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Sécurité

L'Inspection du travail plus active que jamais

Le covid aura boosté l'activité de l'administration qui désormais peut s'appuyer sur 86 inspecteurs. Au total, en 2020, 7.419 contrôles auront été effectués entraînant près de 2.105 amendes.

Pour Marco Boly, si pour l'heure l'ITM n'a pas vocation à inspecter dans le cadre du télétravail, il faudra toutefois mieux réguler la pratique à l'avenir.

Pour Marco Boly, si pour l'heure l'ITM n'a pas vocation à inspecter dans le cadre du télétravail, il faudra toutefois mieux réguler la pratique à l'avenir. © PHOTO: PJ

Patrick Jacquemot

«Mission accomplie.» Voilà le satisfecit accordé par le ministre du Travail, lundi matin, à l'Inspection du travail et des mines. Et si Dan Kersch (LSAP) est ainsi satisfait ce n'est certainement pas parce que de vérifications administratives en contrôles d'entreprises, l'ITM a pu rapporter près de 8,95 millions d'euros aux caisses de l'Etat. Non, «ces amendes ne sont rien en comparaison aux bienfaits procurés par l'Inspection sur les conditions de travail quotidiennes de milliers de salariés».

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Et ce n'est pas le covid qui aura freiné cet élan. Non seulement, l'an passé, l'administration aura poursuivi l'accroissement de ses effectifs d'inspecteurs (86 dont 61 sur le terrain) mais elle aura surtout passé la surmultipliée pour s'adapter à la crise sanitaire et son impact sur la vie des entreprises et des employés. «Ainsi, rien que lors du premier lockdown, nos services ont réalisé 3.207 visites pour bien vérifier qu'aucun chantier ne fonctionnait.» Un chiffre auquel il convient aussi d'ajouter les 2.102 contrôles covid effectués de mi-mars à fin décembre.

En dehors de ces missions ''sanitaires'', les inspecteurs de l'ITM auront aussi été actifs en matière de contrôle des travailleurs détachés œuvrant au Grand-Duché. Crise ou pas, plus de 139.528 travailleurs ont ainsi été envoyés pour des missions temporaires au Luxembourg (soit à peine moins qu'en 2019), avec obligation pour eux comme pour les employeurs de se plier aux règles en matière de droit du travail sur le territoire national.

En la matière, il reste visiblement fort à faire : un contrôle sur trois s'est soldé par une amende... «Il y a toujours une ribambelle d'entreprises qui tentent de ne pas faire de déclarations ou qui équipent mal les ouvriers qu'elles envoient, d'où ces sanctions», explique Marco Boly.

Et si l'ITM se fait ferme dans ce domaine c'est que tout laxisme sur le lieu de travail peut se payer cher. Le prouve l'augmentation de près de 25% des accidents du travail déclarés en 2020 à l'Inspection (501 déclarés dont quatre mortels). «La hausse ne s'explique pas. Mais l'origine constatée de plusieurs accidents nous a poussés à être encore plus stricts sur tout ce qui concernait les échafaudages et ceux qui évoluent dessus.» En effet, une des causes d'accident du travail croissante a été notée, en 2020, dans les travaux effectués en hauteur, sur chantier extérieur ou au sein même des sociétés.

Pour le ministre du Travail, il reste essentiel que l'Inspection du travail «continue à gagner en effectifs sur le terrain. Plus l'ITM sera visible, mieux sera la situation en matière de sécurité comme de respect des droits», indique Dan Kersch. Au-delà du rôle de contrôle d'ailleurs, le ministre de tutelle entend que son administration «gagne en efficacité dans son rôle de conseil aussi». Voilà donc déjà fixée une partie de la feuille de route des cinq inspecteurs à recruter en plus d'ici fin 2021.

Mais il est aussi des champs dont le ministre aimerait que l'ITM s'empare plus encore à l'avenir. Que ce soit sur les problèmes liés au harcèlement moral mais aussi ceux liés au travail à domicile. Si sur le home-office, un accord entre partenaires sociaux a été trouvé, aucune loi ne vient réglementer le contrôle de ce mode d'organisation qui a explosé avec la crise covid. «On va préparer un texte pour que l'Inspection du travail puisse tout de même être en mesure d'agir jusqu'au domicile où s'exerce une mission professionnelle, envisage le vice-Premier socialiste. Mais en attendant, il est important que le télétravail ne soit pas une obligation. Quiconque peut refuser de l'adopter et travailler comme avant au bureau.»

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