Feu vert, rouge et bleu pour négocier une coalition «Gambia bis»
Tout indique que la coalition gouvernementale sortante DP-LSAP-Les Verts pourrait être reconduite pour cinq ans. Les comités directeurs des Verts, des socialistes et finalement du DP, ont tous trois donné leur aval, lundi, pour entamer des négociations de coalition à trois. Le CSV tirera ce mardi les conclusions de sa non-élection en position de parti incontournable.
Le comité directeur du DP, le parti de Xavier Bettel, s'est réuni lundi soir à Hesperange pour donner son aval à l'entame de discussions pour réitérer la coalition sortante. © PHOTO: Gerry Huberty
Dimanche soir, le soir même des élections législatives de ce 14 octobre 2018, alors qu'Etienne Schneider savait les socialistes en mauvaise posture (le LSAP a perdu 3 sièges au parlement) et que leur avenir s'annonçait brumeux, la tête de liste du parti démocratique, Xavier Bettel, a estimé lors du grand débat électoral chez RTL que le gouvernement en place avait été approuvé. L'idée de poursuivre la coalition «Gambia» était relancée sans traîner.
Candidat des Verts dans le Sud et ministre de la Justice sortant, Felix Braz -Les Verts sont les grands vainqueurs de ces élections- a déjà dit ne pas envisager une coalition avec le CSV, car selon lui, elle ne correspondrait pas au souhait des électeurs. Les cartes étaient déjà redistribuées sur la table.
Tandis que le Premier ministre sortant, Xavier Bettel, des valises sous les yeux, a présenté la démission de son gouvernement au Grand-Duc, dès la première heure lundi, les Verts n'ont d'ailleurs pas attendu très longtemps pour annoncer la couleur. Les Verts, c'est clair, veulent repartir pour un tour avec leurs anciens partenaires de coalition. Ou tout du moins essayer de s'entendre, en premier lieu, avec eux sur un programme de coalition.
Déi Gréng n'a pas traîné
Les Verts réunis en comité exécutif © PHOTO: Michèle Gantenbein
Dès lundi matin, le comité exécutif des Verts a analysé à tête reposée des résultats électoraux très porteurs et n'a pas tardé à faire savoir par la voix de son président, Christian Kmiotek, que le feu vert avait été donné unanimement pour ouvrir des négociations de coalition avec le DP et le LSAP.
Il était déjà l'heure de se mettre à table. Forts d'un nouveau poids électoral - de 6 les Verts sont passés à 9 sièges au parlement- les Verts ont l'intention ferme de faire peser bien plus lourdement leurs idées dans la nouvelle mouture du programme de coalition Gambie II.
Les socialistes repartent aussi
Les socialistes se retrouvent © PHOTO: Guy Jallay
Les socialistes ont fait de même et n'ont pas tardé, en début d'après-midi de lundi, à faire savoir que leur homme fort, Etienne Schneider, avait été mandaté pour la même cause. Au micro de L'Essentiel, Etienne Schneider a expliqué avoir obtenu le «mandat unanime du comité directeur du parti socialiste d'entamer des négociations de coalition avec le DP et les Verts. Tout le reste se fera dans les semaines à venir».
Face à ses détracteurs qui ne comprennent pas bien comment le grand perdant des élections, le parti socialiste, peut se mettre en position de négociateur, Etienne rappelle que le «LSAP reste le 2e parti dans ce pays. Il a malheureusement perdu 3 sièges mais n'a perdu que 3%. Le CSV a perdu plus du double mais seulement 2 sièges à la Chambre».
Réponse plus tardive mais rapide du DP
Ne manquait plus que l'aval du comité directeur du DP pour que les négociations en vue d'une coalition «Gambie bis» ne soient effectivement possibles à trois. Le comité directeur du DP s'est réuni lundi soir à partir de 18h30 au Centre Nic Braun à Hesperange et ne s'est pas attardé sur les conclusions à tirer de ces élections.
Comité directeur du DP © PHOTO: Gerry Huberty
Moins d'une demi-heure après être entrés dans la pièce, Xavier Bettel et Corinne Cahen, présidente du DP, en sont ressortis pour annoncer l'évidence à la presse: tous deux venaient de recevoir un mandat unanime du comité directeur pour annoncer à l'informatrice fraîchement nommée par le Grand-Duc qu'ils étaient officiellement mandatés pour démarrer des négociations de coalition avec Verts et Rouges.
De son côté, le comité national du CSV s'est aussi réuni lundi à midi autour de son leader, Claude Wiseler. Après une analyse du résultat électoral décevant, le conseil national, c'est-à-dire le plus haut organe du bureau du CSV, se réunit ce mardi pour faire l'analyse détaillée de la situation et en tirer toutes les conclusions qui s'imposent.
Le CSV s'est retrouvé hier et réunira le plus haut organe de son bureau ce mardi. © PHOTO: Guy Jallay
Claude Wiseler, tête de liste malheureuse, regrette «qu'on ne parle même pas avec nous». Le «on» étant les trois partenaires de la coalition sortante. Claude Wiseler constate: «Je vois que les négociations des coalitionnaires actuels se poursuivent» et «suppose qu'ils vont faire de leur mieux pour renouveler la coalition», en laissant soigneusement le CSV sur la touche.
Malgré la décision rapide des trois partis de la coalition gouvernementale sortante de réitérer une coalition «Gambia bis» inévitablement un peu plus teintée de vert, le Grand-Duc, a nommé Martine Solovieff, la procureure générale, «informatrice». Elle est à présent chargée de mener des discussions exploratoires avec les différents partis, tous bords confondus, et d'en informer le chef de l'Etat, au fur et à mesure.