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«Dans dix ans, tout doit être accessible»

Les nouveaux bâtis publics et privés devront répondre à des consignes strictes en matière d'accessibilité. Commerces, piscines et autres cinémas existants vont devoir se conformer à de nouvelles normes.

Après les transports publics, c'est au tour des bâtiments publics et privés de s'adapter aux personnes handicapées

Après les transports publics, c'est au tour des bâtiments publics et privés de s'adapter aux personnes handicapées © PHOTO: Lex Kleren

Marie Dedeban

«Nous ne pouvons plus désavantager certaines personnes à cause de leur handicap. Il est capital de ne plus exclure des citoyens; il nous faut donc nous adapter.» Max Hahn (DP), président de la commission de la Famille et de l'Intégration, a présenté lundi le projet de loi sur l'accessibilité à tous des lieux ouverts au public. Si elle attend encore le feu vert du Conseil d'Etat, cette nouvelle prescription devrait obliger les instances publiques comme les entreprises privées à améliorer l'accessibilité de leurs bâtis aux quelque 50.000 Luxembourgeois pénalisés par un handicap.

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«Elles devront se doter d'ascenseurs, de plans inclinés, comme de revêtements et de sanitaires adaptés, énumère Max Hahn, rapporteur du projet de loi en question. Le catalogue des aménagements a été élaboré avec différentes associations et l'Ordre des architectes.» L'Adapth (Amélioration et développement de l'habitat pour tous), par exemple, a fait partie prenante du projet en tant que consultant technique pour le ministère des Familles.

« C'est un projet qui va vraiment dans le détail, se félicite Magnus Koerfer, architecte au sein de l'Adapth. Nous nous sommes largement appuyés sur les textes français et allemands, de sorte que les professionnels puissent aussi avoir des références dans la construction ou l'aménagement par exemple.»

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Présenté pour la première fois en 2018, le projet de loi doit en effet permettre d'adapter la Convention des Nations unies relative aux droits des personnes handicapées, ratifiée en 2011 par le Luxembourg. Ainsi, sitôt promulguée, la loi devrait obliger les architectes porteurs de nouveaux projets immobiliers à fournir un formulaire de sécurité additionnelle avec leurs demandes de permis de construire. Autrement dit, chaque nouveau projet immobilier d'habitation collective devra se conformer aux normes édictées dans la loi avant sa réalisation, et non pas a posteriori.

Une aide si besoin, des amendes aussi

Concernant les projets déjà existants, les communes auront cinq ans pour mettre leurs infrastructures aux normes. «Dans dix ans, tout doit être accessible», affirme Max Hahn. «Il y aura des aides financières de l'Etat pour épauler les enseignes privées dans leurs aménagements», complète Magnus Koerfer. Dans certains cas, ces aides pourraient couvrir jusqu'à 50% des travaux. «En revanche, des amendes sont également prévues pour ceux qui ne respecteraient pas les règles», indique Yannick Breuer, coordinateur en accessibilité pour le Conseil national des personnes handicapées.

Covid oblige, l'élaboration du texte de loi a pris un peu de retard. «Il y a aussi eu des réserves de la part des acteurs de l'Horeca», ajoute Yannick Breuer. «Quelques professionnels se sont inquiétés du coût et de la technicité des travaux, nuance Magnus Koerfer. Mais ils doivent se rendre compte que cette accessibilité leur permettra aussi d'augmenter leur clientèle, notamment en centre ville.» D'ici là, les personnes à mobilité réduite peuvent utiliser la plateforme EureWelcome qui répertorie les sites déjà adaptés aux diverses formes de handicap.

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