Flavio Becca ne demande qu'une seule chose: construire
Lors de la troisième édition du salon immobilier Move Property Expo, organisé à la Cloche d’Or, Flavio Becca a présenté ses nouveaux projets immobiliers, tout en revenant sur la crise qui frappe le marché du logement et ses solutions.
Les projets ne manquent pas pour l'entrepreneur luxembourgeois Flavio Becca. © PHOTO: S.MN.
Une prise de parole de Flavio Becca, c'est toujours un petit événement, tant l'entrepreneur préfère agir dans l'ombre plutôt que de s'épancher en public. Toutefois, à l'occasion de la troisième édition du salon immobilier Move Property Expo qui, comme à l'accoutumée, se déroule au centre commercial de la Cloche d'Or, l'homme d'affaires est revenu sur ses différents projets en cours et à venir.
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À commencer par le fameux projet du quartier de la Cloche d'Or. «Nous sommes ici dans un quartier en pleine mutation, quand on voit le nombre d'immeubles qui sortent de terre depuis maintenant 2012, sans oublier la future arrivée du tram et du parc public de Gasperich en 2023», lance Michel Knepper, directeur de Grossfeld PAP, le développeur du nouveau quartier. «Il y a un équilibre qui est en train d'être cherché entre le logement, les activités professionnelles et les surfaces commerciales. C'est bien simple, sur les 600.000m² qui sont exploitables dans le quartier, 220.000m² sont consacrés au résidentiel, 120.000m² au commercial et le reste pour des bureaux.»
Encore davantage de logements à terme
Des surfaces qui, selon Michel Knepper, pourraient être encore amenées à évoluer dans le futur. «On a cet avantage de pouvoir faire preuve de flexibilité et de construire encore davantage de logements d'ici à la fin du projet».
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Des projets immobiliers en pagaille, c'est une bonne chose, à condition que ceux-ci soient accessibles pour le commun des mortels. Rappelons qu'entre 2013 et 2021, les prix de l'immobilier au Luxembourg ont quasiment doublé, passant en moyenne de 4.558 à 8.327 euros le mètre carré. Selon le Statec, les prix ont continué à augmenter au deuxième trimestre 2022 en comparaison annuelle, de 11,5%. Le prix des logements existants a augmenté de 12,6%, celui des nouvelles constructions de 9%. Bref, la crise du logement continue de s'accentuer en raison d'une inflation galopante, d'une hausse des coûts des matières premières, du secteur de la construction et des taux d'intérêt.
«Pas d'indexation de prix pour nos logements»
Flavio Becca ne dit d'ailleurs pas le contraire, évoquant une crise «générale», mais assure de son côté que des pistes de solutions existent. «Il faut relever nos manches et créer un modèle luxembourgeois», lance-t-il. «Du côté de notre groupe, nous avons pris la décision de ne pas indexer ou d'adapter nos prix. Ceux-ci restent stables et fixes malgré la crise, et ce, depuis un an.»
Cela signifie-t-il que la marge réalisée par Flavio Becca et ses équipes restent relativement correcte au bout du compte? «Il est clair que l'on ne peut pas vendre à perte, mais nous avons eu la chance de négocier de bons contrats en amont avec nos sous-traitants afin de bétonner les prix. Je crois qu'il y a beaucoup de spéculation dans cette crise. J'en veux pour exemple le prix de l'acier qui avait fortement chuté, mais suite à la fermeture de plusieurs usines, celui-ci a augmenté de manière exponentielle.»
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L'entrepreneur luxembourgeois estime que pour faire face à cette crise, une tripartite consacrée au logement devrait être organisée. «On a bien vu que des mesures avaient pu être trouvées pour le pouvoir d'achat des citoyens et des entreprises le mois passé lorsque tous les acteurs se mettent autour de la table. Aujourd'hui, je parlerais même de quadripartite en incluant également les institutions financières dans le débat. Bref, si tout le monde est de bonne volonté, je suis persuadé que l'on peut résoudre ce problème. Pour moi, ce qui bloque ce débat, c'est que le Gouvernement a peur des promoteurs immobiliers».
Il réclame une taxe «bureaucratie»
Une volonté louable, mais qui ne se réalisera sans doute pas en deux coups de cuillère à pot. Le promoteur en est bien conscient et en a d'ailleurs profité pour adresser un petit tacle aux autorités administratives. «Je n'ai rien contre les administrations, mais celles-ci sont décidément beaucoup trop lentes. Si les prix augmentent, ce n'est pas à cause de nous. On a fait des investissements sur 10, 15, 20 ou 30 ans et donc automatiquement, les prix des terrains augmentent. Cela dit, je crois que si les procédures n'étaient pas aussi lentes, on pourrait construire davantage.»
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De son côté, Flavio Becca ne voit d'ailleurs aucun inconvénient à ce que le Gouvernement augmente l'impôt foncier. «Cela dit, en contrepartie, je suis d'avis d'instaurer une taxe dite de la «bureaucratie» qui pénaliserait les administrations trop lentes et qui, de ce fait, nous coûte beaucoup d'argent», a-t-il déclaré. Construire, c'est semble-t-il le souhait le plus cher de l'entrepreneur, quitte à réaliser des bâtiments plus hauts permettant d'abriter davantage de logements. «Toutefois, nous avons déjà essuyé des refus pour construire des étages supplémentaires dans le cadre d'un projet à Luxembourg car, selon la ville, cela dénaturerait le paysage.»