La biodiversité du pays jugée «préoccupante»
L'Observatoire de l'environnement naturel a dressé, mercredi, le bilan de l'état des habitats et espèces au Grand-Duché. Et ceux-ci seraient particulièrement menacés. L'organisme lance donc un appel au gouvernement pour agir au plus vite.
Pour François Benoy, il est indispensable de «passer au plus vite à une production respectueuse de l'environnement». © PHOTO: shutterstock
(ASdN avec Jacques Ganser) - L’Observatoire de l’environnement naturel tire la sonnette d’alarme. Selon l'organisme national, la biodiversité du pays serait très menacée. Celle-ci serait en effet «en déclin depuis plus de quarante ans», précise le rapport publié mercredi, tant des habitats que des écosystèmes.
Et les chiffres parlent d'eux-mêmes. Deux tiers des habitats naturels sont dans un état de conservation «médiocre» voire «insuffisant». L’état des lieux dressé au niveau des espèces - c'est-à-dire les plantes et animaux - est quant à lui qualifié d’«encore plus dramatique». L’Observatoire estime que 80% des espèces se trouvent dans un «état précaire». Parmi les plus menacés, les chauves-souris, les papillons et les crapauds accoucheurs figurent à l'inventaire.
Le sort des oiseaux n'est pas plus favorable. Selon l’audit sur la préservation de la nature, plus d’un quart des espèces domestiques ont enregistré ces dernières années un «recul dramatique» de leur population. Certains oiseaux auraient même presque disparu des paysages luxembourgeois, tels que la perdrix ou pie-grièche grise. Les chouettes restent elles aussi «fortement menacées», même si des mesures ciblées ont permis de freiner le recul de cette espèce. A ce jour, le pays compte 24 rapaces de ce type.
A en croire l'Observatoire, la dégradation de la situation observable au Grand-Duché serait principalement liée à l’impact négatif de l’agriculture intensive, bien que n'étant pas la seule raison. La fragmentation des paysages due à l’expansion des agglomérations urbaines et le changement des systèmes naturels joueraient également un rôle. En revanche, «le changement climatique a actuellement encore peu de répercussions sur la biodiversité», observe l'audit avant de préciser que son impact s'accroît toutefois d'année en année.
Agir avec la nature
Pour François Benoy, il y a donc urgence à agir. Si rien n'est fait, «d'autres espèces vont disparaître et la biodiversité va diminuer de manière drastique», alerte-t-il avant d'ajouter que ces changements ne sont pas sans conséquences pour l'homme.
Dans ce contexte, l'Observatoire de l'environnement naturel lance un appel pressant au gouvernement. «Il s'agit de travailler avec et non contre la nature», ajoutent ses membres, appelant à «passer au plus vite à une production respectueuse de l'environnement». Pour cela, François Benoy demande la mise en place de différentes mesures, telles que l'introduction d'une prime de bien-être communautaire pour une agriculture sans pesticides sans utilisation intensive d'engrais, un équilibrage obligatoire des nutriments ou encore l'abolition immédiate des subventions actuelles qui portent atteinte à la biodiversité.