«L'égalité est un droit fondamental»
Pour Taina Bofferding, il reste encore beaucoup de travail en matière d'égalité au Luxembourg, une tâche qu'elle compte parfaitement «assumer». La ministre de l'Intérieur (LSAP) évoque également les pistes à suivre en matière de logement.
Esch/Alzette toujours en vue: même si la capitale est aujourd'hui sa maison politique, Taina Bofferding reste fermement enracinée dans la métropole du fer. © PHOTO: Guy Wolff
SW avec Marc Schlammes - Taina Bofferding (LSAP) est non seulement l'un des nouveaux visages du gouvernement - à l'image de Sam Tanson -, mais aussi l'un des plus jeunes. A tout juste 36 ans, l'Eschoise à la tête du ministère de l'Intérieur et de l'Egalité entre les femmes et les hommes, s'est confiée dans une interview accordée au Luxemburger Wort sur sa vision de l'égalité au Luxembourg.
«Il reste encore beaucoup de travail à faire. Ce sont surtout les femmes qui sont victimes de stéréotypes et qui doivent lutter contre eux. Mais l'égalité est un droit fondamental. En fin de compte, il s'agit simplement d'une société juste, fondée sur la solidarité.
Je vois deux grandes missions pour ce ministère, qui est certes, petit, mais très important: d'une part, remédier aux injustices existantes et, d'autre part, promouvoir l'égalité dans les communautés, les écoles ou encore les structures d'accueil par exemple», explique-t-elle.
«L'égalité est un droit fondamental. En fin de compte, il s'agit simplement d'une société juste, fondée sur la solidarité». © PHOTO: Guy Wolff
Taina Bofferding n'hésite d'ailleurs pas à prendre en exemple les services de secours du pays, qu'elle supervise, composés en majorité d'hommes luxembourgeois. «Le CGDIS est conscient de ce fait et le directeur général, Paul Schroeder, a récemment souligné lors d'une conférence de presse que nous ne pouvons nous permettre de nous passer de 50% de la population. Le service de secours luxembourgeois deviendra plus inclusif à l'avenir, c'est certain et fera davantage d'efforts pour impliquer les femmes et les citoyens étrangers».
Toujours dans le registre de l'égalité, mais loin des clivages "femmes/hommes", la ministre LSAP explique avoir commandé une étude à l'Université du Luxembourg pour examiner la situation des jeunes du pays, afin de lutter contre les stéréotypes «profondément enracinés dans notre vie quotidienne».
«Les résultats scientifiques qui en résulteront permettront ensuite aux décideurs d'agir. Prenons l'orientation professionnelle, par exemple: nous devons promouvoir les talents et les intérêts. L'objectif ne peut être de rendre justice à la pensée d'un casier. Il ne s'agit pas non plus d'une question d'égalitarisme», souligne la ministre.
La question du logement
La problématique du logement au Luxembourg fait débat depuis de nombreuses années et reste le premier sujet de préoccupation des Luxembourgeois. Un «immense défi» dont a bien conscience la ministre de l'Intérieur, qui souhaite prendre le sujet à bras-le-corps, conjointement avec les municipalités.
«Nous avons besoin du soutien actif des communautés. Il est donc important que nous nous familiarisions avec leurs besoins. C'est ce qui se fait actuellement avec l'évaluation du Pacte logement, qui est en train d'être relancé avec une orientation différente.
Processus participatif : la ministre de l'Intérieur Taina Bofferding (LSAP) veut impliquer tous les acteurs des 102 communes du pays dans la réforme du droit municipal ; un premier échange a eu lieu début juillet à Niederanven. © PHOTO: Guy Jallay
A l'Intérieur, nous sommes également en train de clarifier les dernières questions juridiques concernant les contrats de terrains à bâtir. Avec cet instrument, nous créons une planification positive, car il nous donne la possibilité de développer des zones désignées dans certains délais. Et puis il y a la réforme de l'impôt foncier pour contrer la spéculation, qui est un problème majeur».
Une approche participative donc, pour répondre aux défis actuels du pays. «Le moment est venu de définir les ressources dont une municipalité a besoin pour répondre aux besoins d'aujourd'hui et de demain.»
«Pas de fusions forcées»
«Tout cela doit se faire sur une base participative, c'est-à-dire que les municipalités et toutes leurs parties prenantes doivent être impliquées dans ce processus de réforme. Ce n'est qu'ainsi que nous pourrons bénéficier des compétences et des expériences municipales et que nous pourrons donner vie au slogan de la réforme, "Mateneen fir eng modern Gemeng"», renchérit Taina Bofferding.
Les municipalités se trouvent également depuis plus d'un an sous le spectre des fusions. Une peur que comprend la ministre LSAP qui tient à rassurer. «Il n'y aura pas de fusions forcées avec moi. L'initiative de la fusion doit venir des municipalités elles-mêmes.
Dès qu'il y aura de l'intérêt pour la fusion, l'Intérieur accompagnera bien sûr ce processus par des conseils et des actions. Nous travaillons actuellement à l'élaboration d'une sorte de brochure des "meilleures pratiques" avec des exemples de fusions réussies», explique-t-elle.
«Je reste socialiste et j'ai à cœur que le LSAP remonte.» © PHOTO: Guy Wolff
Dès qu'il y aura de l'intérêt pour la fusion, l'Intérieur accompagnera bien sûr ce processus par des conseils et des actions. Nous travaillons actuellement à l'élaboration d'une sorte de brochure des "meilleures pratiques" avec des exemples de fusions réussies», explique-t-elle.
Celle qui est au gouvernement depuis décembre 2018 assure également assumer ses tâches de façon responsable, tout en gardant à l’œil ce qui se passe au sein de son propre parti, le LSAP. Un parti en crise depuis quelques années, comme en témoignent les scores décevants des dernières élections législatives d'octobre 2018.
«Je reste socialiste et j'ai à cœur que le LSAP remonte. J'apporterai d'ailleurs mon aide à ce propos. Il me semble important de recruter tôt lors de l'établissement des listes. Il faut agir stratégiquement dès maintenant et voir quels profils le parti possède et ce qui nous manque. Je pense en particulier aux jeunes et leur mouvement "Friday's Future", qui montre bien qu'ils veulent apporter leurs idées au processus politique.»
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