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Au Luxembourg

Déjà 567 patients suivis en raison d'un covid long

Ils sont plusieurs centaines de Luxembourgeois à avoir été pris en charge en raison de symptômes persistants.

Les patients concernés parlent d'une fatigue extrême, de maux de tête, de problèmes d'attention et notamment un «brouillard» cérébral.

Les patients concernés parlent d'une fatigue extrême, de maux de tête, de problèmes d'attention et notamment un «brouillard» cérébral. © PHOTO: AFP

Journaliste

Pour retourner aux prémices de ce qu'on appelle désormais le «covid long», il faut retourner au mois de septembre dernier. L'Organisation mondiale de la santé déclarait alors que le covid-19 peut entraîner «une maladie prolongée et des symptômes persistants, y compris chez les jeunes adultes et chez les personnes qui n'ont pas ou peu d'antécédents de santé chroniques et qui n'ont pas été hospitalisées».

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Pour beaucoup de personnes touchées par le virus, cette nouvelle était vue comme un soulagement. La détresse de ces personnes, souffrant sur le long terme d'effets de la maladie -tant au niveau pulmonaire que cardiovasculaire ou encore nerveux- était enfin reconnue.

Au Luxembourg, le «covid long» a été pris très au sérieux par les autorités. Au Grand-Duché, on parle d'ailleurs de «covid long» si les symptômes persistent au-delà de 3 mois après la phase aiguë d'infection. Le gouvernement parle de 10% de personnes présentant une affection post-covid. «Soit plus de 25.000 personnes au Luxembourg depuis le début de la pandémie. Environ 1% des personnes infectées depuis mars 2020 ne parviennent pas à reprendre leurs activités quotidiennes ou professionnelles à cause de ces symptômes», déclare même le gouvernement.

Davantage de femmes que d'hommes

Ce dernier, en étroite collaboration avec l'ensemble du secteur de la Santé, a mis en exergue que le «covid long» touche davantage les femmes ou des personnes dans la quarantaine mais n'épargne pas pour autant les hommes et les autres tranches d'âge. «Si la vaccination semble réduire le risque de covid long, il est cependant encore trop tôt pour se prononcer sur les risques d'en développer un en cas d'infection aux variants actifs ces derniers mois au Luxembourg, à savoir Delta et Omicron

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Dès lors, comment prendre en charge une maladie dont on ne connaît rien ou très peu, une affection dont le diagnostic est particulièrement compliqué? Cela passe d'abord par une analyse globale des symptômes. Dans la plupart des cas, les patients concernés parlent d'une fatigue extrême, de maux de tête, de problèmes d'attention et notamment un «brouillard» cérébral, mais aussi de difficultés respiratoires, de douleurs thoraciques, d'une perte de l'odorat ou du goût, de nausées, d'anxiété, d'une dépression, etc.

Après une consultation chez son médecin traitant, le diagnostic est confirmé ou non. En l'absence de médicament ou de traitement, une prise en charge personnalisée est réalisée dans les différentes institutions du pays: la Rehaklinik du centre hospitalier neuro-psychiatrique (CHNP) pour les patients présentant des troubles psychiques (anxiété, stress, dépression, fatigue par exemple) ou neuropsychologiques (troubles de la mémoire, etc.), le centre national de rééducation fonctionnelle et de réadaptation (REHAZENTER) pour les patients souffrant de désaturation à l'effort ou qui pratiquaient une activité sportive importante avant leur infection ou encore le domaine thermal de Mondorf pour les patients âgés ou ne pratiquant pas ou peu d'activité physique.

Depuis l'été 2021 et jusqu'à aujourd'hui, 567 personnes ont été référées au CHL pour un «covid long» pour un bilan complémentaire et 350 patients ont eu une consultation avec un médecin du service national des maladies infectieuses (SNMI) du CHL puis ont été orientés. Parmi ces personnes, environ 50 ont terminé le parcours.

Environ 80 patients sont actuellement en traitement à la Rehaklinik. Depuis l'été 2021, 6 ont terminé positivement leur traitement. Certains patients pris en charge à la Rehaklinik ont poursuivi leur traitement dans les structures partenaires comme le Rehazenter ou le centre thermal de Mondorf.

Au Rehazenter, à la mi-mars 2022, 50 patients étaient suivis ou l'ont été en raison d'un «covid long». Il s'agit de 30 femmes et 20 hommes de 18 à 72 ans pour une moyenne d'âge de 47 ans. Parmi ces 50 patients, 25 ont terminé leur rééducation.

Des signaux positifs après 3 semaines

En ce qui concerne le domaine thermal, à la mi-mars 2022, 24 patients étaient en cours de traitement et 28 sont programmés pour les semaines à venir. Depuis la mise en place du programme de prise en charge des patients «covid long» en août dernier, 69 patients ont terminé le programme dans ce centre.

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Selon Carlo Diederich, directeur du domaine thermal de Mondorf, des signaux positifs sont constatés sur les patients suivant une thérapie au sein de son établissement. «Nous observons une amélioration des symptômes au bout des 3 semaines de prise en charge, mais l'objectif du programme à Mondorf est également d'apprendre aux patients les gestes et les activités à poursuivre à domicile».

«Chaque patient reçoit un programme d'autotraining pour continuer des exercices à domicile», ajoute de son côté Paul Fink, coordinateur du plateau thérapeutique du Rehazenter.

Reste désormais à savoir quel sera l'impact du «covid long» sur le long terme sur la société luxembourgeoise. Il semblerait en tout cas que le nombre de patients suivis pour cette affliction soit voué à augmenter dans les prochains mois. À ce jour, 138 patients sont en attente d'une téléconsultation pour un bilan infirmier et 95 sont en attente d'une consultation avec un médecin du CHL.

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