Howald, funiculaire, tram: quel bilan, un mois après?
Il y a tout juste un mois, trois nouvelles infrastructures étaient inaugurées au Luxembourg: le tramway, le funiculaire à l'arrêt Pfaffenthal et la gare de Howald. Le ministre des Infrastructures, François Bausch, promettait depuis de nombreux mois que le 10 décembre serait un tournant dans la vie des voyageurs du pays. Qu'en est-il un mois jour pour jour après leur mise en place?
Luxtram. Kirchberg.Boulevard John F. Kennedy. Photo: Guy Wolff
Le ministre des Infrastructures, François Bausch, promettait depuis de nombreux mois que le 10 décembre serait un tournant dans la vie des voyageurs du pays. «Une première étape dans une optique d'évolution de qualité colossale», détaillait-il même en juin dernier.
Qu'en est-il en ce 10 janvier 2018, un mois jour pour jour après la mise en place de ces nouvelles infrastructures? Nous avons posé la question aux voyageurs qui empruntent ces différents sites quotidiennement.
«J'ai testé Howald deux fois, je perds du temps»
Grégoire est frontalier depuis 17 ans et travaille à Gasperich. La mise en place de l'arrêt Howald - permettant un accès plus rapide à la Cloche d'Or lorsqu'on vient de France -, était donc une belle perspective pour lui. Mais il a vite déchanté.
«J'ai essayé deux fois et ça m'a suffi. Je perds du temps. A chaque fois, le bus venait de partir devant moi... Et puis finalement, même en le prenant, il me reste 10-12 minutes à marcher jusqu'à mon lieu de travail donc j'ai autant prendre le bus directement à la gare de Luxembourg», explique-t-il.
S'ajoute à cela une zone particulièrement «dangereuse» une fois arrivé à Howald, selon lui. «On marche dans une zone qui n'est pas conçue pour des piétons ou des vélos. Avec le trafic, c'est très dangereux».
Un reproche que font également Anne et son compagnon, qui utilisent leurs vélos quotidiennement. «Je ne suis pas convaincue par ce nouvel arrêt. On vient à vélo et franchement, c'est très dangereux, ce n'est pas praticable du tout, il n'y a pas de piste cyclable pour le moment», souligne-t-elle.
«Cet arrêt ne dérange pas trop, vu tous les autres soucis sur la ligne 90»
Et monter dans le train le soir depuis l'arrêt Howald? Impossible, d'après la frontalière, encore moins à vélo. «Les trains sont déjà remplis à Luxembourg, il y a trop de monde et pas assez de places. Alors imaginez si je débarque avec mon vélo à l'arrêt Howald - le premier où s'arrêtent les trains en sortant de Luxembourg vers la France ndlr - les gens ne seront pas du tout amicaux!», explique-t-elle en riant.
Cette semaine, dans le train reliant Metz à Luxembourg, nombreux étaient les frontaliers à souligner que l'arrêt Howald n'avaient pas changé grand-chose à leurs déplacements. «On s'arrête entre deux et cinq minutes pour effectuer cet arrêt. Vu tous les soucis que nous avons eus sur cette ligne chaque jour, ça ne dérange pas plus que ça au final».
«Howald? C'est un très bon changement, je gagne 20 minutes!»
L'arrêt Howald peut tout de même faire aussi des miracles. C'est le cas pour cette habitante de Bettembourg, que nous avons rencontrée à l'arrêt de bus de Howald, attendant son bus.
«Moi je suis très contente de ce changement. Avant je devais prendre un bus à un horaire vraiment pas pratique pour moi qui doit ramener mes enfants à l'école. Mais depuis que cet arrêt a été mis en place, je gagne 20 minutes et j'ai enfin des horaires convenables!».
Même son de cloche du côté d'Eric, frontalier venant de Hagondange. Il gagne du temps depuis le 10 décembre dernier. «Avant je devais prendre un bus à Luxembourg-Ville pour revenir vers Howald, où je travaille. Maintenant, j'ai certes, moins de trains, mais je suis gagnant, je n'ai plus que 5 minutes de marche une fois arrivé à quai.»
Les CFL ne disposent pas à ce jour de données de fréquentation concernant ces nouvelles gares. Mais le ministère des Infrastructures assure que les passagers venant du Sud, comme c'est le cas pour Grégoire, Anne, Eric et cette habitante de Bettembourg, seraient «contents» des nouvelles infrastructures et notamment, aussi, de l'arrêt Pfaffenthal et son funiculaire.
«C'est très frustrant quand on sait qu'on va louper notre correspondance»
Qu'en disent justement les principaux intéressés? Ces voyageurs qui, une fois en gare de Luxembourg, s'aventurent vers le Nord et le très fréquenté quartier d'affaires du Kirchberg?
Pour beaucoup, l'installation du funiculaire et l'arrêt Pfaffenthal pourraient être une réussite... si les correspondances étaient à l'heure. C'est notamment le cas de Dimitri, Thomas et Sacha, trois travailleurs qui doivent chausser leurs baskets de course pour espérer attraper leur correspondance chaque matin.
Pourtant, Thomas assure que le funiculaire lui ferait gagner 10 bonnes minutes de trajet, s'il arrive un jour à monter dedans. «Si j'attrape la correspondance en moins de cinq minutes, ça ne ferait que 5 autres minutes pour arriver au funiculaire! Contre bien 15-20 minutes par la ville en heures de pointe et à vélo, surtout pas en bus», explique-t-il.
Dimitri ironise, mais explique qu'il a constamment l'application CFL ouverte sur son téléphone, pour éviter au possible de rater une correspondance ou se rabattre sur un bus en gare de Luxembourg. «Mon temps de parcours est, au mieux identique, dans la majorité des cas, 5 à 10 minutes plus long par rapport au bus».
Sacha lui, assure qu'il peut gagner parfois jusqu'à 20 minutes de temps. «Je travaille à la Cour des comptes européennes et lorsque j'ai ma correspondance, c'est super, mais la majeure partie du temps.... C'est frustrant! On est en retard avec le précédent train et du coup on sait qu'on va louper notre correspondance.»
«Pas forcément une alternative plus rapide que la voiture à certains horaires»
D'autres voyageurs mettent l'accent sur les nombreux changements à faire pour rejoindre une destination. Pas toujours facile de se repérer, surtout en gare de Luxembourg selon cette internaute.
Même si elle avoue que depuis le 10 décembre, elle gagne un «temps de transport stable contrairement à avant où le bus bondé mettait 25, 30 ou 45 minutes. Il y a pas mal de changements à faire mais ça s'enchaîne plutôt bien».
Certains voyageurs vont également dans ce sens, et pensent même que le funiculaire n'est pas «forcément une alternative plus rapide que la voiture à certains horaires». Trop de changements, de retards, qui font que cette nouvelle infrastructure ne change pas grand-chose à leurs trajets quotidiens.
117.508 voyageurs dans le funiculaire en décembre 2017
Rares sont donc les voyageurs que nous avons interrogés à être pleinement satisfaits de la mise en route de ce funiculaire. Mais ils existent ! Sur les 117.508 voyageurs qui ont emprunté ce moyen de transport en 2017 - selon les CFL - certains sont aux anges, et l'ont fait savoir, comme Delphine.
Gilles rejoint également l'avis de Delphine et gagne environ 15 minutes tous les matins. Clémentine elle, est soulagée, car elle bénéficie enfin de trajets sans stress.
Tram: plus de 8.400 passagers par jour
Le tramway lui aussi, semble faire des heureux. Même si certains voyageurs évoquent des trams «à 90% vide» et «beaucoup trop lents», le ministère des Infrastructures assure avoir eu beaucoup de retours positifs, notamment de la part des personnes qui viennent du Nord du pays, qui en profitent le plus, avec parfois des voyageurs qui gagnent une heure de route par jour.
Les premiers chiffres de Luxtram ne seront publiés qu'au début février, mais le directeur souligne que le nombre de passagers prévisionnel de 8.400 passagers par jour aurait été dépassé.
Les arrêts les plus fréquentés sont d'ailleurs Rout Bréck, Luxexpo et Alphonse Weicker. «Des améliorations pour les personnes qui viennent de l'Est sont en cours, nous travaillons là-dessus». Rappelons toutefois que le tram a vécu quelques épisodes malheureux, avec notamment deux pannes la première semaine de son entrée en fonction.