Comment la police recherche les personnes disparues
A l'occasion de la journée mondiale des personnes disparues ce mardi, Henri Eippers, porte-parole de l'administration judiciaire, explique comment la police utilise les appels à témoins pour tenter de retrouver des personnes disparues.
En 2021, 724 disparitions ont été signalées au Luxembourg, dont plus de la moitié (490) concernaient des mineurs. © PHOTO: Guy Jallay
Une photo d'un visage, puis le nom, l'âge, la corpulence de la personne et l'endroit où elle a été vue pour la dernière fois. Ces appels à témoins lancés par la police pour retrouver une personne disparue ont été nombreux cet été. Ils concernaient notamment des jeunes, souvent retrouvés au bout de quelques jours.
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A l'occasion de la journée mondiale des personnes disparues ce mardi, Henri Eippers, porte-parole de l'administration judiciaire, explique comment une telle procédure est lancée: «Ces affaires commencent quand la famille et l'entourage font un signalement dans un commissariat de police. Selon les cas, il y a plus ou moins de vérifications à faire. La police judiciaire (section-criminalité contre les personnes) est alors appelée quand il s'agit d'une grande opération de recherche.»
«En principe, toutes les disparitions d'un mineur sont considérées comme étant une disparition inquiétante»
Lors de la déclaration d’une disparition auprès d’un commissariat de police, celle-ci est prise en charge par les agents du commissariat en question, qui procèdent immédiatement aux démarches qui s’imposent. «Parmi celles-ci il y a notamment le recueil d’informations, la description détaillée de la personne disparue, la clarification des circonstances, etc. En complément, l'agent de police qui s’occupe de l’affaire prend contact avec la famille de la personne disparue et procède à une enquête sur les lieux de la disparition», explique Ben Eich, employé auprès de la direction de la communication de la police.
Dans ces affaires, un des premiers critères qui est observé est de savoir s'il s'agit d'un mineur ou d'un adulte. «En principe, toutes les disparitions d'un mineur sont considérées comme étant une disparition inquiétante», indique Henri Eippers. Ce dernier fait remarquer que selon les circonstances, la disparition d'un adolescent ne se traduit pas forcément par un appel à témoin. Concernant les adultes, un tel avis est notamment lancé si les personnes recherchées ont des problèmes de santé et ont besoin de prendre des médicaments ou d'un accompagnement permanent, voire s'il peut y avoir un changement dans leur comportement.
Qui décide de lancer un appel à témoins?
«Au-delà de ces critères, il ne faut pas oublier qu'un adulte a le droit de prendre ses distances avec un certain milieu ou avec sa famille et de couper des liens, c'est son droit. Il faut bien voir quelles sont les circonstances», avance Henri Eippers. Selon ce dernier, il s'agit dans tous les cas de déterminer l'urgence de la situation
Si tel est le cas, la presse est rapidement informée en accord avec le parquet, car ce dernier donne le feu vert pour lancer un appel à témoins, note le porte-parole de l'administration judiciaire.
«Il appartient au parquet territorialement compétent de décider, de concert avec les policiers en charge de l’affaire, des moyens de recherche à mettre en œuvre (p.ex. appel public)», fait remarquer la police grand-ducale.
724 disparitions signalées en 2021
Parmi les critères pour lancer un avis de recherche, les enquêteurs s'interrogent aussi s'il y a des chances de retrouver une personne disparue grâce à un appel à témoins. «Si les chances sont faibles, cela ne sert pas à grand-chose de s'adresser au public, car il ne faut pas oublier qu'une telle annonce fait une très grande publicité, ce qui constitue une atteinte importante à sa sphère privée. Nous regardons aussi pour les jeunes s'il s'agit d'une première disparition ou s'il est question de fugues répétées. Si ce dernier cas se présente, on évite de lancer un appel à témoins, parce que s'il y a trop souvent des appels à témoins, on risque de perdre l'attention du public», appuie Henri Eippers.
En 2021, 724 disparitions ont été signalées au Luxembourg, dont plus de la moitié (490) concernaient des mineurs. «Pour la plupart des cas, il s'agit de fugue d'un foyer ou de la maison», constate Henri Eippers. Un constat aussi partagé par la police grand-ducale. Celle-ci informe qu'il est cependant difficile de donner une réponse globale concernant les causes ou motifs de ces disparitions, car «les différents signalements de disparitions constituent à chaque fois des situations très individuelles»
Jusqu'à présent, il y a eu une «amber alerte» au Grand-Duché en 2018 pour un mineur en grave danger de mort. Lors d'une telle alerte, un avis de recherche est lancé sur tous les moyens de communication, y compris dans les gares sur les autoroutes.
Trois cold case à résoudre
Si la majorité des personnes recherchées réapparaissent au bout de quelques jours ou sont retrouvées par la police, trois cas n'ont toujours pas été résolus ces dernières années. Depuis le 2 juillet 2015, un bébé nommé Bianca a disparu près d'un étang entre Pétange et Linger. Ce jour-là, un témoin observe une femme se rendre au plan d'eau avec un nourrisson et revenir seule. Plus tard, les enquêteurs découvrent des traces d'ADN du nourrisson disparu dans les ruines d'une pompe à incendie près de l'étang. Une accusation de meurtre contre la mère est considérée comme improbable, car aucun corps du nourrisson n'a jamais été retrouvé.
A l'étranger, deux Luxembourgeois figurent à ce jour encore sur la liste de personnes disparues. Depuis 2019, Nicolas Holzem (44 ans) reste introuvable, alors qu'il était parti faire un voyage en Amérique du Sud avec sa moto. Le 16 juin 2019, il avait franchi la frontière entre le Pérou et la Bolivie à Titali, près du lac Titicaca. Depuis, il n'a plus donné signe de vie.
Les enquêteurs sont aussi à la recherche de François Thillman, originaire de Beringen disparu à l'âge de 28 ans en région parisienne en 2010. Cette année-là, il avait été vu pour la dernière fois dans la nuit du 11 décembre par un témoin à Ivry-sur-Seine.
«Dans ces trois affaires, toutes les pistes possibles ont été étudiées, mais si de nouveaux éléments apparaissent, des vérifications et des recherches seront faites», assure Henri Eippers.