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Annonces anti-covid

Il faut (re)passer aux choses sérieuses

Plus le choix : le gouvernement doit tourner dans l'urgence les "autres vis de réglage" dont il dispose sous peine de voir le Luxembourg revivre le scénario noir de décembre 2020 avec confinement généralisé en guise de cadeau.

Contrairement à voilà dix jours, les visages devraient être plus graves cet après-midi.

Contrairement à voilà dix jours, les visages devraient être plus graves cet après-midi. © PHOTO: Guy Jallay

Patrick Jacquemot

Il y a un an, exactement à la même époque, le Luxembourg tremblait déjà. Ou plutôt encore. Après un été où l'épidémie avait offert un premier répit, les compteurs s'affolaient. Un 300ème mort en lien avec l'épidémie enregistré, plus de 9.000 infections actives recensées, un couvre-feu décrété, des salles de sports, des cinémas, des bars, des restaurants fermés, des opérations déprogrammées à l'hôpital, le dépistage des enfants à l'école décidé : le gouvernement fermait les écoutilles face à la vague covid annoncée.

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Douze mois plus tard, une même angoisse pointe. Et revoilà Xavier Bettel (DP) et Paulette Lenert (LSAP) contraints d'intervenir plus vite qu'ils ne l'avaient envisagé il y a deux semaines encore. Mi-novembre, il était encore question de se laisser le temps jusqu'au terme de l'actuelle loi covid pour annoncer de nouveaux dispositifs. Après un premier conseil de gouvernement vendredi (qui a déjà fixé de nouveaux protocoles dans les écoles et pour les maisons de retraite), l'exécutif a tenu une nouvelle réunion ce matin. Cela après avoir consulté les partenaires sociaux. Oui, ça sent le roussi...

Et dire qu'il y a encore quelques jours, au micro de RTL, la ministre de la Santé s'étonnait de voir combien le Luxembourg ressemblait à une «île». La reprise des nouvelles infections submergeait les pays voisins, mais le tsunami épargnait encore le Grand-Duché. C'est fini. Les chiffres parlent : 31% de nouveaux cas covid+ détectés d'une semaine à l'autre, près de 300 infections de plus chaque jour (quand il n'y en avait que 12 en juin encore) et une cinquantaine de lits actuellement occupés par des maladies covid pris en charge par des soignants au bord de la rupture.

S'il faut agir sans attendre, c'est que la santé publique le réclame. Dix-huit victimes du virus en un mois (866 au total), cela n'a rien de glorieux. Pas plus qu'est glorieux le taux de vaccination luxembourgeois : 77% de la population en âge (l'Espagne dépasse les 80%). Certes en onze mois, le pays a administré 895.000 doses mais certaines classes d'âge sont encore loin d'adhérer à la campagne d'injection. A ce sujet, on verra si le gouvernement rejoint l'avis de l'Agence européenne des médicaments et abaisse l'âge de la vaccination en dessous des 12 ans. Maintenant, il faut accélérer la vaccination sans plus tergiverser. Plusieurs scientifiques le réclament notamment pour la fameuse dose booster.

S'il faut agir, c'est aussi parce que la santé économique du pays le réclame. Certes l'emploi se porte bien et le chômage partiel retrouve un faible niveau, mais qu'adviendrait-il si la situation sanitaire poussait les autorités à réimposer un nouveau confinement? Les entreprises ne veulent même pas envisager ce scénario «à l'autrichienne». A L'Essentiel, le représentant du patronat Jean-Paul Olinger, affirmait encore ce matin que l'Union des entreprises était prête à approuver toute mesure permettant «d’éviter les fermetures et de passer l’hiver sans trop de dégâts».

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A voir si la même urgence motivera aussi les syndicats. OGBL, LCGB et CGFP ont sorti les griffes face à un CovidCheck appliqué en milieu professionnel alors que celui-ci n'était qu'optionnel. Quelle sera leur réaction si le gouvernement annonce que le contrôle de l'état ''testé, guéri, vacciné" devient obligatoire pour l'ensemble des salariés?

Par ailleurs, le télétravail - toujours recommandé- va-t-il être encore plus chaudement poussé? L'Etat s'engagera-t-il vers plus de limitations à l'égard des non-vaccinés? La police va-t-elle être amenée à durcir ses contrôles? Les marchés de Noël, à peine ouverts, devront-ils ranger les guirlandes avant même le passage de saint Nicolas? Les commerces vont-ils être forcés d'adopter de nouvelles jauges plus limitées, y compris à l'approche du rush des dimanches de l'Avent?

Réponses cet après-midi, 17h en direct sur notre site.

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