«Dans le nord du pays, les citoyens sont abandonnés»
L'absence de soins médicaux dans la région de l'Éislek est discriminatoire, selon l'auteur de la pétition 2301.
Pour le pétitionnaire Steve Schmitz, la médecine libérale est un obstacle au recrutement de davantage de professionnels de santé. © PHOTO: Chris Karaba
Le président du Parlement Fernand Etgen (DP) a qualifié la maternité d'Ettelbruck de «pilier de la base des soins médicaux de tout le Nord», dont la fermeture le 4 avril dernier a provoqué une grande incertitude parmi les futurs parents. L'audition publique de la pétition 2301, qui a recueilli un total de 4.657 signatures au cours du mois de mai, est d'autant plus importante, a insisté M. Etgen. Steve Schmitz, l'auteur de la pétition, a réagi à la fermeture de la maternité d'Ettelbruck en plaidant pour l'ouverture de maternités et de cliniques pédiatriques avec un service de garde 24h/24 afin de pouvoir garantir les soins médicaux dans le nord du pays.
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Dans sa déclaration initiale, il fait référence à la convention des droits de l'homme et à la mission du gouvernement de veiller à la sécurité de la mère et de l'enfant dans toutes les régions du pays : «Ceux qui vivent dans le centre du pays se voient offrir cette sécurité. On ne peut pas en dire autant pour le nord, ce qui constitue une discrimination évidente pour la région de l'Éislek».
Une solution pas tout à fait convaincante
Même si Steve Schmitz salue la réouverture de la maternité, qui a eu lieu le 1er juin, il reste sceptique quant à la solution élaborée par la ministre de la Santé en collaboration avec le CHL. Selon lui, l'extension du SAMU néonatal et l'introduction de la téléconsultation depuis le CHL comportent plusieurs défis qui pourraient entraîner des complications en cas d'urgence.
«Que mon enfant soit malade et que je doive trouver le CHL en semaine ou que la mère et l'enfant craignent pour leur vie lors de l'accouchement, le trajet jusqu'au centre du pays n'est pas raisonnable. Il met en danger l'état de santé de la mère et de l'enfant», dénonce le pétitionnaire auprès de la ministre de la Santé Paulette Lenert (LSAP) et des membres de la commission de la santé.
Le respect entre le pétitionnaire Steve Schmitz (à gauche), le président du Parlement Fernand Etgen (à droite) et la présidente de la commission des pétitions Nancy Arendt (à droite) était visible mercredi. © PHOTO: Chris Karaba
Faut-il remettre en cause le système libéral ?
Une analyse approfondie des obstacles persistants à l'amélioration des soins médicaux dans l'ensemble du pays a été proposée par des députés présents dans le cadre de l'audition publique. «Nous savons depuis des années que nous sommes confrontés à une pénurie de médecins et de personnel de santé. Même une campagne de sensibilisation intensive ne résoudra pas ce problème de manière aiguë. Nous devons travailler avec le personnel dont nous disposons actuellement», a commenté Marc Hansen (Déi Gréng) à propos des déclarations de l'auteur de la pétition.
Une autre proposition du pétitionnaire, selon laquelle les hôpitaux nationaux devraient se détourner du système de santé libéral et privilégier les emplois fixes de médecins spécialisés, a suscité l'incompréhension de plusieurs députés. Marc Hansen a notamment qualifié l'étatisation de la médecine de «système dirigiste». Marc Spautz (CSV) a évoqué d'autres points faibles du système de santé en rapport avec l'abandon du système de santé libéral.
Après que la maternité d'Ettelbruck a dû fermer ses portes, j'ai bien sûr très mal dormi pendant quelques jours.
Alors que la profession manque d'attractivité, une formation complète au métier de médecin n'est pas totalement assurée dans notre pays. «Nous ne devons pas donner de faux espoirs aux gens. Même avec moins de libéralisation, nous ne parviendrions pas à maîtriser notre manque de personnel». Comme solution potentielle au manque d'anesthésistes spécialisés dans le nord du pays, Carole Hartmann (DP) et Josée Lorsché (Déi Gréng) ont par ailleurs abordé la question de l'émergence des maisons de naissance et de la promotion de la profession de sage-femme.
«Il n'y a pas de solutions à court terme»
La ministre de la Santé a partagé le mécontentement du pétitionnaire face à l'insuffisance des soins médicaux dans le nord du pays : «Après que la maternité d'Ettelbruck a dû fermer ses portes, j'ai bien sûr très mal dormi pendant quelques jours.»
Paulette Lenert s'est efforcée de viser une mise en réseau entre les experts d'Ettelbruck et ceux du CHL avec l'extension du SAMU néonatal. Malgré les critiques du pétitionnaire, il n'est pas possible de mettre à disposition de la clinique d'Ettelbruck des pédiatres spécialisés en réanimation. Les urgences lors des naissances seraient extrêmement rares. Nos spécialistes doivent exercer leur métier. Un cuisinier qui n'a pas cuisiné depuis un an perd son métier, cela ne doit pas arriver. C'est pourquoi nous avons aussi besoin du système libéral», poursuit la ministre de la Santé.
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Des campagnes de sensibilisation pour promouvoir l'attractivité des métiers de la santé ou le développement de la formation médicale à l'Université du Luxembourg sont des options envisageables pour lutter contre le manque de personnel. Il n'existe cependant pas de solution à court terme à ce problème, selon Paulette Lenert.
La ministre de la Santé et le pétitionnaire sont finalement parvenus à un accord à huis clos sur la procédure à suivre pour améliorer les soins médicaux dans le pays. Paulette Lenert s'engage à présenter dans les deux prochains mois un plan d'action aux parlementaires des commissions de la santé, des pétitions et de l'éducation afin de lutter contre la grave pénurie de personnel dans le secteur de la santé. Une attention particulière sera accordée à la formation des futurs médecins dans le pays.
Cet article a été publié pour la première fois sur wort.lu/de