Dr Ochs: le Collège médical demande une interdiction d'exercer de deux ans
Le médecin généraliste doit à nouveau répondre de ses actes devant une commission disciplinaire. Lors de l'audience de ce mercredi, les débats ont été parfois houleux.
Benoît Ochs fait l'objet d'une interdiction d'exercer jusqu'à la mi-avril. © PHOTO: Guy Jallay
Lorsque le Dr Benoît Ochs est entré dans le parvis de la cité judiciaire mercredi, il a été applaudi. Plus de 70 soutiens attendaient le médecin généraliste de Gonderange. L'homme de 61 ans, qui avait été condamné l'année dernière à une interdiction d'exercer d'un an, doit à nouveau répondre de ses actes devant une commission disciplinaire du Collège médical. Depuis la pandémie, le médecin est considéré comme une figure clé du mouvement des opposants à la vaccination et aux mesures.
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L'Ordre des médecins reproche à Benoît Ochs plusieurs manquements au code de déontologie pour lesquels le Collège médical demande une nouvelle interdiction d'exercer de deux ans. Les accusations sont de nature similaire à celles de la première procédure disciplinaire. Ainsi, le médecin aurait à nouveau enfreint l'obligation de porter un masque et les conditions de traitement et aurait prescrit des médicaments qui ne sont pas autorisés pour un traitement covid. Il aurait en outre rédigé des certificats non autorisés, notamment pour la dispense de port du masque.
L'accusé aurait également enfreint le code de déontologie par ses déclarations publiques. Par exemple, dans un reportage diffusé sur RTL après sa condamnation en première instance en juillet 2021, le médecin avait affirmé qu'un vaccin Covid entraînait un taux de mortalité plus élevé chez les enfants qu'une maladie. Les médecins qui vaccinent les enfants seraient coupables. Leur comportement serait comparable à celui des médecins nationaux-socialistes qui ont dû répondre de leurs actes à Nuremberg après la Seconde Guerre mondiale.
Vifs échanges dans la salle d'audience
Dans la salle d'audience, le Dr Ochs a laissé la parole principalement à son équipe de défense composée de trois personnes. Son avocat de la défense luxembourgeois, Me Christian Bock, a notamment reçu le soutien de l'avocat français Me Fabrice De Vizio, qui a déjà défendu en France le médecin controversé Didier Raoult.
Il n'a fallu que quelques instants pour que les esprits s'échauffent dans la salle d'audience. De Vizio a critiqué le fait que l'accès au palais de justice soit limité par le personnel de sécurité. En raison de la petite taille de la salle d'audience, seul un nombre limité de personnes a été admis. De ce fait, la publicité de l'audience n'était pas garantie. Le juge président a alors fait ouvrir la porte. On pouvait suivre le procès dans le couloir.
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En tout cas, le bruit était suffisant pour cela. De Vizio s'est emporté à plusieurs reprises en critiquant l'administration des preuves et le déroulement du procès contre son client, parlant même de «mascarade de justice» . Il s'est montré insensible aux réprimandes bruyantes du président. Des cris, des coups de main sur la table ont été donnés. Lorsque Benoît Ochs a dû prendre position sur les accusations, la situation a dégénéré. La défense a quitté la salle en bloc. «Appelle ton bâtonnier», a-t-il demandé à Me Christian Bock.
La défense demande l'acquittement
Le président du barreau n'est pas venu. Le juge en chef a simplement poursuivi le procès, si bien que la défense est revenue dans la salle d'audience. Vers la fin, les esprits se sont largement calmés. La défense a demandé l'acquittement. Les juges ne doivent pas faire d'exemple. Le médecin n'avait rien à se reprocher, les preuves fournies par le Collège médical n'étaient pas recevables. Au final, c'est l'histoire qui jugera le jugement du tribunal, a déclaré Fabrice De Vizio.
Dans sa conclusion, le Dr Ochs a souligné que les patients avaient été négligés lors de la pandémie. Il a ajouté qu'il avait sauvé plusieurs personnes grâce à son intervention. «La vérité sortira».
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Lui et de nombreuses autres personnes ont perdu confiance dans les institutions. Cette confiance doit être regagnée. Le jugement sera rendu le 19 avril. Mi-avril, Benoît Ochs pourra également reprendre son travail.
Mais le médecin généraliste n'est pas seulement confronté à une procédure disciplinaire. Il pourrait également devoir répondre prochainement de «diffamation» devant une chambre pénale. L'exploitant de la maison de retraite Servior avait déposé une plainte après un faux témoignage de cet homme.
Selon Me Christian Bock, un juge d'instruction n'a cependant pas pu constater d'infraction. Une chambre du conseil judiciaire est actuellement chargée du dossier. Elle décidera en fin de compte s'il y a suffisamment d'éléments pour un procès.
Procédure disciplinaire contre une gynécologue
Benoît Ochs n'est pas le seul médecin à devoir répondre de ses actes devant une commission disciplinaire du Collège médical dans le cadre de la pandémie du Covid-19. Une gynécologue de Luxembourg-Ville aurait exercé des pressions sur une patiente dans ce contexte. La gynécologue aurait affirmé qu'un vaccin covid-19 rendait stérile. Une première procédure disciplinaire s'est soldée par une interdiction d'exercer de trois mois. Un jugement en deuxième instance est encore attendu.
Cet article a été initialement publié sur le site du Luxemburger Wort
Traduction: Thomas Berthol