Explosion des cerfs et sangliers abattus au Luxembourg
30% de sangliers ont été tirés au-delà du plan de tir imposé. Pour les cerfs, ce nombre passe à 78% d'individus supplémentaires.
D'après les derniers plans de chasse, s'étalant d'avril 2018 à mars 2021, 17.431 sangliers auraient dû être abattus. Or, dans les faits, ce sont pas moins de 22.647 sangliers qui ont été éliminés. © PHOTO: Andreas Adam
Comme nous vous l'expliquions en août dernier, le Luxembourg voit sa population d'animaux sauvages croître de manière exponentielle d'année en année. Et pour cause, entre les années 1980 et 2020, le nombre de sangliers abbatus a augmenté de 800%, rien que ça.
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Une situation alarmante qui s'explique notamment par le changement climatique. En effet, le climat plus chaud assure d'une part que la nourriture est disponible en permanence pour ces suidés et d'autre part que la mortalité diminue en raison des hivers plus doux. Sans compter que les sangliers peuvent aussi causer de lourds dégâts aux terrains agricoles. Un lourd constat soulevé par la députée Martine Hansen (CSV) qui n'a pas manqué d'interpeller la ministre de l'Environnement Joëlle Welfring (déi Gréng) sur le sujet au travers d'une question parlementaire.
30% de sangliers abattus en plus
Les données fournies par la ministre parlent d'elles-mêmes. D'après les derniers plans de chasse, s'étalant d'avril 2018 à mars 2021, 17.431 sangliers auraient dû être abattus. Or, dans les faits, ce sont pas moins de 22.647 sangliers qui ont été véritablement éliminés, soit près de 30% de plus par rapport au plan initial.
Et encore, le sanglier n'est pas l'espèce de gibier dont la population a le plus explosé ces dernières années. En effet, le pourcentage tiré par rapport au plan de tir cité plus haut est 78% supérieur pour les cerfs mâles et 17% pour les jeunes cerfs. En ce qui concerne les autres espèces (chevreuils, mouflons, daims, etc.), les plans ont pu être plus ou moins respectés.
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Face à ces populations qui continuent de croître, quelles solutions s'offrent aux chasseurs afin de permettre une régulation efficace? Pour la ministre, cela passe obligatoirement par l'élimination des populations femelles en priorité. Quid des plans de chasse? Ceux-ci doivent-ils être revus à la hausse? «L'élaboration des propositions de ces plans se fonde sur des critères agricoles, viticoles, forestiers, cynégétiques et de protection de la nature. Ceux-ci prennent notamment en considération la situation d'atteinte à l'agriculture, à la viticulture, à la sylviculture et à la biodiversité. Ces critères sont établis par l'administration et approuvés par le ministre et le Conseil supérieur de la chasse entendue en son avis», rappelle la ministre.
Allonger les horaires et mieux équiper les chasseurs
De plus, on apprend qu'à la demande du garde-chasse ou du syndicat de chasse, les plans de tir peuvent donc être ajustés, en cas d'évolution importante de la population faunique ou de dégâts fauniques. Un ajustement du plan de tir, c'est une chose. Est-ce toutefois la solution à tous les problèmes? La députée suggère notamment l'allongement des heures de chasse d'une heure le matin et le soir ou encore de fournir aux chasseurs un équipement moderne comme des appareils à vision nocturne.
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En ce qui concerne la première piste, sur les horaires, la ministre explique que la question sera très probablement discutée au sein du groupe de pilotage «sanglier» comme une «solution potentielle dans le cadre du plan de gestion des sangliers». Concernant l'équipement, Joëlle Welfring indique enfin que la mise en œuvre d'un tel projet est en cours. «Mais celui-ci doit encore être approuvée au niveau de la convention BeNeLux.»