Eppeldorf en pleine saison des groseilles
C'est entre Bettendorf et Beaufort que le Luxembourg compte sa plus grande exploitation de groseilles. Et ce milieu d'été, il est temps pour la famille Friederes de ramasser les fruits. Les rouges comme les noirs.
À la ferme des Friederes, les fruits sont vite transformés en sirop, gelées et même en vinaigre balsamique. © PHOTO: Alain Piron
(pj avec Volker BINGENHEIMER) A Eppeldorf, du côté de la ferme des Friederes, on ne jure plus que par elle : Joanna. Une Polonaise qui récolte 80 kg de groseilles en une demi-heure. Est-il bon de préciser qu'il s'agit là d'une machine agricole ainsi baptisée par son propriétaire, Jean-Paul Friederes. A ce rythme-là, la «cueillette» est vite faite. Mais en général, l'engin ne traite qu'une ou deux rangées de groseilliers avant de s'arrêter. «Nous ne récoltons que ce que nous pouvons traiter le jour même».
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Cette année, la saison des groseilles a pris deux semaines de retard. La faute aux gelées du printemps dernier et au début d'été pluvieux sur le Mullerthal comme un peu partout sur le pays. Mais Joanna saura compenser les caprices de dame Nature par la rapidité de son travail. Elle secoue comme personne les branchages pour en faire tomber les fruits mûrs qui sont séparés des feuilles et autres brindilles par une soufflerie. Les baies tombent ensuite dans des paniers en plastique, avec une qualité de récolte proche du 100%.
La ferme Friederes, est la seule ferme du pays à produire des groseilles en grande quantité. Et la moitié de la récolte est déjà réservée pour la production de liqueur de cassis du château de Beaufort, à 2 km de là. C'est d'ailleurs cette proximité qui a poussé la famille à se lancer dans la culture des petites baies noires.
Alors que la production avait quasiment disparu de la région et que le château devait importer les fruits (riches en vitamine C et potassium), Pit Friederes a voulu faire bouger les lignes. Celui qui était alors le président du syndicat d'initiative et de tourisme de Medernach et Ermsdorf n'a cessé d'encourager les cultivateurs locaux à se lancer. Son frère, Jean-Paul, a fini par l'écouter... Résultat, aujourd'hui sur deux hectares, le terrain du «Op der Kaul» compte quelque 9.200 groseilliers plantés en longues rangées. Avec 250 pieds portant des fruits rouges (et non noirs).
Plus si affinités
Pour l'instant, les Friederes ne souhaitent pas récolter leurs groseilles à la main pour la vente au détail. Trop de frais de main-d'oeuvre et une rapidité moindre qu'avec la machine, Joanna. Par contre, Jean-Paul Friederes envisage éventuellement d'étendre ses plantations de groseilliers. D'autant que les producteurs du vin Picadilly de Stadtbredimus seraient demandeurs de sirop en plus grande quantité pour assurer leur célèbre kir...
Pour bien maîtriser cette culture, les Luxembourgeois n'ont pas hésité à aller se renseigner auprès d'une exploitation fruitière allemande, dans la Rhön à 400 km de la vallée de l'Ernz. Ajoutez à cela un coup de pouce de 28.000 euros de la part du bureau Leader Mëllerdall et un soutien du ministère de l'Agriculture et l'affaire était lancée.
L'activité permet à la ferme Friederes de diversifier sa production, elle qui récolte déjà des pommes et d'autres fruits en plus de l'élevage bovin et de la production laitière. Et comme l'idée est venue aux propriétaires d'installer un laboratoire (notamment pour y presser des jus), c'est toute une gamme de produits à la groseille qui sort désormais d'ici : jus, sirop, gelées mais aussi vinaigre balsamique.