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Un an de guerre

Comment le Luxembourg aide à armer l'Ukraine

Le Luxembourg a confié la mission de scruter le marché et d'acheter des armes pour l'Ukraine à deux militaires habitués des zones de conflit, ont révélé nos confrères du New York Times il y a quelques jours.

L'armée ukrainienne compte sur ses alliés pour renflouer les stocks d'armes et de munitions.

L'armée ukrainienne compte sur ses alliés pour renflouer les stocks d'armes et de munitions. © PHOTO: Photo d'illustration: Shutterstock

Journaliste

Comment aider un pays en guerre quand on n'a pas de chars, d'avions de guerre ou de missiles de défense aérienne? Cette question, le Luxembourg se l'est posée au début du conflit en Ukraine.

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Car depuis le début de l'invasion russe le 24 février 2022, l'Ukraine vide ses réserves de munitions plus vite qu'elles ne sont reconstituées. Et le pays compte sur ses alliés pour renflouer les stocks.

L'entreprise s'avère d'autant plus difficile pour un pays comme le Luxembourg qui ne compte pas de fabricants d'armes et dont l'arsenal militaire est limité. Les 102 missiles antichars et les 20.000 cartouches de mitrailleuses que le pays a envoyés étaient ce qu'il pouvait se permettre de donner sans mettre en péril sa propre préparation militaire.

Acheter des armes sur le marché libre

Dans un article intitulé «Comment un petit pays de l'OTAN s'est attaqué à un gros problème : armer l'Ukraine» de nos confrères du New York Times, la journaliste Lara Jacques révèle que le Luxembourg a constitué une équipe de marchands d'armes peu après l'invasion russe. Ces deux hommes, des militaires habitués des zones de conflit, ont pour mission de scruter les marchés et d'acheter des armes sur le marché libre en Europe et aux États-Unis.

Le New York Times explique qu'au printemps dernier, «un contrat de plusieurs millions de dollars» a été signé pour acquérir auprès d'un fabricant tchèque «6.000 roquettes de l'ère soviétique». Mais le gouvernement n'a finalement pu en livrer que 600, car le constructeur ne disposait pas d'un stock suffisant de pièces. «La plupart des fournisseurs de l'entreprise étaient situés en Russie ou dans des pays qui refusaient d'exporter des équipements pouvant être utilisés pour aider l'Ukraine», souligne l'article.

«Des négociations laborieuses»

Alors le Luxembourg a cherché une autre solution pour livrer des armes à l'Ukraine. C'est là qu'a émergé l'idée de recruter les deux militaires marchands d'armes.

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Ces deux hommes ont décrit au New York Times «des négociations laborieuses et souvent frustrantes avec des courtiers commerciaux, des appels à froid aux fabricants et même des recherches sur Google pour retrouver les armes dont l'Ukraine dit avoir besoin.»

La chasse aux munitions est jalonnée d'épreuves. Dans certains cas, les prix sont gonflés et d'autres fois, ce sont d'autres acheteurs qui arrivent à s'emparer du matériel avant de pouvoir conclure un accord.

12.500 grenades antichars

Mais les marchands d'armes luxembourgeois parviennent à passer rapidement un contrat avec le même fabricant tchèque sollicité pour les roquettes pour acheter des munitions de calibres OTAN et soviétique, qui seront livrées au plus tard ce printemps. La commande comprenait aussi 12.500 grenades antichars de fabrication soviétique qui ont été livrées à l'Ukraine dans les premiers mois de la guerre.

Les deux marchands d'armes luxembourgeois ont également confié qu'ils n'achetaient pas pour l'instant des armes et des munitions auprès d'États d'Afrique, d'Asie de l'Est, du Moyen-Orient et d'Amérique du Sud, qui regorgent pourtant d'armes de l'ère soviétique, par crainte qu'elles «soient trop vieilles» et pas assez puissantes mais aussi à cause de la corruption.

Des armes pour 94 millions de dollars

Camille Grand, responsable en chef des investissements de défense de l'OTAN jusqu'à l'année dernière, a confié que les efforts du Luxembourg étaient «intéressants» car ils témoignent «de la façon dont les nations travaillent discrètement pour continuer à armer l'Ukraine malgré la diminution des stocks, les pénuries de fabrication et les budgets tendus.»

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Au total, la nouvelle unité luxembourgeoise d'achat d'armes aurait réussi à se procurer des armes et d'autres formes d'assistance militaire pour environ 94 millions de dollars auprès de fabricants britanniques, français, polonais et néerlandais, soit environ 16% du budget de la défense du pays, a confirmé le ministre de la Défense François Bausch (Déi Gréng).

Si l'effort est grand pour le Luxembourg, cela représente par contre bien peu au regard des «milliards de dollars d'aide à la sécurité que des puissances de l'OTAN comme la Grande-Bretagne, l'Allemagne et les États-Unis ont accordés à l'Ukraine depuis février dernier.» Ces trois pays ont promis à eux seuls près de 40 milliards de dollars jusqu'à présent, souligne encore l'article du New York Times.

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