En route vers Notre-Dame de Fátima : «On rigole, on pleure, on chante, on prie»
Ils sillonnent d'un pas rapide et déterminé le Luxembourg. Les pèlerins de Notre-Dame de Fátima ont deux jours pour atteindre Wiltz qui fête son 50e pèlerinage ce jeudi de l'Ascension. Qu'est-ce qui les motive à parcourir près de 70 km à pied?
Par Maurice Fick et Sophie Wiessler
Ils sillonnent d'un pas rapide et déterminé le Luxembourg. Les pèlerins de Notre-Dame de Fátima ont deux jours pour atteindre Wiltz qui fête un 50e pèlerinage inédit ce jeudi de l'Ascension en présence de l'image pèlerine de Notre-Dame de Fátima et du président du Portugal. Qu'est-ce qui les motive à parcourir près de 70 km à pied?
«Il y a vingt ans mon mari était malade et j'ai demandé de l'aide à la Sainte Vierge de Fatima et elle m'a entendue», glisse Maria Dulcina Gama de Sousa, 54 ans, en marchant à vive allure. Maria Dulcina est repérable de loin parmi la bonne soixantaine de pèlerins d'origine portugaise. Sur ses épaules elle arbore le drapeau portugais. Il flotte, battant, comme son moral. Normal, elle revient tout juste de la ville-sanctuaire de Fatima, dans son pays natal, où elle «a vu le pape François passer à moins de deux mètres d'elle».
C'est une fidèle de la première heure du pèlerinage qui mène à Wiltz. Parce qu'en cheminant, elle «se sent vraiment bien avec ses amis. On rigole, on pleure, on chante, on prie. C'est très bien».
Après 12 km, première halte du jour au «Café op der gare» de Lingten. Partis à 6h30 de Dommeldange, les pèlerins passent par Mersch et Heiderscheid pour dormir à l'hôtel à Bissen. Soit plus de 60 km. Jeudi, ils feront 8 km pour rejoindre Wiltz. © PHOTO: Maurice Fick
Sara Saraiva, 35 ans, est venue pour la première fois, avec trois amies, pour «remercier la Vierge de tout ce qu'elle a dans sa vie et tout ce qu'elle a réussi jusqu'à présent», mais aussi «pour demander un peu plus de santé pour sa famille et un peu plus de bonheur pour tous ceux qui l'accompagnent dans sa vie».
A ses côtés, la dynamique Vanessa Borges Alves, 22 ans, marche aussi pour «remercier Notre-Dame de Fatima» mais surtout «pour encourager les copines en réponse à l'appel de Fatima qui cherchait des personnes pour l'accompagner». Fatima De Sousa De Deus, 41 ans, la gratifie d'un large sourire reconnaissant.
Dans leur sillage, la discrète Cristina Carvalho Costa, 44 ans, a bouclé «huit ou neuf fois» des pèlerinages plus exigeants. Elle sait l'opiniâtreté requise. «Il y a trois ans j'ai parcouru les 240 km qui séparent San Pedro du Sul -chez moi- de Fatima. Avec un ami nous avons parcouru 100 km le premier jour. Il nous a fallu deux jours et demi pour couvrir la distance». Elle raconte qu'au Portugal, «il y a beaucoup de gens sur les routes au mois de mai. C'est beaucoup plus motivant.»
José Matos De Sousa: «Suite au malaise de ma femme la première année, je me suis dit que j'allais m'occuper chaque année de la logistique». © PHOTO: Maurice Fick
«La première fois que j'ai fait ce pèlerinage je ne suis pas arrivée au bout. Il y avait beaucoup de monde, il faisait très chaud et nous n'avions aucune assistance. J'étais tellement mal que deux femmes ont dû me soutenir. On m'a emmenée à l'hôtel en taxi», se souvient bien Adélaïde Matos De Sousa, 51 ans. «C'est quand même triste de faire autant de kilomètres et de ne pas pouvoir étancher sa soif avec une bouteille d'eau tendue».
Adélaïde a fait une promesse à Notre-Dame de Fátima et depuis vingt années, son époux, José, suit en voiture le long cortège pour que plus personne ne manque d'eau ou d'une épaule sur laquelle se reposer en cas de gros pépin.
Il y en a chaque année. «Une ou deux» personnes, guère plus, sont obligées d'abandonner. «Si quelqu'un tombe dans les pommes à cause de la chaleur, a trop de douleurs aux jambes ou trop d'ampoules aux pieds, je le ramène à l'hôpital, chez le médecin ou à l'hôtel», explique José, 51 ans. Depuis vingt ans, c'est l'ange gardien des pèlerins. Il récupère les vestes, donne à boire, veille que personne ne se perde en chemin et transporte les valises des pèlerins qui viennent pour la grande majorité du Sud du Luxembourg.
Maria Celeste Cavaleiro: «Le pèlerinage, c'est dur mais quand on arrive à l'église de Niederwiltz on est tellement soulagé d'un seul coup qu'on serait prêt à refaire la route immédiatement». © PHOTO: Maurice Fick
«C'est dur d'arriver à Wiltz», assure Maria Celeste Cavaleiro, 61 ans, venue de Schifflange, qui ne peut participer au pèlerinage pour la première fois en dix années parce qu'elle «a un problème aux jambes. C'est la raison pour laquelle mon mari, Manuel, marche à ma place cette année». Assise dans sa voiture, elle assiste le groupe qui s'étire toujours plus dans la nature, souvent loin des grands axes.
«C'est dur mais quand on arrive à l'église de Niederwiltz on est tellement soulagé d'un seul coup qu'on serait prêt à refaire la route immédiatement», sourit Maria Celeste.