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Mobilité

Esch-sur-Alzette prête à rouler en navette autonome

La capitale du Sud va expérimenter le véhicule sur son centre piéton à compter de la mi-septembre. Mais du côté de l'opérateur Sales-Lentz, Georges Hilbert a déjà d'autres trajets en tête.

La navette sera prochainement "habillée" aux couleurs d'Esch.

La navette sera prochainement "habillée" aux couleurs d'Esch. © PHOTO: Luc Deflorenne

Patrick Jacquemot

Pour l'instant, elle n'a fait que de brèves apparitions en centre-ville. Sans habillage distinctif, à très faible allure, multipliant les haltes et entourée de techniciens. Mais pour la Semaine de la mobilité qui approche, promis, Esch-sur-Alzette et tout ceux qui fréquenteront la rue d'Alzette pourront voir la navette autonome en action. Mieux : grimper à bord et se déplacer sans contrainte.

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Vendredi 17, le bourgmestre eschois en dira plus sur cette initiative. Mais déjà Georges Mischo (CSV) s'enthousiasme à l'idée d'avoir trouvé un bon moyen pour rendre de l'attractivité à «la plus grande zone piétonne (970m de long)» et aux commerces qui l'occupent.

Une navette qui devrait ainsi être appréciée des personnes âgés ou handicapées soulagées de ne pas avoir à marcher systématiquement pour faire leurs achats; prisée aussi par celles et ceux qui doivent circuler les bras chargés de paquets; appréciées des familles soucieuses d'échapper un temps à une averse...

Pour l'heure, il n'est question que de faire un essai. Cependant, les élus ne cachent pas que si le test est concluant, la navette pourrait bien être un des éléments moteur d'Esch 2022, capitale européenne de la culture, l'an prochain. A voir.

«De notre côté, nous sommes au stade des paramétrages», souligne Georges Hilbert, directeur général de Sales-Lentz. Avec le constructeur du véhicule, Navya, la société de transports analyse le circuit que devra suivre l'engin. Cartographie les lieux en 3D, géolocalise les points d'arrêt, repère les éventuels obstacles qui se présenteront sur la route empruntée. «C'est un mapping indispensable avant le démarrage opérationnel, indique le responsable. Une digitalisation à la vitesse d'un escargot pour ensuite une mise en service à allure plus soutenue.»

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Enfin, la navette ne roulera guère plus vite que ne marche un piéton. Elle adaptera même sa rapidité (ou sa lenteur) en fonction de la densité de la foule aux abords. «Cela reste un moyen sûr, discret, pratique et gratuit de se mouvoir en milieu urbain», vante Georges Hilbert.

Du côté de Sales-Lentz, voilà maintenant cinq ans que l'on suit le développement des navettes autonomes. Au Grand-Duché mais aussi dans le cadre surtout d'un partenariat européen mené par 11 pays. «Signe que l'opération est concluante et que la technologie de ces navettes sans chauffeur a fait ses preuves, nombre d'appareils embarqués vont prochainement être disposés comme aides à la conduite dans des cars ''traditionnels''», souligne le directeur général. Des ''radars" utiles à repérer des obstacles en périphérie dans l'obscurité ou le brouillard, par exemple.

Bientôt à la demande?

Une commune touristique du Grand-Duché entend d'ailleurs, elle aussi, adopter prochainement un de ces mini-bus 100% électriques et 100% autonomes. Son nom? Motus pour l'heure. «En fait, il faut convaincre les élus et la population qu'il s'agit d’ascenseurs horizontaux, à exploiter sur de petites distances et parfaitement intégrables en milieu urbain ou galerie car silencieux et non polluants.»

Cet argumentaire a séduit, dès 2018, le centre commercial de Pommerloch (Knauff-Shopping proposant la navette à sa clientèle en mode ''shuttle privé''). Campus Contern a aussi adopté ce mode de voyage pour les salariés ou consommateurs arrivant ou repartant depuis la gare de Contern. Sans oublier la Ville de Luxembourg qui a mis en service son City Shuttle voilà trois années aussi. Après quelques améliorations, le service avait trouvé son rythme de croisière et son public jusqu'au déclenchement de la crise covid...

«Avec cette navette dans la capitale, on a transporté 23.000 passagers en un an et demi, mais il a fallu tout arrêter à cause du virus. Dommage car c'était un ''truc'' particulièrement apprécié des touristes (80% du trafic)», soupire Georges Hilbert. Depuis, un protocole sanitaire adapté au petit engin a été présenté à la commune. Un redémarrage pourrait être envisageable donc. «Mais à la vérité, il n'y a pas beaucoup de visiteurs donc l'opportunité n'est pas encore là.» Et puis la Ville et Sales-Lentz recherchent aussi un site abrité, non loin, pour stationner et recharger l'engin la nuit. «Mais un garage avec une hauteur de 2,80m dans le quartier, ça ne se trouve pas facilement...»

Reste que des routes pour l'avenir, Sales-Lentz en voit s'ouvrir. Pour Georges Hilbert, il ne fait ainsi nul doute que le «futur de la mobilité tournera autour de ces véhicules autonomes qui pourront fonctionner, demain, à la demande et pas seulement sur des itinéraires préprogrammés, de A à B.»

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