L'engagement climatique passe au degré supérieur
Face à l'urgence, le Luxembourg a décidé de rehausser ses objectifs environnementaux. Ainsi, d'ici 2030, le pays n'entend plus réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 40% mais de 55%. Une loi va bientôt fixer la voie pour y arriver.
Claude Turmes et Carole Dieschbourg ont présenté les nouveaux axes de la politique climatique. © PHOTO: Chris Karaba
Lundi à Madrid, s'ouvrira la 25e COP. Et pour cette réunion mondiale d'acteurs engagés contre le réchauffement climatique, le Luxembourg arrivera avec une bonne nouvelle. Le conseil de gouvernement de ce vendredi a en effet décidé de placer plus haut la barre de ses engagements. «Nous engagerons le pays pour que d'ici 2050 il atteigne le zéro émission net», motive le ministre de l'Energie Claude Turmes (Déi Gréng).
Mais avant cela, il y aura une première marche à atteindre en 2030. «Il s'agira de réduire de 55% les émissions de gaz à effet de serre émis nationalement, indique la ministre de l'Environnement, Carole Dieschbourg (Déi Gréng). Jusqu'à présent, nous nous étions fixé une baisse de 40% par rapport aux chiffres 2005.»
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L'avis des scientifiques et la mobilisation de la jeunesse, comme ce vendredi encore devant la Chambre, ont ainsi convaincu l'Etat à devenir «plus ambitieux face à l'urgence». Et les deux ministres préviennent: «Tout le monde sera concerné. A commencer par l'ensemble du gouvernement» dont l'action sera désormais passée au crible d'un Comité de coordination interministériel pour l'action climat. «Car du ministère des Classes moyennes, à l'Habitat en passant par les Finances, chacun a un levier pour agir positivement.»
Naissance d'un Observatoire du climat
L'ambition luxembourgeoise mobilisera aussi l'ensemble des acteurs économiques. Des actions spécifiques pour limiter les rejets de gaz à effet de serre devront ainsi être mises en œuvre aussi bien par l'industrie, le secteur du bâtiment, les transports, l'agriculture ou le traitements des déchets et eaux usées. «Pour vérifier que nous agissons dans le bon sens, un monitoring sera créé. Chaque année, le Klima Bilan fera le point pour savoir si les objectifs sectoriels sont atteints», précisent les deux ministres.
De la nouveauté, la future loi devra en prévoir pour la naissance d'un Observatoire du climat. Cet organisme, indépendant, aura pour mission de réfléchir sur les aspects scientifiques et sociétaux de la politique climatique nationale. «Notamment de vérifier que l'équité sociale est bien respectée dans les différentes mesures prises pour veiller à freiner le réchauffement climatique.
La prochaine loi prévoira la création de nouvelles taxes
Le projet de loi fait aussi mention de l'ouverture d'une Plateforme pour l'action climat. Rassemblant aussi bien autour de la table Caritas que les représentants du patronat, de la place financière, des citoyens ou des experts pour «dialoguer sur le climat et l'énergie». Enfin, il est question de réviser l'actuel Fonds Climat.
En plus des dotations budgétaires nationales, le nouveau fonds pourrait bénéficier de cofinancement d'organes dédiés au soutien des projets de lutte climatique. La Banque européenne d'investissement ou le Kyoti Cent apportant leur obole, par exemple.
«Mais, même si ce n'est pas une priorité, la prochaine loi prévoira la création de nouvelles taxes. Ce pourrait être des contributions forfaitaires payées par les pollueurs ou quelque chose de ce type», envisage la ministre de l'Environnement. Les députés, dans les mois à venir, peaufineront cette éventualité.
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Par ailleurs, l'intervention du Fonds sera élargie. «Pour notamment permettre de soutenir les mesures d'adaptation au changement climatique dans nos forêts», note Claude Turmes.
Mais les deux ministres veulent du concret rapidement. C'est qu'il ne faut plus que le pays tarde à transposer dans son droit national la directive européenne sur le système d'échange de quotas de gaz à effet de serre. Texte qui fixe comme plancher à chaque Etat membre de l'Union de réduire de 42% ses émissions de gaz à effet de serre. «Nous ferons mieux!»