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Début de soirée tendu, puis ambiance fiesta chez les Verts

Après s'être rongé les ongles en début de soirée, les Verts ont exulté crescendo au fil de la soirée de dimanche. A mesure que les résultats s'affichaient, un succès historique, estiment-ils. On y était, on vous raconte.

Par Anne Fourney et Jean Vayssières

La salle de l'Atelier s'est vidée après l'exultation à l'annonce des résultats et quelques mots du président du parti des Gréng, Christian Kmiotek, et de François Bausch, l'une des personnalités les plus populaires du pays. Il reste trois groupes épars dans la salle de concert désertée par les élus, membres du parti et sympathisants.

Près du bar, ils sont quatre à papoter, affichant de grands sourires. André Gilbertz et sa soeur Monique sont des membres fondateurs des Gréng. Le parti a vu le jour dans les années 80 au Luxembourg. «C'est le meilleur résultat que l'on n'ait jamais eu, c'est historique!», se réjouit André. «La coalition Gambia a la majorité. Et les Pirates s'affichent comme un parti émergent. Ce sont des jeunes, c'est un nouveau parti. On espère que les socialistes ne vont pas jeter l'éponge! C'est le parti le plus fort au parlement mais je ne sais pas où il va trouver sa majorité. Tout dépend du DP maintenant. Parce que pendant ces cinq années, la coalition a plutôt bien fonctionné! Et pour moi, c'est clair, les gens ont voté pour que cette coalition se poursuive.»

Monique Gilbertz est du même avis et pense que cette tripartite a de l'avenir: «Je ne pense pas que dans les cinq prochaines années, ces trois partis se divisent sur des questions fondamentales telles que l'euthanasie ou la séparation de l'Eglise et de l'Etat. Ils ont maintenant l'opportunité de poursuivre leur travail.»

«Enjoy the show!»

Les Verts avaient choisi l'Atelier pour suivre cette soirée électorale avec leurs supporters. Dans le quartier un peu bohème de Hollerich, un spot lumineux affiche sur le sol le message "Enjoy the show", à l'entrée de la cour de L'Atelier. Dans la salle de concert, une cinquantaine de personnes, peut-être un peu plus, discutent en buvant un verre. Un écran géant retransmet le direct de RTL.

La couleur verte est omniprésente, que ce soit pour la lumière des projecteurs, la couleur des nappes sur les quelques tables qui sont disposées près du bar ou les vêtements de certains supporters. Carole Dieschbourg est là. De nombreuses personnes viennent la saluer. Elle est très tendue. Ses yeux brillent comme si elle allait pleurer. Il est environ 17h30, et le sort des Verts est incertain. La ministre de l'Environnement n'a pas très envie de s'exprimer pour le moment.

Le public commence à se densifier aux alentours de 18 heures. Peu après arrivent Claude Turmes, secrétaire d'Etat au Développement durable et aux Infrastructures, puis François Bausch, tête de liste et ministre du Développement durable et des Infrastructures, les députés Henri Kox, Sam Tanson… Ils sont sept députés verts dans le gouvernement actuel. Les yeux rivés sur l'écran, tout le monde attend les résultats avec fébrilité. François Bausch discute un moment avec Jean Huss, l'un des fondateurs du parti des Verts au Luxembourg, dans les années 80.

Peu après 18 heures, les résultats de l'Est arrivent, suivis par les premiers scores du Nord une bonne heure plus tard.

Carole Dieschbourg, 40 ans, ministre de l'Environnement et toute jeune en politique (elle a été membre du conseil communal d'Echternach de 2011 à 2013), a cartonné en remportant 9.752 voix, soit le double de celles de 2013 (4.927) dans l'Est.

La salle s'anime de plus en plus. Les sympathisants s'enthousiasment, tout le monde a le sourire, mais reste prudent. Les Verts affichent une progression dans les deux circonscriptions Est et Nord, mais rien n'est encore joué.

Le doute en début de soirée

Ils conservent un siège dans l'Est et un dans le Nord, où ils craignaient un net recul suite à la disparition brutale de Camille Gira, enfant de la région. Mais les électeurs ont renouvelé leur confiance envers son successeur Claude Turmes, qui est aussi député européen. C'est le showman de la soirée. Il saute et exécute des pas de danse en attendant le live de RTL, interpelle le public dès qu'il est sur scène, suscite des vagues d'applaudissement, appelle la foule à faire la ola lors des mots de la fin.

La température monte évidemment encore plus lorsque tombent les résultats du Sud. Les Verts exultent: ils dépassent le DP et pourraient gagner trois sièges à la Chambre. C'est encore trop beau pour être vrai. Mais les résultats se confirment. Déi Gréng ont remporté 14,65% des suffrages.

9.000 voix de plus pour Sam Tanson

Le député Roberto Traversini, bourgmestre de Differdange, explose lui aussi le scrutin avec 17.760 voix, contre 8.566 en 2013. La députée Josée Lorsché progresse de plus de 5.000 voix: 16.312 contre 11.719 il y a cinq ans.

Quant à Felix Braz, il s'affiche leader dans le Sud parmi ses colistiers avec 23.073 voix.

Lorsqu'arrivent les résultats pour le Centre, vers 22 heures, François Bausch ne cache plus sa joie et enchaîne les embrassades dans la salle:

Pour François Bausch, ces résultats luxembourgeois, qui s'alignent sur d'autres scores des Verts en Europe, montrent l'essoufflement des partis traditionnels. Les Verts ont aussi marqué les élections en Allemagne et en Belgique, ce dimanche.

Avec 19.889 voix, il surpasse son score de 2013 de plus de 8.000 voix supplémentaires. Quant à Sam Tanson, députée et échevin à Luxembourg, les suffrages lui ont donné plus de 9.000 voix de plus qu'en 2013: 17.290 contre 9.423 il y a cinq ans. Sa joie est telle que les mots lui manquent:

La fatigue se fait sentir. L'équipe des Verts monte sur scène, le président du parti Christian Kmiotek prononce quelques mots pour couronner cette victoire, des scores historiques pour les Verts au Luxembourg, et dédie la victoire à feu Camille Gira:

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