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L'industrie préfère le DAP au Bac

La Fedil a sondé le tissu industriel luxembourgeois sur ses attentes en matière de recrutement. Et, aucun doute, les personnels disposant d'un diplôme d'aptitude professionnelle seront fort recherchés.

Représentant déjà de l'ordre de 48.000 salariés, le BTP reste un des secteurs majeurs en termes d'embauches à venir.

Représentant déjà de l'ordre de 48.000 salariés, le BTP reste un des secteurs majeurs en termes d'embauches à venir. © PHOTO: Claude Piscitelli

Patrick Jacquemot

Aucun doute, l'activité du pays redresse la tête. Au moins pour tenter d'apercevoir à quoi va ressembler l'avenir. La Fédération des artisans l'a fait, la Chambre de commerce a sorti son analyse, et maintenant c'est au tour de la Fédération des industriels luxembourgeois de se livrer à l'exercice. Et bonne nouvelle, il y a du recrutement dans l'air. Ainsi, 62 entreprises ont confirmé avoir l'intention d'embaucher dans les deux ans à venir. Soit possiblement 817 postes à pourvoir.

Lire aussi :D'ici 2023, se former devrait être «plus attrayant»

On sait que, malgré la première année de crise, l'emploi n'a pas cessé de progresser au Grand-Duché (+1,1% de salariés en plus en 2020). C'est là sans doute une des explications aux ''bons chiffres'' du chômage ces derniers mois. Mais d'ores et déjà, l'anticipation de main-d'oeuvre laisse augurer de nouvelles opportunités de recrutement. Selon l'enquête de la Fedil, d'ici 2023, les entreprises sondées seraient prêtes à remplacer 542 effectifs partants, et créer 275 nouveaux postes.

Aux yeux de la fédération, ces pronostics sont toutefois bien loin des attentes jusque-là exprimées. «Ce chiffre total d’embauches prévu est malheureusement le moins élevé depuis le lancement de l’enquête en 1998», note-t-on. Et de souligner que si habituellement, les réponses font état d'un niveau de création d'emplois dépassant les 50%, il n'est plus question cette fois-ci que d'un ratio de 33%. Un manque de perspectives économiques ralentissant logiquement les accroissements envisagés en matière de ressources humaines.

Mais la Fedil ne relance pas ce type d'enquête depuis 1998 uniquement dans le but d'observer comment comptent évoluer les effectifs de la branche industrielle. Tout l'intérêt de la démarche est de mettre en lumière les besoins actuels et l'avenir de la formation. «Le document est donc élaboré aussi bien pour les jeunes et leur famille (qui s'interrogent sur les études à mener) qu'aux services d'orientation scolaire et professionnelle», indique d'ailleurs le président de la fédération, René Winkin.

Avec ce message à faire entendre notamment : «Le Bac reste la formation la moins sollicitée par les entreprises industrielles». Trop généraliste, pas assez technique. Pour cette édition 2021, l'enquête montre aussi le désintérêt croissant pour les titulaires d'un BTS. Un changement alors qu'en 2019 encore les brevets de technicien supérieur faisaient l'objet d'une demande forte.

Non, pour les recruteurs du tissu industriel luxembourgeois ce qu'il convient d'appuyer ce sont les DAP, diplômes d'aptitude professionnelle. A eux seuls, ils représentent 46,3% des attentes de qualification. Le diplôme national sanctionnant l'accomplissement d'une formation professionnelle initiale atteste que l’apprenti possède les compétences théoriques et pratiques pour exercer le métier en question, en tant que travailleur qualifié. Donc potentiellement efficace rapidement. Avec cette particularité que le DAP peut être entrepris soit dès la sortie de 3e, soit par un adulte, en cours du soir ou en alternance.

Aussi, la Fedil demande au gouvernement de bien adapter l'offre de formation en ce sens. Tout comme elle interpelle l'Adem pour que soient proposés des compléments de formation aux demandeurs d'emploi démunis d'une formation professionnelle en lien avec les attentes du marché du travail, comme agents de fabrication par exemple.

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