«L'Ukraine se bat pour nos valeurs et appartient à l'UE»
La Commission européenne recommande le statut d'adhésion pour l'Ukraine et la Moldavie. Le ministre des Affaires étrangères Jean Asselborn a une opinion claire à ce sujet.
Le ministre des Affaires étrangères Jean Asselborn se prononce en faveur de l'octroi du statut de candidat à l'UE à l'Ukraine. © PHOTO: Chris Karaba
(Avec DPA) La Commission européenne s'est prononcée ce vendredi en faveur de la désignation officielle de l'Ukraine et de la Moldavie comme candidats à l'adhésion à l'Union européenne. L'autorité pose ainsi les bases d'une éventuelle décision des États membres de l'UE. Les chefs d'État et de gouvernement veulent déjà discuter de ce sujet lors d'un sommet européen à la fin de la semaine prochaine.
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«Il est important de donner un signal en tant qu'UE et d'envoyer un message clair à Poutine. Nous ne laissons pas l'Ukraine seule. Elle se bat pour nos valeurs et fait partie de l'UE», a déclaré le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères Jean Asselborn (LSAP), interrogé par le Luxemburger Wort. Même s'il est clair que l'Ukraine doit entamer des réformes après le retrait espéré des troupes russes afin de remplir les critères d'adhésion. Cela vaut également pour une éventuelle adhésion de la Moldavie à l'UE.
Nous ne laissons pas l'Ukraine seule. Elle se bat pour nos valeurs et fait partie de l'UE.
Mais il est également important de «ne pas laisser les Balkans de côté». «Car la Macédoine du Nord et l'Albanie remplissent tous les critères pour devenir des candidats à l'adhésion. Et il est fondamentalement anti-européen qu'un pays, la Bulgarie, bloque encore ce processus jusqu'à présent.» Quant aux autres pays des Balkans comme la Serbie, la Bosnie-Herzégovine, le Monténégro et le Kosovo, il faut continuer à «maintenir la perspective européenne et les aider à regarder vers l'avenir plutôt que de rester dans le passé».
À une vitesse record
L'Ukraine, qui compte plus de 40 millions de citoyens, avait demandé son adhésion à l'UE il y a environ trois mois et demi, peu après le début de l'attaque russe contre elle. Peu après, son petit voisin moldave et la Géorgie, située au sud-est de l'Europe, ont également déposé une demande d'adhésion. La Moldavie comptait environ 2,6 millions d'habitants, la Géorgie environ 3,7 millions.
Vêtue de couleurs assorties, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, lors de la présentation du rapport. © PHOTO: dpa
Le processus d'adhésion s'étend généralement sur plusieurs années, voire décennies. La procédure proposée par la Commission européenne prévoit d'accorder à l'Ukraine et à la Moldavie le statut de pays candidats à l'adhésion à l'UE. Dans le même temps, l'autorité estime que les nouveaux progrès dans le processus d'adhésion devraient être liés à des conditions concrètes. Les deux pays présentent notamment des lacunes dans le domaine de l'État de droit et de la lutte contre la corruption.
Selon la recommandation de la Commission européenne, la Géorgie, qui aspire également à une adhésion à l'UE, ne devrait en revanche obtenir le statut de candidat qu'après avoir rempli certaines conditions. Le pays ne serait donc pour l'instant qu'un candidat potentiel à l'adhésion, comme c'est actuellement le cas pour la Bosnie-Herzégovine et le Kosovo.
Des points de vue divergents
Sur la base de la recommandation de la Commission, les États membres de l'UE doivent maintenant décider de la marche à suivre. Jusqu'à présent, les avis des gouvernements sur le sujet sont très divergents. Ainsi, selon des diplomates, des pays comme le Portugal et les Pays-Bas considèrent que l'attribution du statut de candidat aux trois Etats d'Europe orientale est prématurée et purement symbolique.
Un autre argument des sceptiques est que l'UE, avec son principe d'unanimité, est déjà considérée comme lourde, par exemple dans les questions de politique étrangère et de sécurité. Ils exigent d'abord des réformes internes avant d'ouvrir la porte à de nouveaux membres.
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Le chancelier allemand Olaf Scholz, le président français Emmanuel Macron, le Premier ministre italien Mario Draghi et le président roumain Klaus Johannis s'étaient en revanche prononcés jeudi à Kiev pour que l'Ukraine devienne candidate à l'adhésion. Ils font valoir que le statut de candidat ne préjuge pas de la décision d'adhésion et n'est pas non plus lié à un calendrier. La Turquie, par exemple, est déjà candidate à l'adhésion depuis 1999.
Cet article est paru pour la première fois sur wort.lu/de