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L'armée joue la grande muette dans l'affaire LUXEOSys

Le général Alain Duschène s'est expliqué lundi devant la commission du Contrôle de l'exécution budgétaire. A l'en croire, ce n'est qu'après l'adoption de la loi que l'armée a pris connaissance des détails concernant le projet de satellite militaire d'observation.

Pour le général Alain Duschène, chef d'état-major, c'est clair: l'armée n'a pas été impliquée dans le développement du projet

Pour le général Alain Duschène, chef d'état-major, c'est clair: l'armée n'a pas été impliquée dans le développement du projet © PHOTO: Anouk Antony

(JFC, avec Marc Hoscheid) - La question hante les travées de la commission parlementaire de Contrôle de l'exécution budgétaire depuis de nombreux mois déjà: le dépassement budgétaire du satellite militaire luxembourgeois LUXEOSys - passé de 170 à 350 millions d'euros - n'a pas fini de faire couler de l'encre.

À la mi-juillet, François Bausch (Déi Gréng), qui a hérité du projet de son prédécesseur à la Défense Etienne Schneider (LSAP), déclarait que les coûts supplémentaires se situeraient finalement entre 117,7 et 138,3 millions d'euros, au lieu de 180. C'est dans ce contexte que le général Alain Duschène, le chef d'état-major était appelé à témoigner lundi devant les députés.

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Affirmant que «l'armée n'avait pas du tout été impliquée dans le développement du projet», le général a suscité «la surprise chez les parlementaires», rapporte le site de la Chambre. D'autant plus qu'Etienne Schneider avait naguère déclaré que c'est bien l'armée qui aurait dû exploiter le satellite. Très «étonné par le manque de communication entre la Défense et l'armée», Mars Di Bartolomeo (LSAP) exige que dorénavant «toutes les cartes soient mises sur la table».

Selon Alain Duschène, qui sera admis à la retraite le 29 septembre prochain, ce n'est «que le 25 janvier 2019 qu'une étude de faisabilité a été réalisée concernant l'installation des antennes nécessaires au centre militaire de Herrenberg à Diekirch». C'est-à-dire six bons mois déjà après l'adoption de la loi par la Chambre...

«Des méthodes de cow-boy»

Diane Adehm (CSV), la présidente de la commission a rétorqué que «les antennes ne peuvent pas être implantées au Herrenberg.» Et ce, pour deux raisons techniques. Primo, leur mouvement de pivotement nécessite un espace suffisant qui n'existe pas en raison d'un hangar adjacent. Secundo, il n'est pas possible de fixer l'infrastructure sur une base bétonnée, car cela créerait des interférences avec le décollage et l'atterrissage des drones.

Par ailleurs, Diane Adehm avoue ne pas comprendre pourquoi Etienne Schneider a fait passer le projet au Parlement à une telle vitesse. «Ce sont des méthodes de cow-boy», s'est exclamée la présidente de la commission, ajoutant «sans doute pensait-il à ce moment-là que son parti ne serait plus représenté au gouvernement après les élections de 2018». La députée CSV écarte néanmoins tout avantage personnel dans le chef de l'ex-ministre de la Défense.

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Egalement sujet à l'étonnement, André Bauler (DP) est d'avis que «le projet naguère présenté à la Chambre n'était pas suffisamment abouti» et avertit qu'«à l'avenir, des études de faisabilité devront être réalisées avant qu'une loi ne soit votée».

Concernant le suite de la procédure, la présidente de la commission a révélé que Patrick Biewer, le directeur général de LuxGovSat, témoignera le 25 septembre devant les députés, sans exclure que «d'autres personnes soient interrogées ensuite à leur tour». Et afin de respecter le calendrier jusqu'au lancement du satellite, la Chambre doit approuver une loi de financement supplémentaire de 139 millions d'euros d'ici novembre. «Si le projet devait être abandonné à ce stade, une grande partie des 145 millions d'euros initialement estimés serait perdue», selon François Bausch.

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