«La bourgmestre est restée figée dans les années 1980»
La publication, mercredi, des conclusions d'un audit ignoré alors qu'il pointait du doigt la situation compliquée des piétons dans la capitale n'a pas manqué de faire réagir l'opposition municipale. Dans un communiqué, déi Lénk dénonce «une inaction délibérée» de la part de Lydie Polfer.
Selon les conclusions d'un audit réalisé en 2015, seuls 6% des passages piétons dotés d'un feu de signalisation étaient jugés comme sûrs. © PHOTO: Anouk Antony
Les révélations du Luxemburger Wort, mercredi, quant aux conclusions ignorées d'un audit dédié à la sécurité des piétons à Luxembourg-Ville font déjà couler beaucoup d'encre. Rédigé en 2015, le document établi par le Bureau de la planification urbaine et de la circulation d'Aix-la-Chapelle faisait état d'une situation globale dangereuse pour les piétons et les cyclistes dans les rues de la capitale. Parmi les nombreuses données présentes dans ce rapport, un tiers (35%) des passages piétons étaient alors considérés comme sans conflit, seuls 6% d'entre eux étaient qualifiés de sûrs ou bien encore seuls 8,5% des trottoirs avaient une largeur jugée suffisante.
Lire aussi :Bausch veut «un changement de mentalité sur les routes»
Des informations qui n'ont pas manqué de faire réagir l'opposition municipale. Les premiers à réagir n'ont été autre que déi Lénk Stad qui «dénonce cette inaction délibérée de la bourgmestre et du conseil échevinal». Et le parti représenté par deux membres au conseil communal d'estimer que Lydie Polfer (DP) et les échevins ont non seulement effectué «une violation manifeste de l’obligation légale des autorités municipales de veiller à la sécurité et la santé de tous les usagers de la voie publique», mais qu'ils ont également «dilapidé l'argent du contribuable» en ignorant les recommandations d'un rapport payé par la Ville.
Et déi Lénk d'enfoncer encore un peu plus le clou en estimant qu'«en termes de mobilité, le conseil échevinal en général et la bourgmestre en particulier sont restés figés dans les années 1980». Référence aux grandes lignes de l'audit réalisé par le bureau allemand qui plaidait notamment pour une place moindre de la voiture au centre-ville et le développement de solutions alternatives telles que l'élargissement des trottoirs, la piétonisation entière de certaines rues ou bien encore la baisse de la vitesse autorisée dans certaines parties de la capitale.
Commandité par la majorité DP-Déi Gréng alors en place entre 2011 et 2017, l'audit n'aurait «pas été placé dans un tiroir», à en croire Sam Tanson (Déi Gréng), actuelle ministre de la Justice mais précédemment première échevine de la capitale en charge de la Mobilité. Ayant pris contact avec nos confrères du Luxemburger Wort, l'élue assure que le document a été discuté à plusieurs reprises et que «des objectifs à court et moyen terme avaient été fixés». Sollicitée, Lydie Polfer et Patrick Goldschmift (DP), échevin à la Mobilité, n'ont pas encore répondu aux demandes d'interview. Pour mémoire, selon les données du Statec, 158 piétons ont été victimes d'un accident corporel avec une voiture en 2019 sur l'ensemble du pays, contre 110 en 2000.