Des pharmaciens prêts à s'investir pour la vaccination
Jamais le Luxembourg ne s'est appuyé sur le réseau de pharmacies pour opérer des campagnes d'injection à l'échelle nationale. Mais l'épisode covid pourrait bien rebattre les cartes.
Sitôt un vaccin facilement stockable autorisé, les pharmaciens pourraient jouer un rôle. © PHOTO: dpa
Impliquer les 98 pharmacies du Grand-Duché pour une vaste campagne vaccinale, le gouvernement y réfléchissait. Mais les discussions entamées avec le Syndicat des pharmaciens du Luxembourg portaient plutôt sur la grippe, et pour l'hiver prochain. Mais la course engagée face à la propagation du covid-19 va certainement accélérer les choses. C'est que plus il sera facile de se faire injecter l'un ou l'autre sérum, plus vite le pays atteindra le degré d'immunisation espéré.
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En tout cas, dans les officines, «on est prêts. Prêts à dialoguer», assure Danielle Becker-Bauer vice-présidente du SPL. Un volontariat des professionnels qui s'est déjà traduit par une réponse de certains d'entre eux à rejoindre les équipes mobilisables sur les deux centres de vaccination ouverts désormais.
Une poignée de pharmaciens ont ainsi déjà répondu à l'appel de la réserve sanitaire. «Là, notre rôle relève essentiellement de la bonne gestion des stocks.» Mais le Syndicat est d'avis que les compétences de ses membres pourraient être mises à contribution pour participer plus directement aux injections à réaliser auprès de toutes les générations de résidents.
Si les pharmaciens ne réclament rien dans le domaine, «nous ne nous refusons nullement à jouer un rôle». Autrement dit, les blouses blanches seraient plutôt partantes à venir renforcer la stratégie nationale et les cinq centres de vaccination attendus sur le territoire. Mais il y a plusieurs conditions avant que cette bonne volonté ne se traduise en actes. Et la première d'entre elles reste que le Luxembourg dispose d'un vaccin facilement stockable.
En effet les trois compositions jusque-là validées par l'Agence européenne des médicaments imposent de disposer de réfrigérateurs très basses températures. Un équipement peu commun. «Mais nous avons de quoi stocker des vaccins anti-covid ''plus classiques''», à l'image de la formule Johnson&Johnson qui se contente d'un environnement entre 2 et 8°C.
Ensuite, le Syndicat des pharmaciens exige qu'un cadre légal soit établi. «Vacciner, c'est une responsabilité sur la santé. Il faut donc bien définir les droits et le devoir de ceux qui pratiqueraient les piqûres. Sans oublier la formation au produit et aussi à la gestion administrative des dossiers des personnes volontaires».
L'évolution du métier
Par ailleurs, il conviendrait que le ministère de la Santé ne fasse appel à la profession que sur base de volontariat. «Déjà parce qu'il n'y a pas forcément la place dans toutes les officines pour pratiquer un tel acte dans de bonnes conditions sanitaires et de confort. On ne fera pas ça au milieu du local commercial tout de même.»
Et puis, sans doute aussi, faudra-t-il définir un montant de rémunération à l'acte. «Mais ce n'est pas là l'essentiel», rassure le SPL. Un syndicat conscient que l'évolution du métier tient justement dans la mise en oeuvre de plus de services au contact direct du patient. Bien au-delà de la simple délivrance de médicaments «et pour le service de toute la population», conclut Danielle Becker-Bauer.