En patrouille durant le couvre-feu
Depuis un peu plus d'un mois, le Luxembourg a appris à vivre au rythme du couvre-feu. Et chaque soir la police grand-ducale veille à ce que seules les personnes disposant d'une autorisation circulent entre 23h et 6h.
Chaque semaine, près de 350 sorties de policiers sur le terrain sont liées aux contrôles des règles covid. © PHOTO: Gerry Huberty
(pj avec Sophie HERMES) Au mieux, le couvre-feu sera levé le 15 décembre prochain. Au pire, la mesure, instaurée depuis le 30 octobre, restera en vigueur. Sept heures où le pays doit se vider, sept heures où tout déplacement non nécessaire est proscrit. Et la police a comme mission de veiller au strict respect de cette règle, chaque soir entre 23h et 6h. Des contrôles qui ont permis de relever, sur les trois premières semaines, 730 infractions à ce dispositif.
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Ce soir-là, Michel Tresch, chef de la police régionale de la circulation du Centre-Est, et son équipe prennent donc position. 23h01, pas de chance pour cet automobiliste dont les phares pointent au loin. A quelques centaines de mètres de son domicile, les agents de Lintgen le contrôlent. «J'étais chez un ami et j'ai oublié de regarder ma montre.» Une petite étourderie qui lui vaudra une amende à 145 euros. «Je comprends; la police fait simplement son travail», assume-t-il.
A la vérité, reconnait Michel Tresch, les patrouilles font rarement face à de vives protestations quand elles interviennent dans le cadre du couvre-feu. L'officier a certes déjà eu la malchance de tomber sur un «négationniste de l'infection covid», mais le plus souvent les personnes surprises en début de soirée pensaient que 23h était l'heure à laquelle elles devaient quitter l'endroit où elles se trouvaient. Non, c'est bien l'heure où plus personne ne doit être dehors sans motif valable.
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D'ailleurs, alors que minuit approche, sur la quinzaine de véhicules contrôlés, la plupart des automobilistes disposent avec eux du certificat de leur employeur, attestant qu'ils ont nécessité de circuler même aux heures de couvre-feu. La loi n'impose d'ailleurs pas de disposer de ce document avec soi (il peut être présenté plus tard), mais cela facilite bien des choses...
La nuit se prolonge, et les policiers arrêtent des visages familiers. Des salariés qu'ils ont pris l'habitude de croiser ces dernières semaines et qui rejoignent ou quittent leur poste de travail. Mais alors que les 2h du matin approchent, que fait cette camionnette dans les rues de Mertert? Cette fois encore, le conducteur écopera d'une contravention. Vivant en Allemagne, travaillant à Trèves, il a traversé la frontière pour venir faire le plein de carburant. Pas une excuse valable. Et de s'excuser «J'avais entendu dire qu'il y avait un couvre-feu au Luxembourg, mais je n'y ai plus pensé. Et il n'y a aucune indication qui signalait cette restriction».
145 euros, voire double
Ces dernières semaines, en moyenne, la police a effectué environ 350 contrôles par semaine dans le cadre de la législation covid, dont un grand nombre la nuit. Toute amende liée à une infraction au couvre-feu peut être payée sur place ou dans les 30 jours par virement bancaire. Si l'amende n'est pas réglée dans le délai imparti, son montant est doublé. L'avertissement peut être contesté sur place ou dans un délai de 30 jours.
En réalité, ne sont autorisés de 23h à 6h que les déplacements
en lien avec son activité professionnelle, d'un enseignement ou d'un apprentissage;
pour des consultations médicales, l'achat de médicaments ou de produits de santé;
pour des raisons familiales impérieuses;
en réponse à une convocation judiciaire, policière ou administrative;
pour un trajet à destination ou en provenance d'une gare ou d'un aéroport dans le cadre d'un voyage à l'étranger;
dans le cadre du transit sur le réseau autoroutier national (entre Belgique, France ou Allemagne par exemple);
sortie dans un rayon d'un kilomètre autour du lieu de résidence pour les besoins des animaux domestiques;
en cas de force majeure ou de nécessité.