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Congrès de parti

Déi Lénk, entre frustration et défi

Lors de son congrès, le parti Déi Lénk a dénoncé les abus sociaux et écologiques et se positionne comme une alternative politique.

Déi Lénk donne une voix aux minorités, souligne la députée Nathalie Oberweis.

Déi Lénk donne une voix aux minorités, souligne la députée Nathalie Oberweis. © PHOTO: Gilles Kayser

L'ambiance du 20e congrès de Déi Lénk, placé sous la devise «Fir dass et de Leit besser geet» («Pour que les gens se sentent mieux», ndlr), est partagée entre frustration et défi.

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«Cela ne peut pas continuer ainsi», constate par exemple Gary Diederich, qui pointe du doigt «les pires perspectives d'avenir» pour les jeunes générations, «dont les partis bourgeois sont responsables». Que ce soit dans le domaine de la construction de logements, de la politique climatique ou de la question de la justice sociale. «C'est frustrant», ajoute le coprésident du parti.

Une centaine de membres et de militants se sont retrouvés samedi pour le congrès du parti au Casino syndical de Bonneweg.

Une centaine de membres et de militants se sont retrouvés samedi pour le congrès du parti au Casino syndical de Bonneweg. © PHOTO: Gilles Kayser

Cela ne peut pas continuer ainsi.
Gary Diederich, codirecteur du parti

Nathalie Oberweis parlera un peu plus tard d'un «travail parfois ingrat», celui de pratiquer à la Chambre, avec Myriam Cecchetti, contre 58 députés, «l'opposition systémique» dans un «club dominé par les hommes». Dans son discours, la députée met alors en avant des moments de satisfaction : «Nous donnons le ton», souligne-t-elle en évoquant la question fiscale et en énumérant les revendications de son parti : adaptation du barème fiscal, création d'une tranche d'imposition, introduction d'un impôt sur les riches.

S'ensuit une pique au LSAP et à sa «mascotte de campagne et son pitre en chef Dan Kersch», qui redécouvre la justice sociale en cette année électorale. Rétrospectivement, la tripartite de mars 2022 et la «manipulation de l'index» ont donné raison à Déi Lénk, rappelle Nathalie Oberweis en évoquant le rapprochement avec l'OGBL - les socialistes ont soutenu l'accord avec leurs partenaires de coalition. «Nous étions du bon côté et avons gagné la partie», conclut Gary Diederich.

Lors du congrès, la politique communale domine ; les orateurs dénoncent les abus sociaux et écologiques dans leurs communes.

Lors du congrès, la politique communale domine ; les orateurs dénoncent les abus sociaux et écologiques dans leurs communes. © PHOTO: Gilles Kayser

Un des thèmes principaux du congrès anniversaire du parti est la crise du logement, «la grande crise sociale du Luxembourg», affirme Nathalie Oberweis, qui rappelle le programme immédiat en sept points de son parti, informe le ministre du Logement Henri Kox (Déi Gréng) que sa loi sur les loyers doit être mise en échec. Gary Diederich appelle les bourgmestres et les échevins à annoncer la couleur - qu'ils considèrent la construction de logements comme un investissement ou qu'ils l'interprètent comme un droit fondamental.

La «mousse» des pirates

Déi Lénk n'est pas en bons termes avec les Pirates car ceux-ci ont déposé une plainte contre eux à propos de la capitale et de la mobilisation des étrangers en âge de voter. Avec leur campagne «notre ville, nos votes», Déi Lénk aurait enfreint l'article 95 de la loi électorale.

Samedi, Guy Foetz a rétorqué qu'il s'agissait pour son parti de mobiliser les concitoyens étrangers. Actuellement, seuls 10 % d'entre eux se sont inscrits. Le membre du conseil municipal conseille donc aux pirates de «s'engager eux-mêmes pour plus de démocratie et de convaincre les citoyens de voter», au lieu de «chercher à attirer l'attention et de faire mousser les polémiques à la manière habituelle des pirates».

En vue des élections communales du 11 juin, une résolution du congrès stipule de mener une «politique sociale active» qui «mise sur un logement abordable pour tous». La résolution mise de manière générale sur une «politique communale écosocialiste de gauche». Pour Déi Lénk, cela implique que l'on puisse «se déplacer d'un endroit à l'autre sans voiture» dans une commune et que l'approvisionnement en énergie soit assuré par une source renouvelable et que les prix de l'énergie soient «échelonnés selon des critères sociaux et écologiques».

Déi Lénk veut participer au gouvernement "si nos idées de changement social et écologique sont acceptées", selon Gary Diederich (m.). A gauche, l'ex-député Marc Baum, à droite, la codirectrice du parti Carole Thoma.

Déi Lénk veut participer au gouvernement "si nos idées de changement social et écologique sont acceptées", selon Gary Diederich (m.). A gauche, l'ex-député Marc Baum, à droite, la codirectrice du parti Carole Thoma. © PHOTO: Gilles Kayser

«Cœur froid, cerveau profondément gelé»

Dans l'ensemble, le congrès a une coloration communale - les différentes interventions se ressemblant en ce qu'elles dénoncent des abus sociaux et écologiques. Comme dans la capitale, où David Wagner atteste que la majorité bleue et noire a «un cœur froid et un cerveau profondément gelé», car on ne résout pas le problème de la pauvreté en interdisant la mendicité. Mais les interventions révèlent aussi un déficit géographique de Déi Lénk : elles se situent quasi exclusivement dans les régions urbaines.

Cet article est paru initialement sur le site du Luxemburger Wort.

Traduction: Mélodie Mouzon

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