«Je n'ai rien pu faire»
Au deuxième jour du procès concernant l'accident mortel lors d'une course-poursuite à Lausdorn en 2018, les accusés ont pris la parole.
Les faits se sont produits à cette intersection à Lausdorn au petit matin du 14 avril 2018. © PHOTO: Chris Karaba
Lors du deuxième jour du procès, il était possible de constater à quel point l'accident mortel survenu lors d'une course-poursuite sur la N7 à la hauteur de Lausdorn ébranlait encore le conducteur. Ce dernier doit maintenant répondre d'homicide par négligence devant le tribunal, quatre ans après les faits. «Nous nous sommes approchés de l'endroit où se trouvait la Skoda. Nous sommes arrivés par l'arrière...», décrit l'officier de police en évoquant les événements de la nuit du 14 avril 2018. Puis, il s'interrompt, luttant contre les larmes.
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Cette nuit-là, deux voitures de police, une Skoda et un minibus, s'étaient lancées à la poursuite d'un conducteur qui voulait se soustraire à un contrôle à Wemperhardt. Les policiers n'ont pas remarqué que le fuyard s'était engagé dans un chemin au volant de son Audi quelques mètres plus loin, derrière une station-service. Un accident s'est alors produit entre les deux véhicules de police à la hauteur de Lausdorn.
Après quelques instants, le prévenu poursuit sa déposition. Il explique qu'il a freiné brièvement à l'approche de la Skoda. Il a alors remarqué «à 100.000%» les feux arrière d'une autre voiture plus loin. Il savait à ce moment-là que la Seat que les agents avaient arrêtée plus tôt ne pouvait pas être la voiture en fuite.
Il n'y a pas eu de communication radio indiquant que la Seat n'avait pas été dépassée. Le conducteur du minibus a donc accéléré pour contrôler la voiture repérée en avant. Au même moment, la Skoda de la police a entamé un demi-tour. Une collision s'est alors produite entre les deux véhicules de police, qui a coûté la vie au conducteur de la Skoda. La fonctionnaire de police qui se trouvait sur le siège passager a été très grièvement blessée et ne s'est toujours pas remise des conséquences de l'accident.
«J'ai vu des gyrophares»
«Je n'ai rien pu faire», explique le conducteur. Selon lui, l'autre voiture est tout simplement sortie sans actionner le clignotant. «Pour moi, il était impensable qu'il se déplace vers la gauche». Il considère donc que l'autre conducteur est responsable de l'accident.
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Un expert a confirmé que l'accident n'aurait pas pu être évité compte tenu des circonstances et de la vitesse à laquelle le conducteur du minibus de police roulait. Ce dernier indique avoir vu la Skoda démarrer une seconde et demie avant la collision. Il se trouvait alors à 70 mètres du lieu de l'accident. Une seconde avant la collision, il avait déjà freiné et réduit sa vitesse de 160 km/h à 137 km/h. «Il a réagi au moment où cela était possible», a déclaré l'expert. Comme il l'a encore expliqué, le conducteur de la Skoda de la police, l'homme qui est décédé dans l'accident, aurait en revanche pu éviter la collision en regardant dans son rétroviseur latéral.
Le témoignage de la conductrice de la Seat, qui avait été arrêtée par l'agent de police juste avant l'accident, va également dans ce sens. Après que l'agent fut retourné à sa voiture, son collègue lui aurait dit de continuer à rouler. «Mais en regardant dans le rétroviseur latéral gauche, j'ai vu des gyrophares s'approcher», a expliqué la femme.
Mauvaise décision
L'expert a par ailleurs indiqué que l'accident aurait sans doute pu être évité si le minibus de la police avait roulé à une vitesse maximale de 80 km/h à 85 km/h. Il s'agit cependant d'une vitesse située en dessous de la limite autorisée sur le trajet et cela ne tient pas compte du fait que les policiers étaient en service d'urgence. Le premier jour du procès, le passager du conducteur en fuite avait déclaré avoir vu le chiffre 180 sur le compteur de vitesse.
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Ce dernier a reconnu qu'il roulait «vite» et qu'il avait bu de l'alcool. Il aurait certainement pris la mauvaise décision en faisant demi-tour avant le contrôle de police. Mais selon lui, il n'est pas responsable de l'accident mortel et n'a mis personne en danger. Il a sans doute mis le feu aux poudres, mais l'accident est dû à un «enchaînement de circonstances malheureuses».
Le procès se poursuivra ce vendredi.
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