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Dan Schmitz devait répondre de plusieurs faits

Deux ans de prison pour avoir minimisé l'Holocauste

C'est un jugement qui a son importance : les juges envoient un signal clair contre les comparaisons nazies des opposants à la vaccination.

Dan Schmitz était notamment poursuivi pour incitation à la haine, menaces, résistance aux forces de l'ordre, détention illégale d'armes et comportement dégradant et insultant envers les magistrats.

Dan Schmitz était notamment poursuivi pour incitation à la haine, menaces, résistance aux forces de l'ordre, détention illégale d'armes et comportement dégradant et insultant envers les magistrats. © PHOTO: Getty Images

(m. m. avec Maximilian RICHARD) - Daniel Schmitz a un casier judiciaire long comme le bras. Il a déjà été condamné à plusieurs reprises pour incitation à la haine et propos xénophobes et a notamment fait de la prison. Cette liste est désormais complétée par de nouvelles mentions.

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Les juges de la septième chambre correctionnelle du tribunal d'arrondissement de Luxembourg ont condamné l'homme de 61 ans à une peine de deux ans de prison et à une amende de 2.500 euros. Toutes les parties peuvent faire appel du jugement dans un délai de 40 jours. Cette décision devrait être d'un grand intérêt pour la justice luxembourgeoise.

En effet, parmi la multitude de faits reprochés au sexagénaire, un chef d'accusation se distingue. Outre l'incitation à la haine, les insultes, les menaces, la résistance aux forces de l'ordre, la détention illégale d'armes et le comportement dégradant et insultant envers les magistrats, l'homme a été accusé de minimiser l'Holocauste. Sur Facebook, il avait utilisé comme photo de profil une image d'une étoile jaune de Juif datant de l'époque nazie. L'inscription «Juif» avait été remplacée par «Non vacciné».

Un autre procès à Diekirch

La justice est régulièrement saisie de déclarations révisionnistes de l'histoire et antisémites. Mais pour la première fois, un tribunal luxembourgeois a jugé la pratique qui consiste à comparer la politique de gestion de la crise sanitaire à la persécution des Juifs sous le Troisième Reich, qui est répandue parmi les opposants aux vaccinations et aux mesures. La prévention de minimisation de l'Holocauste a été retenue.

Cela devrait également être d'un grand intérêt pour les juges du tribunal d'arrondissement de Diekirch. Ce n'est que la semaine dernière qu'un sceptique de la vaccination a dû y répondre de l'accusation de minimisation de l'Holocauste. Contrairement au procès de Dan Schmitz, il s'agissait du seul chef d'accusation. La décision des juges de Diekirch, qui sera rendue début mai, devrait donc être encore plus déterminante.

Une prévention parmi d'autres

Lors du procès qui s'est tenu mi-mars, l'accusation de minimisation de l'Holocauste portée contre Dan Schmitz est finalement restée marginale. Au contraire, une multitude d'infractions ont été au centre des débats. Ce sont principalement les propos tenus par Dan Schmitz dans des vidéos qu'il a tournées lui-même et qu'il a ensuite publiées sur sa chaîne YouTube qui l'ont mis sur le banc des prévenus.

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Dans ces enregistrements, il aurait incité à la haine contre les frontaliers et les personnes orientées politiquement à gauche ou envers les Verts. En ligne, des attaques verbales ont également été lancées contre une femme, et des représentants de la justice ont également été insultés.

Une vidéo dans laquelle il proférait des menaces de mort à l'encontre de personnes orientées politiquement à gauche a même donné lieu à une perquisition. Les policiers ont notamment saisi des munitions. Aucune arme à feu n'a toutefois été trouvée. Les juges ont ordonné la confiscation des objets.

Il pense que la pandémie n'est pas réelle

L'homme croit aux mythes antisémites de la conspiration. Dans des vidéos supprimées depuis, il ne faisait pas mystère de ses convictions. Selon lui, la pandémie de coronavirus n'est pas réelle, mais n'est qu'un prétexte d'une élite qui veut établir un nouvel ordre mondial.

Mi-mars, devant le tribunal, l'homme s'est montré plus discret que lors de ses apparitions en ligne. Il n'a pas nié les faits qui lui sont reprochés, mais est resté évasif dans ses déclarations. Il a indiqué ne plus vouloir publier de vidéos sur Internet.

Son avocat a souligné qu'il avait de graves problèmes psychiatriques depuis des années. Son client souffrirait d'un «trouble dissociatif de la réalité» et ne serait donc pas responsable. Il a demandé aux juges de l'acquitter. Le ministère public a en revanche souligné que le dossier ne fournissait aucun indice d'une responsabilité réduite. Un avis partagé par les juges.

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