L'Horeca joue la carte de l'optimisme prudent
S'ils espèrent pouvoir prochainement redémarrer leur activité, les restaurateurs et cafetiers du pays réfléchissent d'ores et déjà à la meilleure recette de la reprise. Un défi qui passe, pour certains, par un regain de créativité pour attirer à nouveau les clients.
Derrière les portes closes des restaurants, les chantiers fleurissent dans la capitale. Nombreux sont ainsi les restaurateurs à profiter de cette pause forcée pour rénover leur établissement. © PHOTO: Anouk Antony
Depuis le 26 novembre dernier, l'incertitude reste au menu du secteur de l'Horeca. Car si la perspective d'une réouverture des cafés et restaurants «courant avril» a été évoquée vendredi dernier par Xavier Bettel (DP), aucune date n'a pour autant été arrêtée. Malgré le flou ambiant, cette simple possibilité permet aux quelque 2.240 établissements du pays d'entrevoir une lumière au bout du tunnel et saupoudre leur attente d'un optimisme prudent.
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«On espère pouvoir rouvrir, mais surtout rester ouvert», avance le chef Étienne-Jean Labarrère-Claverie. S'il ne cache pas sa lassitude face au suspense savamment entretenu par l'exécutif, le créateur du groupe Facebook «Laissez-nous travailler» assure vouloir «regarder vers le futur». Alors en attendant le coup d'envoi, le restaurateur s'attelle d'ores et déjà, comme bon nombre de ses confrères, à préparer la reprise. Non pas aux fourneaux, mais en effectuant quelques travaux.
Derrière les portes closes des bars et restaurants de la capitale, les ouvriers sont en effet nombreux à s'activer. Si certains professionnels du secteurs en profitent pour donner un nouveau souffle à leur établissement au travers d'un coup de peinture ou de la rénovation du parquet, d'autres vont plus loin, à l'image de Christophe Schivre. Ce gérant d'un établissement de la rue de Neudorf a décidé de mettre à profit ces (dernières) semaines de fermeture pour transformer sa terrasse en plage et créer un espace de coworking dans son restaurant devenu épicerie. De nouveaux aménagements qui constitueront, selon lui, «un vrai plus» puisque «les gens pourront venir télétravailler les pieds dans le sable», s'enthousiasme-t-il.
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De son côté, s'il se dit «déçu» que les bars et restaurants ne puissent ouvrir plus tôt, François Koepp, secrétaire général de l'Horesca, veut lui aussi voir le verre à moitié plein. «Les chances d'une réouverture en avril sont grandes», admet ainsi le dirigeant de la fédération représentative du secteur. Mais cette reprise, prévient-il, «ne doit pas se faire dans n'importe quelles conditions». La recette parfaite constituera donc à trouver le juste dosage entre santé, sécurité et viabilité des entreprises.
Raison pour laquelle il appelle le gouvernement à ne pas mettre en place des «restrictions impossibles». En d'autres termes, des mesures sanitaires qui seraient trop strictes pour que la réouverture de l'entreprise soit rentable. «Si elles ne permettent pas de travailler correctement, alors mieux vaut rester fermé», note François Koepp, rappelant qu'une reprise de l'activité signifie aussi la perte d'une partie des aides étatiques actuellement en place.
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Il s'agit donc «d'un calcul à faire». Pour autant, tous les bars et restaurants du pays ne sortiront pas indemnes de cette pandémie, certains étant «déjà fragilisés avant la crise». Et si la vague de faillites crainte n'a pas encore frappé à ce jour, il ne s'agirait que d'une question de temps. Au Luxembourg, les experts estiment d'ailleurs que pas moins d'une société sur dix ne seraient pas viables, maintenues en vie artificiellement.