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Des perspectives peu encourageantes

L’artisanat luxembourgeois tire la sonnette d’alarme

L’assemblée plénière de la Chambre des métiers a analysé la situation conjoncturelle dans la construction et a conclu que les perspectives à court terme dans certaines activités se sont considérablement assombries.

Selon la Chambre des métiers, certaines décisions et annonces politiques récentes ont envoyé des messages négatifs aux investisseurs.

Selon la Chambre des métiers, certaines décisions et annonces politiques récentes ont envoyé des messages négatifs aux investisseurs. © PHOTO: Shutterstock

Dans le prolongement des constats faits en décembre dernier par les organisations de l’artisanat, les membres élus de la Chambre des métiers ont conclu sur le risque d’une diminution considérable du niveau d’activité dans le secteur de la construction dont les contours se dessinent d’ores et déjà.

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Ainsi, les perspectives sont peu encourageantes pour 2023, sachant que l’inflation, la hausse des prix de l’énergie, l’augmentation des coûts des matériaux et des salaires et surtout la hausse des taux d’intérêt ont entraîné une réduction massive des investissements dans la pierre avec pour conséquence un impact négatif au niveau du chiffre d’affaires et du niveau d’activité de l’ensemble des acteurs intervenant sur les projets de construction. Par ailleurs, selon la Chambre des métiers, certaines décisions et annonces politiques récentes ont envoyé des messages négatifs aux investisseurs.

L'environnement d’investissement considérablement dégradé

Rappelons que le Statec a confirmé la tendance de baisse en constatant une réduction considérable du volume bâti autorisé pour les logements de 27% sur les trois premiers trimestres 2022 en comparaison avec la même période de 2021 et une baisse du nombre d’actes de vente d’appartements neufs de 64% au 3ème trimestre 2022 comparé à la situation d’avant la pandémie. La Banque centrale du Luxembourg relève quant à elle une baisse considérable des nouveaux crédits immobiliers contractés par les ménages résidents de 28% en janvier 2023 (en comparaison avec janvier 2022) et une chute sensible de l’indicateur mesurant les intérêts des consommateurs à réaliser actuellement des achats importants.

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Sur cette toile de fond, le niveau d’activité sur le marché des nouvelles constructions risque de continuer à se dégrader avec une intensité accrue, comme l'indique la Chambre des métiers. «Impactant prioritairement les corps de métiers du gros œuvre et de la fermeture du bâtiment (toiture) ainsi que du parachèvement (carreleurs, peintres). La situation risque toutefois aussi d’empirer pour d’autres activités connexes (électriciens) étant donné le fait que le retournement de la situation avec à la base le report, voire la non-réalisation de projets faute d’investisseurs touchera à terme toute la filière de la construction», annonce l'institution.

Carnets de commandes en repli et marchés alternatifs limités

La dernière enquête de conjoncture de la Chambre des métiers a mis en évidence que 44% des entreprises affichaient un carnet de commande de moins de 3 mois et 79% un carnet de moins de 6 mois. Le secteur estime qu’en 2023 la production diminuera de 1.500 unités en passant de 3.800 à 2.300 logements achevés.

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L’effet négatif au courant de 2023 de cette réduction de logements sur les carnets de commande de nombreux corps de métiers sera dès lors considérablement renforcé. «L’assemblée plénière de la Chambre des métiers constate une multiplication de messages alarmants en provenance des différentes activités concernées par l’affaissement du marché privé des nouveaux logements».

Alors que des entreprises des clusters «fermeture du bâtiment» et «parachèvement» ont entretemps engagé des stratégies de changement, notamment au niveau de la rénovation, certains segments de marché risquent toutefois d’être saturés sur le court terme. «Par conséquent, de nombreuses entreprises de différents corps de métiers ne seront pas en mesure de compenser rapidement la baisse de production de logements et risquent donc de subir dans les mois à venir une situation sans commandes nouvelles et des équipes non affectées», craint la Chambre des métiers.

Un appel au gouvernement

Alors que certaines voix parlent d’un ajustement normal du marché», les entreprises familiales concernées – surtout les micro-entreprises et les jeunes entreprises - subissent pleinement le choc externe dû à la guerre en Ukraine et ses conséquences économiques.

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Dès lors, étant donné la situation conjoncturelle très tendue, situation que le secteur de la construction n’a jamais connu dans le passé récent, l’artisanat appelle une prise de responsabilité de la part du gouvernement. «Il importera dans les semaines à venir de préparer le terrain ensemble avec le secteur en vue d’adopter des mesures de soutien temporaires et ciblées avant les mois d’été, période qui risque d’être une phase décisive pour la survie des entreprises subissant pleinement le recul conjoncturel».

Pour la Chambre des métiers, même si à terme la relance était au rendez-vous, l’arrêt des projets de construction au niveau du gros œuvre entraînera que les entreprises intervenantes des autres corps de métiers, notamment du parachèvement, qui, dans la suite séquentielle des projets, interviennent à des stades ultérieurs, devraient attendre des mois avant d’avoir à nouveau un niveau d’activités acceptable.

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