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Des protestations face à la réforme des urgences

Des médecins urgentistes mettent en garde contre des problèmes de sécurité et des psychiatres menacent carrément de démissionner. La réforme des services d'urgence qui doit se concrétiser en juin dans le centre du pays se heurte à des résistances.

Les deux services d'urgence du Centre fonctionneront en parallèle durant la journée à partir de cet été.

Les deux services d'urgence du Centre fonctionneront en parallèle durant la journée à partir de cet été. © PHOTO: Pierre Matgé

(MF avec Maximilian Richard) – Pour trouver une solution aux services d'urgence constamment engorgés dans les quatre groupes hospitaliers du pays, le ministère de la Santé avait commandé un audit en 2017. Bilan: la durée moyenne aux urgences allait de 1h20 à 3h49 d'attente pour les patients.

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Conséquence directe de l'audit: à partir du 1er juin 2020, le Centre hospitalier de Luxembourg (CHL) et les Hôpitaux Robert Schuman (HRS) n'alterneront plus les tours de garde mais assureront tous deux une permanence en journée et durant toute la semaine. Du coup, les salles d'urgence s'en retrouveront soulagées et les temps d'attente réduits.

Du moins, en théorie. Car médecins et personnel hospitalier craignent le contraire. «Nous nous attendons à ce que les chiffres baissent d'abord, puis remontent», estime le Dr Emile Bock, chef du service des urgences aux HRS et président de la Société luxembourgeoise de médecine d'urgence (SLMU).

Environ 15 % des patients des urgences au Kirchberg arrivent du sud du pays et «de plus en plus de frontaliers» affluent dans les urgences au Luxembourg assure le Dr. Emile Bock.

Environ 15 % des patients des urgences au Kirchberg arrivent du sud du pays et «de plus en plus de frontaliers» affluent dans les urgences au Luxembourg assure le Dr. Emile Bock. © PHOTO: HRS

Il voit poindre un problème de sécurité à partir de juin. Car «même si la moitié seulement des patients se rendaient encore aux urgences, nous devrions mettre à disposition le même nombre de personnel». Sans quoi, les soins en cas d'urgence grave ne sont plus garantis. L'ennui c'est que les tours de garde s'en retrouveront deux fois plus nombreux.

C'est précisément la cause du mécontentement qui grandit dans les rangs des psychiatres. Le doublement du temps de garde signifie que ces médecins devraient fermer beaucoup plus souvent leur propre cabinet pour assurer les urgences. Sachant qu'ils sont payés par traitement effectué et non pour le service de garde.

Neufs démissions en suspens

Les psychiatres avaient déjà alerté, dès octobre, l'ex-ministre de la Santé (LSAP), Etienne Schneider, et le ministre de la Sécurité sociale (LSAP), Romain Schneider. Avouant dans une lettre commune qu'ils ne seraient pas en mesure de mettre en oeuvre la réforme dans les conditions données. La protestation s'est transformée en menace.

Neuf psychiatres des HRS menacent de jeter l'éponge s'il n'y a pas de réforme du service psychiatrique des urgences avant le 1er juin. Ils sont soutenus dans leur démarche par leurs collègues du CHL.

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Le Dr Jean-Marc Cloos, directeur de la psychiatrie médicale aux HRS, va un pas plus loin et pense que l'avenir de sa profession est mis en cause dans le secteur hospitalier. Les nouvelles mesures rendent le travail des psychiatres de moins en moins attrayant alors qu'il y en a déjà trop peu au Luxembourg.

De ce fait, les patients attendent souvent plusieurs mois pour obtenir un rendez-vous et, à défaut, se rendent même parfois aux urgences. Un problème qui se trouvera aggravé par les nouveaux services de garde que devront effectuer les psychiatres. Une option pour le Dr Jean-Marc Cloos serait de créer une polyclinique psychiatrique.

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