple que tous les bâtiments industriels soient équipés de cellules photovoltaïques, les nouvelles constructions devant suivre. Elle devrait également présenter une initiative législative visant à raccourcir les procédures d'autorisation de certaines installations jusqu'à un an.
De nouveaux fournisseurs de gaz
La Commission mise en outre sur l'hydrogène respectueux du climat, produit par exemple à partir d'électricité verte et pouvant remplacer partiellement le gaz. Elle veut notamment présenter des objectifs de production. D'ici 2030, dix millions de tonnes devraient être produites dans l'UE et dix autres millions de tonnes importées, comme il ressort des documents provisoires. La Commission mise également sur de nouveaux fournisseurs de gaz comme les Etats-Unis.
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Pour le cas où la Russie fermerait le robinet du gaz, elle veut en outre proposer de plafonner le prix du gaz dans toute l'UE. Selon le projet, l'argent pour la mise en œuvre des réformes devrait provenir entre autres du pot commun de la politique agricole de l'UE ou du fonds de cohésion pour le développement régional. L'argent supplémentaire pourrait provenir de la mise aux enchères de nouveaux certificats issus du système d'échange de quotas d'émission (ETS).
Dans ce système, les producteurs d'électricité doivent par exemple acheter des certificats pour les émissions de gaz nocifs pour le climat. Les projets ne précisent pas de quelle somme totale il s'agit. Selon des sources européennes, il pourrait s'agir de 200 milliards d'euros. Selon le projet, l'attribution des fonds doit être organisée via l'instrument de construction RRF créé dans le cadre de la crise sanitaire.
L'UE mise sur les énergies renouvelables
Selon l'eurodéputé Markus Pieper (CDU), le paquet contient des objectifs de développement plus ambitieux pour les énergies renouvelables, ce qui est à saluer. D'autres points doivent être améliorés: «certaines propositions s'égarent dangereusement, comme les objectifs de production d'hydrogène», a déclaré M. Pieper à la dpa. Celles-ci contiennent des objectifs irréalisables pour l'industrie.
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Le député des Verts Michael Bloss a également réagi positivement. «La Commission européenne fait un pas en direction de l'énergie 100 % renouvelable», a-t-il déclaré à la dpa. Une obligation solaire européenne et l'augmentation des objectifs pour le développement des énergies renouvelables sont des signes importants, a-t-il ajouté. M. Bloss a toutefois critiqué le financement prévu pour ce paquet. Vendre des millions de tonnes supplémentaires de dioxyde de carbone (CO2) dans le cadre du système d'échange de quotas d'émission signifie plus d'émissions de CO2. «Lâcher une tempête de CO2 pour financer le paquet ne peut pas être notre objectif», a déclaré Bloss.