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Forces et faiblesses avouées du système de santé

L'absence de clarté sur le port des masques, le manque de données sur le matériel, un système qui repose en grande partie sur les frontaliers. Propulsée ministre de la Santé juste avant la crise sanitaire, Paulette Lenert, fait le point.

«Le point positif de la crise est peut-être que nous avons appris de manière brutale combien il est important de travailler sur la base de données», assure Paulette Lenert.

«Le point positif de la crise est peut-être que nous avons appris de manière brutale combien il est important de travailler sur la base de données», assure Paulette Lenert. © PHOTO: Chris Karaba

(MF avec Annette Welsch) – Le 13 mars dernier, Paulette Lenert, ministre de la Santé (LSAP), annonçait la mort de la toute première victime du coronavirus au Luxembourg qui en compte désormais 52. Suite au troisième remaniement gouvernemental de Xavier Bettel, l'ancienne juge et ministre de la Protection des consommateurs et de l'Aide au développement, a été propulsée à la tête du ministère de la Santé le 4 février.

Dans une longue interview accordée ce vendredi au Luxemburger Wort, elle explique qu'elle n'avait pas participé aux discussions sur la mise en place de la politique de santé - dont Etienne Schneider (LSAP) avait la charge - mais dit combien la crise sanitaire a été un accélérateur d'apprentissage des arcanes du système de santé qu'elle gère désormais.

La ministre de la Santé rappelle que le Luxembourg «n'a encore jamais fait face à une pandémie» et reconnaît qu'en cette situation de gestion de crise du covid-19, «le plus difficile est de travailler avec cette incertitude et de parvenir à communiquer cette incertitude au grand public de manière rassurante».

Incertitude et flexibilité

Les connaissances sur le virus lui-même «se développent de jour en jour et vous évoluez sur un terrain très mouvant quand il s'agit d'adapter vos actions à cette évolution», glisse-t-elle. L'incertitude et la flexibilité imposées constituent à ses yeux, un «grand défi pour la communication». L'obligation ou non de mettre des masques de protection quotidiennement en est un bel exemple, confesse-t-elle avant de rétorquer: «Notre attitude était et reste que les masques ne priment pas sur les autres règles d'hygiène et que l'on risque d'avoir un faux sentiment de sécurité».

La nouvelle ministre de la Santé juge que le Luxembourg dispose d'un bon système social et de santé et ne cache pas avoir été «très impressionnée par la solidarité et la rapidité avec lesquelles les différents acteurs» ont réagi, en citant l'exemple de la coopération établie entre les quatre directeurs généraux des centres hospitaliers. L'une des failles de départ a été, pour elle, de ne pas avoir de vue globale sur toutes les données, comme les besoins en matériel de soins.

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«Il n'y avait même pas de base de données centrale pour les besoins dans les hôpitaux», cite-t-elle. Et Paulette Lenert rajoute aussitôt: «Le point positif de la crise est peut-être que nous avons appris de manière brutale combien il est important de travailler sur la base de données et de faits et de faire preuve de plus de compréhension pour une forme moderne de gestion».

La ministre de la Santé considère que la force du système réside dans cette idée d'une quadripartite fortement développée, «que les gens travaillent ensemble dans le cadre d'un dialogue dans et sur le système. Si vous menez le dialogue de manière saine et que vous le maintenez, cela donne une certaine acceptation». Autre point fort à ses yeux: «Nous n'avons pas un système de médecine à deux vitesses » et de rappeler qu'il est important de maintenir la même qualité de services pour tous.

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La grande faiblesse reste toutefois le manque de personnel: «Nous sommes confrontés à un mur et devons trouver des moyens innovants» et reconnaît que c'est un très grand défi de trouver le personnel et de le former. Et elle appuie sur le fait que cette crise «nous a également ramenés à la brutale réalité de la situation: Notre système tient debout ou tombe avec les frontaliers».

«Beaucoup de Luxembourgeois n'ont pas conscience du caractère vital» du phénomène, trop souvent résumé aux problèmes de trafic, avait déjà souligné en février Jean-Jacques Rommes, le président du Conseil économique et social. Dans son avis, le CES a projeté que les frontaliers seraient entre 50.000 et 80.000 de plus d'ici 2035.

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