Virgule

Esch 2022 se devra de «rencontrer le succès»

Pour Sam Tanson, le Luxembourg ne peut se permettre de manquer le rendez-vous de la Capitale européenne de la culture. La ministre de la Culture (Déi Gréng) évoque les pistes suivies pour promouvoir la culture régionale et le patrimoine local.

«En tant que Luxembourg, nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre d’organiser une année culturelle qui ne rencontrera pas le succès», assure Sam Tanson.

«En tant que Luxembourg, nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre d’organiser une année culturelle qui ne rencontrera pas le succès», assure Sam Tanson. © PHOTO: Guy Wolff

(DH avec Marc Hoscheid) - Sam Tanson (42 ans, Déi Gréng) est un des nouveaux visages du gouvernement. A l’occasion d’une interview accordée au Luxemburger Wort, la ministre de la Culture et du Logement, explique tous les bénéfices qu'elle attend du projet «Esch 2022, Capitale européenne de la culture».

«Je n'ai jamais travaillé dans le domaine culturel», indique la maman de deux enfants en bas âge qui assure dans la foulée qu'elle «aurait eu du mal à ne pas accepter un tel poste». Mais la culture «a été une partie importante» de sa vie, notamment en raison de moments passés au musée avec son père. «Dans mon enfance, j’étais un peu réticente mais, rétroactivement, je lui en suis très reconnaissante», commente-t-elle.

La lecture a toujours été importante dans la vie de Sam Tanson.

La lecture a toujours été importante dans la vie de Sam Tanson. © PHOTO: Guy Wolff

Lire aussi :Les hauts fourneaux, centre de gravité d'Esch 2022

Capitale européenne de la Culture en 1995 et en 2007, Luxembourg avait tiré profit de l’événement pour rayonner hors des frontières. Le rendez-vous de 2022, dans la Métropole du Fer, s'annonce donc comme un temps fort du mandat de Sam Tanson.

«La scène culturelle locale a fait d'énormes progrès ces derniers temps. En 1995, la scène alternative s’était montrée particulièrement vivace. (...) Après 2007, beaucoup de choses ont également vu le jour. Les Rotondes, par exemple, datent de cette période. Nous avons maintenant de nombreux artistes qui travaillent de manière absolument professionnelle et dont les œuvres sont bien perçues à l'étranger», souligne la ministre.

«Réduire les inhibitions»

Les attentes concernant Esch 2022 sont nombreuses. «Une année culturelle est toujours suivie d’un développement», insiste-t-elle. «Un des premiers effets est la professionnalisation de la scène culturelle. Par ailleurs, de nouvelles institutions sont en cours de création. La ville d'Esch et l'ensemble de la région ont connu un développement économique considérable au cours des dernières années et il est désormais possible d'y ajouter un aspect culturel.»

Après la valse des responsables, la phase de soumission a pris fin le 31 juillet. Le projet pourra donc prochainement être analysé. «Je suis confiante. En tant que Luxembourg, nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre d’organiser une année culturelle qui ne rencontrera pas le succès.» Le projet Esch 2022 dépassera les frontières et «devrait également réduire les inhibitions» pour attirer un public nouveau.

Une dimension régionale

Sam Tanson profitera de ses vacances pour profiter de ses enfants, se balader à travers le pays et rendre visite à son paternel dans la région bordelaise.

Sam Tanson profitera de ses vacances pour profiter de ses enfants, se balader à travers le pays et rendre visite à son paternel dans la région bordelaise. © PHOTO: Guy Wolff

Le rendez-vous de 2022 est dans toutes les têtes, mais la dimension régionale de la culture n’est pas négligée par celle qui, le 30 septembre, ouvrira en grand les portes de la Bibliothèque nationale (BnL) à Luxembourg-Kirchberg.

«Au sein du ministère, nous avons maintenant une personne qui est exclusivement chargée de faire le bilan des offres culturelles existantes dans chaque commune et de déterminer où il reste encore du retard à rattraper. Il existe déjà des centres culturels régionaux, même dans le Nord, qui font un très bon travail.»

La préservation du patrimoine est un autre cheval de bataille de la ministre qui présentera à la rentrée des amendements à la loi de 1983.

«Il y aura aussi une procédure simplifiée dans le domaine de l'archéologie. Si une parcelle nécessite une autorisation du Centre national de recherche archéologique (CNRA), celle-ci peut envoyer une demande à tout moment. S'il n'y a pas de réponse dans un délai d'un mois, ceci est considéré comme une approbation.»

Un inventaire des bâtiments nécessitant des aides de l’Etat est en phase d’élaboration. Ce recensement une fois terminé, les citoyens auront l’occasion de s’exprimer avant qu’un règlement grand-ducal ne soit élaboré.

Augmentation des taxes foncières

Avocate au barreau de Luxembourg, Sam Tanson défend la multiculturalité du pays et n’entend pas privilégier le luxembourgeois dans le secteur littéraire et ne revendique aucun équilibre entre l'administration des fonds publics et la liberté artistique.

Quant à l’industrie cinématographique, elle rappelle que le Premier ministre Xavier Bettel (DP) avait déjà annoncé que des fonds supplémentaires seraient affectés à ce secteur.

Lire aussi :Les prix de l'immobilier continuent de flamber

«Certains projets réalisés par le Fonds du logement montrent que le logement et la préservation historique peuvent être parfaitement combinés», souligne encore la ministre qui doit faire face à une pénurie de logements.

«Il est important que l'État obtienne des terrains. Nous avons de nombreuses surfaces qui pourraient être développées sans changer le Plan d'aménagement général (PAG).»

Sam Tanson avance que l’augmentation des taxes foncières serait un bon moyen de persuader les propriétaires de vendre à l'Etat. «L'Etat doit créer avant tout des logements abordables. Surtout des appartements à vocation locative.»

Sam Tanson à la Bibliothèque nationale (BnL) à Luxembourg-Kirchberg.

Sam Tanson à la Bibliothèque nationale (BnL) à Luxembourg-Kirchberg. © PHOTO: Guy Wolff

Sur le même sujet