L'opposition gagne en crédit, pas le CSV
Si les électeurs luxembourgeois passaient par les urnes dimanche, la majorité actuelle perdrait de sa superbe. Car si le LSAP gagne en popularité, cela ne suffirait pas à compenser la montée des votes pro-Adr ou Pirate.
18% des électeurs sondés n'ont pas encore choisi pour qui ils pourraient voter. © PHOTO: Photo archives : Lex Kleren
Alors que la coalition DP-LSAP-Déi Gréng revoit de façon plutôt inattendue la composition du gouvernement, le dernier sondage national réalisé par Tns-Ilres auprès de 1.879 électeurs vient lui aussi rebattre les cartes du jeu politique. Après vingt mois de crise covid, la majorité au pouvoir a même du souci à se faire. Ou au moins à réfléchir à de nouvelles alliances pour les futures échéances électorales de 2023. Car, à la Chambre, elle perdrait la majorité accordée dans les urnes en 2018. Une première en cinq ans.
Ainsi, les résultats du Sonndesfro ne créditent plus l'ensemble des trois partis de 31 sièges, mais de 29 seulement. Un léger écart qui suffit à faire basculer la coalition au rang de minoritaire. Et à en croire l'enquête publiée mardi pour le compte de RTL et du Luxemburger Wort, c'est bien le parti du Premier ministre qui perdrait le plus parmi le trio exécutif. Passant de 12 à 9 sièges, le DP chuterait plus que les verts qui, eux, ne seraient délestés que d'une place de parlementaire. Les libéraux ne seraient d'ailleurs plus la seconde formation du pays, mais la troisième, se faisant griller la place par des LSAP en plein essor.
Car au final, les seuls pouvant se frotter les mains dans l'actuelle majorité sont les socialistes. Ainsi, le LSAP gagne en soutiens et pourrait prétendre à 12 députés (contre dix aujourd'hui). Par rapport au vote d'il y a quatre ans, le parti conduit par Yves Cruchten a même conquis 3,4% d'intentions de vote supplémentaires. Une bonne nouvelle de plus pour la formation qui accueille dans ses rangs celle que le Politmolitor de novembre continue à désigner comme «figure politique préférée des électeurs» et qui vient d'être retenue par le parti comme vice-Première ministre : Paulette Lenert.
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Reste que ces vents favorables ne feraient toutefois pas du LSAP le premier parti du pays. Le CSV conserverait ce titre, mais avec une couronne bien plus terne qu'il y a encore trois ans. Comparé à 2018, les électeurs lui accorderaient moins leurs faveurs. Certes les chrétiens sociaux, avec 15 députés possibles, resteraient au centre du jeu mais leur président Claude Wiseler aurait vu fondre ses effectifs parlementaires de près d'un tiers...
La dégringolade de la formation, qui tarde à se trouver une ligne politique audible, est spectaculaire. Dans l'ombre du gouvernement (omniprésent en raison de la crise), engagé dans des luttes de pouvoir internes, le CSV patine encore plus qu'avant le départ précipité de Frank Engel en mars dernier. Un dirigeant que le parti s'était choisi deux ans plus tôt avant de le débarquer sans manières. Autant de choses qui repoussent pour l'heure l'électorat.
Par contre, des voix, les Pirates en recueillent à pleines brassées. Activistes à la Chambre, n'hésitant pas à interpeller sans cesse les ministres sur leurs choix, déposant motion sur motion : le petit parti se voit créditer d'impressionnantes intentions de vote à l'aune de sa jeunesse. De deux sièges actuellement, la bouillonnante formation pourrait plus que tripler son score, et passer à sept représentants à la Chambre si les législatives se tenaient dimanche. Bond impressionnant et qui devrait contraindre le parti et ses leaders, Sven Clement en tête, à s'atteler à l'élaboration d'un programme 2023 prêt à conquérir plus de votes.
Dans un autre style, l'ADR est aussi une des grandes gagnantes du Sonnderfro de cette fin d'année. Sa constance à revendiquer un référendum sur la nouvelle constitution fait clairement écho à un souhait de l'opinion publique. De quoi lui attirer les faveurs des électeurs prêts à faire monter sa représentation au Parlement de 4 à 7 sièges. A défaut d'être des acteurs dominants, les conservateurs gagneraient en poids dans d'éventuelles tractations pour la formation d'une nouvelle majorité.
Et déi Lénk dans tout ça? Eh bien, le parti conserve son rôle de Petit Poucet. Deux députés en 2018, pas un de plus (mais pas un de moins non plus) en cette fin 2021 si les urnes pouvaient parler.