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Gramegna repousse la réforme fiscale

Plus question pour le gouvernement d'engager le toilettage des impôts. Le projet annoncé dans l'accord de coalition se voit repoussé à 2023 en raison de l'impact de la crise covid, vient d'indiquer le ministre des Finances.

Pierre Gramegna (DP) n'est pas favorable à l'introduction d'un "impôt corona" contrairement à son collègue de gouvernement, Dan Kersch (LSAP).

Pierre Gramegna (DP) n'est pas favorable à l'introduction d'un "impôt corona" contrairement à son collègue de gouvernement, Dan Kersch (LSAP). © PHOTO: SIP

Patrick Jacquemot

Dans cette crise covid, Pierre Gramegna (DP) était jusque-là resté au second plan. A l'occasion, le ministre des Finances faisait quelques apparitions. Tantôt pour annoncer la souscription d'un emprunt (à taux avantageux), tantôt pour rassurer sur l'état des finances publiques. Mais samedi au micro de RTL, le grand argentier a franchi un cap dans la communication, annonçant qu'il ne serait pas possible de mener la réforme fiscale attendue avant 2023. Une décision qui était dans l'air depuis quelques semaines.

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Il faudra donc, notamment, faire une croix sur l'introduction d'un barème d'impôt unique pour l'ensemble des contribuables. Ce qui figurait en bonne place dans l'accord de coalition Gambia comme la «garantie d'un modèle fiscal neutre quant au mode de vie des personnes» (célibataires notamment) fait ainsi les frais de l'impact de la crise covid. Pierre Gramegna préfère se montrer «raisonnablement prudent» plutôt que d'engager des changements inopportuns, et cela même si l'heure de la reprise semble approcher.

Et pour calmer les critiques, le ministre libéral ne manque pas de mettre en avant les efforts supportés ces derniers mois par les fonds publics. A l'exemple du paiement du chômage partiel étendu, de la récente annonce de la réindexation des allocations familiales ou des mesures prises en début d'année comme l'augmentation des pensions.

Pas question pour autant d'initier un «impôt corona». Pierre Gramegna a assuré être ainsi perplexe face à cette proposition notamment faite par son collègue de gouvernement Dan Kersch (Travail) lors du dernier congrès du LSAP. La taxation évoquée devait porter sur les entreprises qui auraient tiré profit de la crise, selon le socialiste. Mais pour le ministre des Finances, il apparaît difficile de fixer «à partir de quel seuil peut-on être considéré comme gagnant et doit-on payer cet impôt?»

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A priori, le gouvernement exclurait aussi de réviser l'un ou l'autre des taux d'imposition pesant sur l'activité des entreprises du pays. Et cela à la hausse comme à la baisse. Seul l'impôt foncier pourrait subir quelques modifications dans les mois à venir. Le ministère des Finances et celui de l'Intérieur se coordonnent sur la question, la majorité réunie autour de Xavier Bettel (DP) devra trancher pour un nouveau taux. Avec cette assurance donnée par Pierre Gramegna : le logement principal sera traité «de manière préférentielle».

Si le ministre des Finances a maintenant botté jusqu'en 2023 pour la mise en place d'une réforme fiscale, il apparaît peu vraisemblable que le gouvernement ne mette les doigts dans cet engrenage à la veille des élections législatives et municipales de l'année en question. Pas question de perdre de la popularité ou s'exposer aux critiques à quelques semaines de pareille échéance. Les syndicats qui réclamaient ce grand toilettage, encore dans leurs discours du 1er Mai dernier, devront encore ronger leur frein. Et les contribuables se plaindre ou se satisfaire (selon leur situation) de ce report de deux ans annoncé.

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