Virgule
Au tribunal

Des antivax accusés de minimiser l'Holocauste

Des opposants à la vaccination et aux mesures critiquent la gestion de la crise sanitaire en faisant des comparaisons nazies de mauvais goût.

Le jugement sera rendu le 5 mai prochain.

Le jugement sera rendu le 5 mai prochain. © PHOTO: Getty Images/Tetra images RF

(m. m. avec Maximilian RICHARD) - Ils comparent leur sort à celui des Juifs de l'époque nazie, ajoutent à l'étoile jaune le mot «Ungeimpft» (non vacciné), comme si les mesures sanitaires étaient similaires à la persécution des Juifs.

Lire aussi :Le Dr Benoît Ochs ne peut plus exercer pendant un an

Les comparaisons avec les nazis ne sont plus une exception au sein du mouvement des opposants à la vaccination et aux mesures sanitaires. L'utilisation abusive de ces symboles a déjà suscité une vague d'indignation dans notre pays. Mais les conséquences réelles se sont fait attendre jusqu'à présent. Cela pourrait peut-être changer.

Le tribunal de district de Diekirch a tenu jeudi un procès qui n'avait encore jamais eu lieu sous cette forme dans notre pays. Le parquet a mis un sceptique de la vaccination sur le banc des prévenus parce qu'il avait comparé la gestion politique de la crise sanitaire aux crimes du nazisme. L'homme de 34 ans est accusé d'avoir minimisé l'Holocauste. L'homme, qui utilisait sur Facebook comme photo de profil une étoile juive avec les mots «Non vacciné», avait publié en ligne plusieurs contenus douteux.

Il partageait des photos douteuses

Ainsi, début novembre 2021, le prévenu a partagé un photomontage de la porte du camp de concentration d'Auschwitz, sur lequel l'inscription «Arbeit macht frei» avait été remplacée par celle «Le passe sanitaire rend libre». En août, il avait déjà partagé une autre photo sur laquelle on pouvait lire «La fréquentation des cinémas, théâtres, opéras et concerts est interdite aux Juifs. 12.11.1938», pouvait-on lire. Le mot «Juifs» et la date avaient été biffés et remplacés par «Non vaccinés» et «Allemagne 2021». Le prévenu aurait également assimilé un certificat de vaccination à une carte d'identité aryenne datant de l'époque nazie.

Le prévenu montre des remords

Le prévenu a collaboré avec la police dès le début et a immédiatement supprimé les contenus de sa page Facebook. Comme l'a déclaré au tribunal un agent de la police judiciaire, l'homme a indiqué lors de l'interrogatoire qu'il se montrait critique envers la vaccination. L'homme de 34 ans n'était pas conscient que ses actes étaient punissables, selon ses propres dires.

Au tribunal, l'homme responsable d'un centre d'accueil pour réfugiés s'est excusé à plusieurs reprises. «Un clic stupide est vite fait». Mais il n'avait pas l'intention de minimiser l'Holocauste avec les messages partagés. «C'est justement parce que je suis versé dans l'histoire et que je m'y intéresse que je condamne tout cela», explique-t-il.

Un clic stupide est vite fait
Le prévenu

Le représentant du ministère public, Jean-François Boulot, n'a cessé de souligner la gravité des accusations. Les messages partagés minimiseraient les souffrances des victimes du nazisme. Dans sa proposition de peine, il a néanmoins fait preuve d'indulgence envers le prévenu. L'homme aurait reconnu ses erreurs et il n'y aurait pas non plus d'indices de racisme. Son travail avec les réfugiés, entre autres, en témoigne. Il a demandé une amende de 2.000 euros.

Un procès particulier

Il a insisté sur le fait que cette affaire avait valeur de jurisprudence. Certes, des personnes ont déjà été poursuivies devant les tribunaux luxembourgeois pour avoir tenu des propos révisionnistes sur l'histoire. Mais pour ces cas, d'autres délits étaient toujours reprochés aux prévenus.

Le jugement du tribunal Diekirch revêt donc une importance particulière. «Le jugement montrera si notre législation considère les actes moralement condamnables comme des délits», a déclaré le ministère public. Selon le code pénal, les auteurs de négation, de minimisation ou d'apologie de crimes contre l'humanité, de crimes de guerre ou de génocides risquent jusqu'à deux ans d'emprisonnement et des amendes allant jusqu'à 25.000 euros.

Pas la dernière affaire de ce type

Ce n'est qu'à la mi-mars qu'un homme a dû répondre devant la septième chambre pénale du tribunal d'arrondissement de Luxembourg de comparaisons avec les nazis. Lui aussi avait utilisé l'étoile jaune avec la mention «non vacciné». Outre la minimisation de l'Holocauste, Dan Schmitz, qui a déjà été condamné à plusieurs reprises, est également accusé de nombreux autres faits, notamment de menaces et d'incitation à la haine.

En raison de l'ampleur des accusations, la banalisation présumée de l'Holocauste est restée marginale lors de la séance publique. Le jugement de l'affaire n'a pas encore été rendu.

Cela ne devrait pas non plus être la dernière affaire judiciaire à se pencher sur les comparaisons avec les nazis dans le cadre de la pandémie. Les autorités judiciaires seraient chargées d'environ 150 dossiers dans lesquels des opposants à la vaccination et aux mesures sont accusés de déclarations contraires à la loi. Une partie des cas concerne également des comparaisons avec les nazis.

A Diekirch, les juges rendront leur décision le 5 mai.

Sur le même sujet

Sur le même sujet