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Polémique

L'armée luxembourgeoise a engagé un médecin sulfureux

L'urgentiste a été condamné en Belgique pour fraude et est également accusé d'avoir falsifié des certificats covid. L'armée dit qu'elle ignorait ces faits avant son embauche. L'homme a, depuis, quitté son poste.

Parfois, il suffit d'aller sur Google pour éviter de mauvaises surprises lors d'un recrutement.

Parfois, il suffit d'aller sur Google pour éviter de mauvaises surprises lors d'un recrutement. © PHOTO: Photo d'illustration: Shutterstock

Dans le secteur privé, les candidats doivent présenter un certificat de bonne conduite au plus tard au moment de la signature de leur contrat de travail. La situation devrait être encore plus stricte dans le secteur public. Selon les informations du Luxemburger Wort, ce n'est qu'à l'automne dernier, lors de l'embauche d'un médecin par l'armée luxembourgeoise, que le Collège médical (voir encadré ci-dessous) s'est aperçu, lors de la procédure d'autorisation, que l'employé avait un casier judiciaire en Belgique et que d'autres procédures à son encontre étaient en cours. A ce moment-là, le médecin avait déjà commencé à travailler.

Expertise du Collège médical

Les dossiers personnels, lorsqu'ils sont complets, sont transmis par le ministère de la Santé, responsable de l'autorisation d'exercer des professions de santé, au Collège médical (CM) pour expertise. Le candidat est alors convoqué à un entretien au cours duquel ses connaissances linguistiques et son honorabilité professionnelle sont évaluées. Le CM transmet ensuite son évaluation au ministère.

Le Dr Mouhamadou Diagne est médecin urgentiste. Ce Sénégalais d'origine a fait plusieurs fois la une des médias belges. Ainsi, en novembre 2021, il a été révélé qu'il avait délivré, contre rémunération, en Wallonie, en Flandre et à Bruxelles, 2.020 faux certificats covid à des personnes qui n'avaient jamais été vaccinées. Le certificat était facturé entre 200 et 1.000 euros...

Un «véritable scandale sanitaire», selon la ministre wallonne de la Santé, Christie Morreale. Après deux mois de détention préventive, il avait été placé sous bracelet électronique et assigné à résidence. Cette procédure contre le médecin, qui a reconnu les faits, est toujours en cours.

Déjà accusé d'escroquerie en 2018

Il s'était déjà fait remarquer en 2018, lorsqu'il avait escroqué de l'argent à des connaissances. Ce qui lui a valu d'être condamné, en mai 2022, par le tribunal correctionnel de Liège, à une peine de probation de deux ans pour faux et usage de faux, escroquerie et fraude fiscale.

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Il aurait emprunté quelques milliers d'euros à plusieurs de ses connaissances, qu'il n'a jamais remboursés et avec lesquels il a assouvi sa dépendance au jeu. Au moins trois de ses victimes ont porté plainte. Il aurait en outre extorqué de l'argent avec des sextapes, annonçait L'Avenir en avril 2022. Son autorisation d'exercer la médecine ne lui avait pas été retirée à l'époque. Il devait toutefois suivre une thérapie pour maîtriser sa dépendance au jeu.

Silence radio dans un premier temps

La direction de la Défense n'a pas démenti l'engagement au Luxembourg mais n'a pas, dans un premier temps, répondu aux questions du Luxemburger Wort. Ainsi, lorsqu'il a été demandé si le Dr Diagne avait été embauché, à partir de quand et sous quel statut, il a été répondu, que pour des raisons de protection des données, il fallait vérifier en détail si ces données pouvaient être publiées.

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La demande comportait des questions sur des données sensibles ou personnelles. Deux jours plus tard, la réponse est parvenue : «Actuellement, le Dr Diagne n'est pas actif pour l'armée sous quelle que forme que ce soit. Pour des raisons juridiques, nous ne pouvons pas en dire plus», expliquait la direction de la Défense dans un premier temps.

La direction de la Défense apporte enfin des précisions

Mais mercredi, à la suite de la parution de l'article dans le Luxemburger Wort, les responsables de l'armée ont recontacté le journal pour apporter des précisions sur le cas du Dr Diagne. Les voici:

• «Le Dr Diagne n'a pas été employé par l'armée ni par la direction de la Défense en tant que médecin de l'armée ou employé, mais en tant que prestataire de service externe avec un contrat de prestation de service.»

• Avant la signature de ce contrat, le Dr Diagne a pu justifier de son autorisation d'exercer une profession de santé. Celle-ci avait été délivrée des années auparavant après un examen préalable par le Collège médical.

• Le Dr Diagne a fourni un certificat de bonne conduite en cours de validité. Celui-ci ne mentionnait ni sa condamnation de 2022 ni les accusations concernant les certificats covid. «Par conséquent, les documents fournis n'ont donné lieu à aucune méfiance.»

• Le Dr Diagne a commencé son service pour l'armée le 1er décembre 2022. Quelques jours plus tard, les responsables ont été informés des accusations et du comportement du Dr Diagne. Il a alors été immédiatement décidé de ne plus recourir à ses services jusqu'à nouvel ordre

Selon les informations du Luxemburger Wort, il a quitté de son plein gré son bureau de l'armée au Herrenberg, à Diekirch. Tout s'est déroulé «très rapidement et sans bruit».

Ces informations ont été publiées initialement sur le site du Luxemburger Wort. Traduction et remise en forme: Pascal Mittelberger

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